Argument
Acte I
Seule devant un temple de Rome, Gemmira exprime ses craintes mais jure aux dieux de rester fidèle à son amant (« Non fia Amor che mai disciolga »). Ce dernier, Alessandro, s’approche : ayant éteint la révolte de la garde prétorienne, contingent d'élite de l'armée romaine, il espère que l’Empereur Eliogabalo, son cousin, lui accordera la main de Gemmira. Devant les craintes de cette dernière, il se veut rassurant (« Sotto i giri delle sfere »). Justement Eliogabalo se présente à l’entrée de son palais. La garde prétorienne, dirigée par Giuliano, implore son pardon pour son éphémère révolte (« Alessandro freno gl’empiti nostri »). L’Empereur leur accorde son pardon et promet à Eritea, la sœur d’Alessandro dont il a abusé, de l’épouser afin de lui rendre son honneur. Giuliano, l’amant de cette dernière, se désespère, malgré les paroles amoureuses que lui délivre Eritea à la dérobée (« Nulla a me di costoro importa alfine »).
Dans le palais, Eliogabalo, entouré de son confident, Zotico, et de sa nourrice, la vieille Lenia, se rit de ses serments qu’il n’a nulle intention de respecter. Mais peu satisfait des plaisirs volés à la jeune femme, il demande à Lenia de lui en procurer des nouveaux. Cette dernière lui conseille de porter son dévolu sur l’une des deux plus belles femmes de Rome : Atilia ou Gemmira. Eliogabalo jure d’obtenir celle qu’il aura choisie (Che promesse ? Che fè ? Che giuramenti ? »). Alessandro paraît alors et lui demande la main de Gemmira. Jaloux, Eliogabalo feint d’accepter tout en décidant de la conquérir lui-même (« Veggio, Sire, tornati in tua guardia i soldati »). Eliogabalo et ses deux confidents imaginent créer un Sénat composé de femmes afin d’y attirer Gemmira. Afin de détourner les soupçons d’Alessandro, dont Eliogabalo veut la mort, il sera ordonné à ce dernier d’y paraître également, en compagnie de la belle Atilia (« Lenia, tu m’intendesti »).
Sortant du palais, Lenia rencontre son fiancé Nerbulone, dont elle s’assure la fidélité par un bijou précieux (« Cocchier di femmine »). Une fois seul, ce dernier se réjouit de parvenir à monnayer ainsi son cœur (« Zerbinetti apprendete nuova moda in amar »). Il croise Giuliano dont l’esprit, ignorant du forfait dont Eritea a été victime, est occupé par ce qu’il pense être une trahison (« Tinganni, pensiero ! Il cpr m’accarezzate »). Non loin, Alessandro apparaît aux côtés d’Atilia, repoussant l’amour de cette dernière (« Begl’occhi io son ferrita »). Les apercevant, Gemmira est gagnée par la jalousie. Prenant conseil auprès de Lenia, elle résout de se montrer inflexible avec Alessandro (« Che veggio ? Ahimé ! Lenia, conosci »). Gemmira refuse ainsi à son amant le droit de l’accompagner au Sénat, disant préférer s’y rendre seule (« Al Senato si va ? »). Resté seul, Alessandro regrette le manque de fidélité de son amante (« Io resto solo ? No »).
A l’intérieur, Eliogabalo, entouré de Zotico et de Lenia, papillonne au milieu des jeunes femmes romaines. Lorsque Gemmira paraît, il demande à chacune de se bander les yeux afin de tirer au sort, dans un jeu de baisers, les charges qui incomberont à chacune (« Eccomi d’uomo transformato in femina »). Tandis que Nerbulone paraît et se mêle au jeu sous le regard approbateur de Lenia, Atilia devine qui l’a embrassée et se voit récompensée. Eliogabalo embrasse alors Gemmira qui ne le reconnait pas (« Cieca Fortuna, volgiti a me »). Mais Eritea paraît à ce moment, furieuse de voir l’Empereur infidèle à son serment : Gemmira comprend qu’elle a été trompée (« Eliogabalo ? Come ? Gemmira abbracci ? »).
Acte II
Devant le Sénat, Alessandro fait de nouveau face aux assauts amoureux d’Atilia (« Semini nell’arena »). Restée seule, Atilia ne parvient pourtant pas à haïr l’objet de son amour (« Vanne, o scoglio animato »). Sortant du Sénat en pleurs, Eritea est suivie par Giuliano qui lui reproche son infidélité : celle-ci lui narre alors le viol dont elle a été victime. Elle l’assure de son amour, mais se promet à Eliogabalo, seul le mariage avec lui pouvant lui éviter le déshonneur (« Deh manda quei singulti »).
De son côté, Eliogabalo consulte Lenia et Zotico afin d’élaborer un nouveau plan pour conquérir Gemmira. Lenia lui suggère d’organiser un banquet, au cours duquel il pourra droguer la belle afin de vaincre sa résistance. Eliogabalo applaudit et prévoit de profiter de la fête pour empoisonner Alessandro, afin de se débarrasser d’un rival tant politique qu’amoureux (« Nella gloria del tempo »). Justement, Gemmira paraît : Eliogabalo entreprend en vain de lui faire la cour, aidé en cela par Lenia qui profite de la confiance que lui accorde la jeune femme pour tenter de la jeter dans les bras de l’Empereur (« Torno Sire a miei tetti »).
