Baroque & Caraïbes avec Jeanine de Bique à la Sainte-Chapelle
D’emblée, la chanteuse Jeanine de Bique hypnotise la salle par les chants sacrés de Purcell, Haendel et Mozart. D’emblée et davantage encore lorsqu’elle s’élance en feux d'artifice et de tempêtes vers le registre aigu vibrant et vocalisant, toujours lyrique et détaillant chaque mot, toujours en conservant son assise vocale et les couleurs de son médium. D’emblée, davantage et peut-être plus encore lorsque l’artiste mène le tempo et le public vers un sentiment d'apaisement, complétant la palette de ce riche programme baroque. Fine interprète, elle sait également jauger la projection de cette acoustique chapelaine pour conserver la précision et qualité de résonance dans des nuances moindres, avec davantage d’ouverture et de brillant.
Mais la chanteuse originaire de Trinité-et-Tobago et désormais habituée de l’Opéra de Paris (où elle chantait ces trois dernières années dans Alcina de Haendel, Les Noces de Figaro de Mozart et Cendrillon de Massenet), poursuit le voyage artistique jusqu’aux Caraïbes en convoquant ses Songs, Folks et Spirituals.
L’assistance était pourtant prévenue et s’attendait à avoir le souffle coupé comme la directrice artistique de ce Festival, Fabienne Conrad qui évoque la capacité de sa consœur soprano à envoûter le monde avec son chant et son énergie. Et pourtant, Fabienne Conrad annonce que Jeanine de Bique est ce soir souffrante ! Cela ne s'entend toutefois que dans les explications parlées des chansons, et si la deuxième partie de concert explore davantage une forme de fragilité, avec un placement plus prudent ou délicat… c'est l'intention et l'émotion qui le justifient pleinement.
La chanson "Rosebud" que sa mère lui chantait quand elle était petite et les derniers mots adressés au public "we give you this with love" parachèvent ce concert, accompagné par l’agilité complète du pianiste Aaron Wajnberg (compagnon de route de chaque nuance, style, esthétique, contraste et élan musical). Les deux artistes échangent même quelques mots en parlé-chanté, ce qui incite même le public à claquer des doigts en rythme.
Un public qui ne retient nullement des applaudissements qui semblent ne plus vouloir s'arrêter, comme pour prolonger encore et toujours ce voyage.