Etat civil
Biographie
La soprano norvégienne Kirsten Flagstad est née le 12 juillet 1895 à Hamar. Ses deux parents sont musiciens, son père étant chef d’orchestre et sa mère pianiste répétitrice. Ils l’encouragent tout deux à étudier la musique. Très tôt, elle réussit à s’accompagner elle-même au piano. Pour ses dix ans, elle reçoit la partition de Lohengrin de Wagner, ce qui sème les graines de sa passion pour ce compositeur. Cependant, sa professeure de chant la persuade de ne pas s’essayer trop tôt aux grands rôles dramatiques wagnériens, afin de ne pas épuiser sa voix prématurément. Elle fait ses débuts scéniques dès l’âge de dix-huit ans, dans le rôle de Nuri dans Tiefland d’Eugene d’Albert au Théâtre National d’Oslo en 1913. Après plusieurs autres apparitions à Oslo, elle part poursuivre ses études de chant à Stockholm en 1916. En 1918, elle retourne à Oslo où elle fait ses débuts à l’Université Aula en récital. L’année suivante, elle se marie, et donne naissance à son unique enfant quelques temps plus tard. A partir de 1921, elle commence à tenir des rôles principaux à l’Opéra-Comique d’Oslo, principalement dans des opérettes, et se produit en tournée. De 1928 à 1934, elle chante souvent au Théâtre Stora de Gothenburg. C’est à cette période qu’elle démarre dans le répertoire dramatique pour lequel elle est désormais renommée. Ainsi, en 1929, elle chante pour la première fois le rôle si longtemps rêvé d’Elsa dans Lohengrin, au Théâtre National d’Oslo. La même année, elle rencontre son second mari, l’homme d’affaires Henry Johansen.
Sa carrière en dehors de la Scandinavie est lancée par une performance très remarquée du rôle-titre de Tristan et Isolde (Wagner) à Oslo en 1932, qui lui vaut d’être invitée au Festival de Bayreuth l’année suivante dans quelques petits rôles wagnériens (Ortlinde dans La Walkyrie et la troisième Norne dans Le Crépuscule des Dieux). Elle revient dans la Tétralogie de l’édition suivante, cette fois-ci dans des rôles plus substantiels : Sieglinde dans La Walkyrie et Gutrune dans Le Crépuscule des Dieux. Peu après son deuxième passage à Bayreuth, elle auditionne pour le Metropolitan de New York. Elle y fait ses débuts en 1935, sa performance de Sieglinde étant diffusée à travers les Etats-Unis. C’est un immense succès. Du jour au lendemain, elle devient la wagnérienne prééminente de son époque. Sa renommée parvient à sauver le Metropolitan, alors menacé par la faillite, la Grande Dépression ayant fait ses ravages. Pour sa première saison au Met, elle multiplie les héroïnes wagnériennes, parmi lesquelles Brünnhilde dans La Walkyrie et Le Crépuscule des Dieux, Elsa (Lohengrin), Isolde (Tristan et Isolde), Elisabeth dans Tannhäuser et Kundry dans Parsifal. Jusqu’à la guerre, elle ne chante que du Wagner au Met, à l’exception du rôle-titre de Fidelio de Beethoven. Elle multiplie les apparitions au Met, dont elle est l'une des principales vedettes. Elle est en effet idéale dans les rôles wagnériens dramatiques, puisqu’elle parvient à atteindre une puissance exceptionnelle sans jamais perdre la clarté de son timbre. Les autres grandes scènes américaines se l’arrachent également. En 1936 et 1937, elle réalise des tournées à Covent Garden, où elle chante Isolde (Tristan et Isolde), Brünnhilde (dans le Ring) et Senta (Le Vaisseau Fantôme). Londres est pris également de la « Flagstad mania », et elle est surnommée « la Voix du Siècle ». Elle fait des tournées à travers le monde, allant jusqu’à l’Australie en 1938. Ses apparitions en récital font aussi l’événement. Elle y chante de nombreux lieder, en particulier ceux de Schubert, et s’efforce de mettre en avant les compositeurs de son pays natal. Ainsi, la notoriété d’Edvard Grieg doit beaucoup à Flagstad.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle rentre en Europe en 1941 pour être auprès de son mari en Norvège, le pays étant alors occupée par les nazis. Bien que ce retour soit motivé par des raisons personnelles et qu’elle ne chante sur aucune scène occupée par l’Axe, la popularité de Kirsten Flagstad prend un choc sévère à la Libération. Sa réputation est d’autant plus ternie par l’’arrestation de son mari, accusé de collaboration pour avoir profité de son commerce avec l’Allemagne nazie, et qui meurt en 1946 avant que son procès n’arrive à son terme. De plus, le fait que son compositeur fétiche soit Richard Wagner n’arrange en rien son image. Toutefois, elle est blanchie de toute implication personnelle avec les nazis, et sa carrière internationale finit par reprendre. Elle fait la tournée des plus grandes scènes d’Europe à partir de 1947, où elle ajoute les rôles-titres de Didon et Enée de Purcell et d’Alceste de Gluck à son répertoire habituel. En 1948, elle chante à des évènements caritatifs pour un fonds de soutien aux réfugiés juifs. Elle revient aux Etats-Unis en 1949, à l’Opéra de San Francisco. Malgré la levée de boucliers initiale, son retour aux Etats-Unis est un succès. En 1950, elle réalise la création posthume des Quatre derniers lieders de Richard Strauss au Royal Albert Hall, quoique ce dernier les ait composés pour une voix plus lyrique. Elle se produit de nouveau au Met en 1951, où elle chante Brünnhilde (le Ring), Isolde (Tristan et Isolde) et Fidelio. Toutefois, en raison de problèmes de santé, elle décide de faire ses adieux à la scène la saison suivante.
Elle réalise donc une dernière performance au Met dans Alceste en 1952, un an avant sa dernière performance opératique à Oslo dans Didon et Enée. Le long d’une carrière de près de quarante ans, sa voix n’a guère montré de signe de faiblesse. Malgré ses adieux à la scène, elle n’arrête pas totalement de chanter, réalisant des enregistrements à cette période. En effet, son Tristan et Isolde avec Furtwängler en 1952 reste l’une des versions de référence de cet opéra. En 1958, elle participe au premier enregistrement studio complet du Ring avec Georg Solti à la direction de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Sa voix devenant plus grave avec le temps, elle y chante un rôle de mezzo, celui de Fricka dans L’Or du Rhin (Wagner) en 1958. Son état de santé ne lui permet cependant pas de reprendre le rôle pour La Walkyrie. La même année, elle devient directrice du nouvel Opéra Norvégien National. Elle continue de donner des récitals à des évènements caritatifs et des cours de chant pendant les dernières années de sa vie. En 1960, elle est diagnostiquée d’un cancer de la moelle épinière, dont elle succombe le 7 décembre 1962. Elle reste considérée comme l’une des plus grandes sopranos wagnériennes dramatiques de tout les temps. En son honneur, la Norvège place son effigie sur son billet de cent couronnes.