Mozart à BOZAR, Napoléon en Belgique
200 ans (plus le report Covid) après la Mort de Napoléon en 1821, la Belgique, pays de sa Défaite, entonne la Messe de son Sacre (présentée à la Cathédrale Notre-Dame de Paris en 1804, deux semaines seulement avant la première dans la capitale française du Requiem de Mozart : rappelant que la postérité de Mozart fut loin d'être immédiate, le temps aussi d'adapter l'œuvre aux goûts d'immenses effectifs français et à la dignité Impériale). Le chef d'orchestre de ce concert explique ainsi que les cors de basset -dont ne disposent pas les orchestres parisiens d'alors- sont remplacés par des cors anglais, ou que le solo de trombone du Tuba Mirum est réattribué au pupitre de vents pour renforcer sa solennité.
Les grands axes de l’histoire résonnent ainsi en musique, entre Paisiello et Mozart (dont le Requiem sera d'ailleurs joué pour le retour des cendres de Napoléon, en 1840 vers son tombeau aux Invalides) et sous la direction de Julien Chauvin. Le chef-violoniste emporte son ensemble vers les altitudes et les sommets de cette musique. Ses gestes très communicatifs traduisent à la fois la générosité et l'apparente facilité rendant ces partitions avec évidence.
Le Chœur de Chambre de Namur offre sa grande justesse, avec amplitude et rigueur. Les voix féminines sonnent limpides et aériennes, tandis que les voix masculines témoignent d’une profondeur remarquée. Le casting des solistes repose sur une même cohérence de diversités, tant dans les voix que les implications de chacun au service du propos.
La soprano Mélissa Petit place sa voix limpide et ample dans les hauteurs, avec une articulation subtile, souple, vive et très claire. Plus sombre, boisée et chaude, Chantal Santon-Jeffery allie la précision vocale avec l'élégance altière. La voix puissante serre parfois, avec du souffle dans les aigus mais une amplitude à-propos dans les graves. Éléonore Pancrazi offre un mezzo à l'austérité concentrée, profonde, posée, et très réfléchie : dominant aussi son jeu par une voix ronde, généreuse et riche.
Plus vif et d’une présence scénique non moins remarquée, le ténor Mathias Vidal place sa voix dans un espace très large mais précis, guttural mais ample, rond mais parfois piqué. Plus sombre, le baryton Thomas Dolié déploie la maîtrise de sa voix abyssale avec justesse et facilité.
BOZAR offre ainsi un concert annonçant un autre spectacle programmé le surlendemain à Bruxelles, à La Monnaie : le Requiem de Mozart à nouveau mais mis en scène par Romeo Castellucci (un univers tout autre, à suivre en compte-rendu également sur Ôlyrix).