Ces Chemins qui montent de Vézelay à la Kabylie
De la colline de Vézelay aux montagnes de Kabylie
Du haut de ces terrasses de Vézelay, cette "colline éternelle", se lance l'un des principaux chemins de Compostelle, et par la magie œcuménique de la musique, ce chemin mène exceptionnellement jusqu'en Kabylie le temps de ce concert. Le public est venu nombreux pour écouter la chanteuse lyrique Amel Brahim-Djelloul, célébrer avec la complicité du guitariste-arrangeur Thomas Keck, ses racines musicales, dans la poésie de la langue berbère, notamment grâce aux textes du poète Rezki Rabia.
Même en extérieur et tout près des food trucks du Festival, l’auditoire se montre visiblement fasciné par ce voyage sous le tendre soleil de cette voix de soprano, qui savoure son texte et en soutient la musique avec longueur de chant et volupté. La complicité paraît d'autant plus complète et constante avec les musiciens de l’ensemble Amedyez mené par son frère Rachid Brahim-Djelloul, une complicité et un équilibre trouvés aussi dans celui de la sonorisation qui permet (en plein air, en terrasse) d’apprécier toute la subtilité des arrangements et la précision des instrumentistes. Les solos semi-improvisés répondent toujours à la poésie du propos et à la cohérence de l'esthétique.
Le temps semble comme suspendu notamment lors de l’émouvant Lmut (Le cheminement de la mort), où la voix est seulement accompagnée de la résonance d’une petite clochette.
Mais le moment est aussi à la fête avec le joyeux Tameyra, les rythmes orientaux invitant des spectatrices au zagharit (les "youyous"), caractéristique des cultures vocales et festives du Maghreb.
La Cité de la Voix de Vézelay confirme ainsi, entre un Portrait musical œcuménique de William Byrd et des Cantates participatives, la riche diversité de sa programmation lors de ces Rencontres musicales, et combien la voix est décidément un moyen de partage fort, porteur d'émotions et de poésies, d'harmonies et de concordes émouvant et touchant directement le public et les artistes.