Voces Suaves referme le Festival de Paris à la Sainte-Chapelle
C’est par un jeu de dissonances et de résolutions harmoniques subtilement retardées que les voix suaves résonnent dans l’un des lieux religieux les plus chers à la capitale française. Les voix immergent l’auditoire dans une atmosphère mystique, en se répartissant parfois à différents endroits de la Sainte Chapelle. Le riche programme de musique sacrée italienne puise dans la sophistication baroque de la polyphonie et du contrepoint, la subtilité mais aussi la rudesse des dissonances. Dissonances qui se succèdent avec les différents chefs d’œuvres (Miserere d'Allegri, Crucifixus de Lotti, Salve Regina, Plange quasi Virgo et Stabat Mater de Scarlatti) pour mettre encore davantage en évidence les sentiments de douleur, de tristesse et de résignation de l’âme face au « Mystère de la Croix ».
L’Ensemble Voces Suaves maîtrise son sujet et ce répertoire : il l'exécute avec une grande précision harmonique et d’intonations, une souplesse dans les phrasés et un mélange très équilibré des différentes vocalités solistes. L'exécution est la plupart du temps a cappella, néanmoins la viole, le théorbe et l’orgue ponctuent l'ensemble d'une manière discrète et raffiné. À partir des basses aux graves ronds et profonds, en passant par les altos qui mélangent leurs timbres avec les contre-ténors, jusqu’aux sopranos en harmoniques résonantes, les interprètes s'appuient sur leur prononciation de la langue latine et leur précision rythmique.
Le public garde la force de ses applaudissements pour la toute fin du concert, ne voulant pas troubler l’aura mystique créée sous les augustes vitraux de cette royale chapelle.