Argument
Acte unique
Judith et Barbe-Bleue entrent dans le château de ce dernier, après avoir échappé au père et au frère de la jeune fugitive. Barbe-Bleue, prévenant, propose à Judith d’en laisser la porte ouverte, mais celle-ci refuse, déterminée à rester toute sa vie, quand bien même il voudrait la chasser. La pièce est sombre, sans fenêtre. De l’eau suinte sur les murs. Judith s’en étonne, triste pour son nouveau mari. Face à eux, sept grandes portes sont clauses. Barbe-Bleue indique que personne ne doit les ouvrir. Pourtant Judith insiste, espérant faire entrer une lumière joyeuse dans le château.
Devant l’insistance de Judith, Barbe-Bleue accepte de lui confier la clé de la première porte. Judith l’ouvre. Le château semble gémir d’effroi. Une lumière rouge s’échappe de la petite pièce, que Barbe-Bleue présente comme sa salle de torture. Satisfaite du rayon de lumière qui s’en échappe, Judith insiste aussitôt pour ouvrir la seconde, malgré les mises en garde de Barbe-Bleue. De nouveau, ce dernier finit par céder. La seconde porte s’ouvre sur la salle d’arme du maître des lieux, témoin de sa puissance. Judith remarque que les armes sont ensanglantées.
Mais Judith n’est toujours pas satisfaite. Barbe-Bleue finit par lui donner trois nouvelles clés, à condition qu’elle regarde sans l’interroger. La première porte cache un trésor magnifique, que Barbe-Bleue offre à sa nouvelle femme. Mais celle-ci remarque vite que les riches manteaux, les pierreries et les couronnes sont ensanglantés. Barbe-Bleue l’encourage à ouvrir la quatrième porte, ce qu’elle fait. Celle-ci dévoile un magnifique jardin fleuri. Mais Judith y découvre des traces de sang. Judith ouvre la cinquième porte : une grande baie laisse voir un panorama du gigantesque territoire de Barbe-Bleue. Ce dernier offre ces terres à sa femme, mais celle-ci remarque que les nuages, rouges, semblent saigner. Elle demande à ouvrir les deux dernières portes.
Barbe-Bleue l’invite à le rejoindre, cherchant à la dissuader d’ouvrir les dernières portes, lui faisant remarquer que son château resplendit à présent. Mais Judith s’obstine. Barbe-Bleue lui tend une nouvelle clé. La porte s’ouvre sur un lac morne : des larmes, selon Barbe-Bleue. De nouveau, il la supplie de venir le rejoindre, et de laisser la dernière porte close. Elle l’interroge alors sur ses amours passés, mais Barbe-Bleue refuse de répondre à ses questions. Judith ordonne que la septième porte soit ouverte, pensant y trouver les cadavres des précédentes femmes de son nouveau mari.
La porte s’ouvre sur les trois précédentes femmes de Barbe-Bleue. Mais celles-ci sont vivantes, richement vêtues. Barbe-Bleue les présente : la première vint à l’aurore, la seconde dans l’ardente chaleur de midi, et la troisième dans l’ombre du crépuscule. Judith, venue au cœur de la nuit, est parée du manteau et des bijoux découverts par la troisième porte. Il accompagne Judith et ses trois précédentes femmes jusqu’à la septième porte, et la referme sur elles. Le château est de nouveau plongé dans l’ombre.