Laissée seule, Gemmira repense à Alessandro avec jalousie (« Alessandro, ove sei ? »). Ce dernier la retrouve : les deux amants se disputent et se réconcilient sous l’œil amusé de Nerbulone (« Tormenti amorosi ch’ill cor mi struggete »). Inquiet de l’invitation au banquet qu’il a reçu de l’Empereur, Alessandro envoie Nerbulone observer les lieux tandis que lui s’y rendra déguisé afin de pouvoir agir si Eliogabalo tentait de violenter Gemmira (« Odimi tu, ma quanto inteso avrai »).
Eritea et Giuliano pleurent leur amour impossible (« Nell’ aure, Nell’arene »). Eliogabalo, qui les surprend ensemble, chasse Eritea, profitant de l’occasion pour se dédire de sa promesse de mariage. L’Empereur offre alors à Giuliano de lui donner Eritea en mariage si ce dernier lui donne sa sœur, Gemmira (« Per mancar di promessa ad Eritea »). Redoutant de livrer sa sœur à une probable future répudiation déshonorante, Giuliano décide de refuser l’offre d’Eliogabalo et d’aller chercher la mort (« Ch’io pensi ? Ch’io risolvi ? »).
Dans la salle de banquet, Zotico devise sur la vanité de l’amour. Rejoint par Lenia, ils mettent la dernière main à leur plan (« Poveri innamorati »). Eliogabalo, Gemmira et Nerbulone les rejoignent alors. Lenia vantant le goût de la liqueur contenant de l’opium qu’elle réserve à Gemmira, Nerbulone décide d’y goûter et l’avale d’un trait. Tandis qu’Eliogabalo s’étonne de l’absence d’Alessandro, Nerbulone s’écroule, endormi. Sa fiancée, Lenia, le sachant drogué, se lamente. Soudain, des hiboux pénètrent dans la salle. Pointant là un mauvais présage, Zotico convainc Eliogabalo de renoncer à son projet (« L’alba dalla tua fronte »).
Acte III
Gemmira et Eritea, à présent convaincues de la duplicité d’Eliogabalo et de la complicité de Lenia, houspillent cette dernière (« Possati Apollo splender funesto »). Lorsque Giuliano paraît, les deux femmes s’allient pour le convaincre d’assassiner l’Empereur. Afin de le piéger, Giuliano demande toutefois à sa sœur de feindre d’accepter l’amour de ce dernier (« E un’alchimia la speme »).
Alors que des gardes prétoriens envahissent le palais, prêts à assassiner Eliogabalo, ce dernier leur offre de l’or et détourne ainsi leur dessein. Lenia et Zotico conseillent à l’Empereur d’organiser un combat de gladiateur : tandis que Zotico veillera à ce qu’Alessandro y périsse, Lenia éloignera Giuliano afin qu’Eliogabalo puisse conquérir Gemmira (« O che bianco di gel »). Tandis que les deux conseillers s’éloignent, Giuliano s’approche, résolu à tuer l’Empereur. Mais au moment ultime, il est arrêté par Alessandro (« Ecco opportuna l’ora »). Alors qu’Eliogabalo demande à parler seul avec Giuliano, Alessandro décide de les observer afin d’éviter un régicide. Se croyant seul, Giuliano promet à Eliogabalo que Gemmira sera sienne, bien décidée cependant à le tuer avant. Cette dernière paraît et confirme les dires de son frère (« Riverito cugino, col piede e con il cor »). Eliogabalo exulte (« Alba, deh, ruggiadosa »). Pourtant, Gemmira, apercevant Alessandro, refuse de se laisser embrasser : Eliogabalo quitte alors les lieux, menaçant. Resté seul, Alessandro est dévoré par la jalousie (« Misero e spiro, e ancora sopravvivo a quel si »). Ainsi, lorsqu’Atilia se présente à lui, il consent à lui promettre d’être à elle s’il ne pouvait être à Gemmira (« Amami vago moi ch’io t’amero »). Gemmira entre alors et reproche son infidélité à Alessandro, qui lui retourne la critique. Les deux amants se réconcilient une nouvelle fois. Et de nouveau, Alessandro s’oppose au projet de régicide de Giuliano, quand bien même cela devrait leur coûter la vie à tous (« Tu sol sarai mia sposa ? »).
Pendant ce temps, au Cirque Maximus, Lenia et Zotico, fiers de leur nouveau plan, étalent leur cynisme (« Narrami a chi, in qual modo »). Alessandro et Giuliano président aux premiers combats, dont le gladiateur Tiferne sort vainqueur. Prié d’approcher pour assister au tirage au sort de son prochain adversaire, ce dernier tente d’assassiner Alessandro. Interrogé, il confesse avoir agi sur ordre de Zotico, répondant lui-même directement à l’Empereur. A cet instant paraît Gemmira, la robe ensanglantée : faisant face à la tentative de viol d’Eliogabalo, elle a été sauvée par des gardes prétoriens qui ont tué l’Empereur. Tandis qu’Alessandro, héritier du trône, promet de punir sévèrement les responsables du régicide, Eritea annonce que le peuple traîne le cadavre de l’Empereur de par les rues : jugeant le crime collectif, Alessandro renonce à le punir. Atilia s’approche alors et annonce que Lenia et Zotico ont également été tués par le peuple indigné de leurs forfaits. Alessandro monte sur le trône, et décide de son prochain mariage avec Gemmira, ainsi que de celui d’Eritea et Giuliano. Philosophe, Atilia s’incline devant la fidélité de son amant et part en quête d’un autre mari. Le peuple acclame son nouvel Empereur (finale, « Politico instituto ordino questi giochi »).