L'Opéra de Paris lance une nouvelle plateforme numérique
Stéphane Lissner avait rompu avec l'exercice de la conférence de presse (voir notre bilan complet de son mandat) : son successeur à la tête de l'Opéra de Paris, Alexander Neef, y a quant à lui recours (avec son Directeur adjoint Martin Ajdari et la Directrice du Ballet Aurélie Dupont) dès les premiers mois, malgré le confinement, via l'application vedette de ces temps de Covid-19, le service de visioconférence Zoom.
La principale annonce de cette rencontre avec les journalistes est la création d'une nouvelle plateforme digitale destinée à diffuser les captations de l'institution en proposant des streamings payants. Si le nom temporaire de ce projet est "L'Opéra chez soi", du nom de l'initiative lancée lors du premier confinement et qui avait généré 2,5 millions de vues (gratuites), Martin Ajdari assure déjà être à la recherche "d'un nom plus international".
Cette nouvelle offre, prévue pour être lancée au premier semestre 2021, le sera finalement dès le mois de décembre (avec la volonté de "tester, apprendre et ajuster", précise Martin Ajdari) et ouvrira notamment avec la diffusion du ballet La Bayadère et de quatre concerts de l'Académie. À terme, toutes les productions depuis 2012 (date à laquelle une clause spécifique a été incluse dans les contrats des artistes) seront ensuite susceptibles de rejoindre la plateforme si un modèle économique satisfaisant est trouvé. Le projet inclut aussi la diffusion de cours en ligne, d'ateliers et de master-classes.
Cette annonce fait suite à la diffusion le 13 novembre dernier sur Facebook Live de trois créations imaginées pour le programme de ballets contemporains « Créer aujourd’hui ». Cette initiative avait généré 8500 achats de places au tarif de 4€49 soit une recette de 38.000 euros, permettant "d'équilibrer à peu près les coûts de la captation". En effet, la diffusion d'opéras en streaming génère des coûts spécifiques : coûts techniques d'abord, mais aussi droits à verser aux artistes impliqués, qui expriment d'ailleurs leur crainte que les diffusions gratuites ne dévalorisent leur travail.
L'Opéra de Paris prévoit pour ces streamings un tarif modulable en fonction de nombreux critères (ampleur de la production, diffusion en direct ou en différé, diffusion exclusive ou visible sur d'autres supports, etc.), mais quoi qu'il arrive "inférieur à celui qui serait payé pour voir une captation de ballet ou d'opéra au cinéma". Si la grille tarifaire n'est pas encore fixée, les prix pourraient aller "de quelques euros à 10 ou 15 euros" selon Martin Ajdari, qui complète en expliquant que "les recettes provenant des accès payants à nos captations auront vocation à couvrir les minimums garantis ou avances versés aux ayants droit, voire (on l’espère) de dégager une petite marge complémentaire qui bénéficiera à l’Opéra comme aux artistes. Mais ce ne sera jamais en soi suffisant pour couvrir nos coûts de production des spectacles qui continueront à reposer d’abord sur la billetterie".
Par la création de cette plateforme, l'Opéra de Paris entend prendre son indépendance par rapport à ses actuels diffuseurs (avec lesquels les partenariats se poursuivront toutefois) afin d'être maître du moment et du modèle économique de ses diffusions, et de créer un lien nouveau avec les spectateurs éloignés de ses salles, quelles qu'en soient les raisons. C'est aussi "d’accroître la diffusion tout en valorisant le travail des créateurs".
Ce nouveau service restera (au moins dans un premier temps) indépendant et complémentaire des autres propositions digitales de l'Opéra : la 3ème Scène et l'application Aria. Au sujet de cette dernière, le Directeur adjoint indique que le lancement a été "tout à fait satisfaisant. Il y a eu des centaines de milliers d’utilisateurs avec de bons retours qualitatifs. Il nous faut maintenant trouver le modèle économique permettant de nourrir cette application en contenus dans la durée".