Au Louvre, un cycle opéra filmé consacré à l’opéra-bouffe
Au XVIIIe siècle, dans les grandes cours européennes, les amateurs d’art lyrique voient émerger un nouveau genre de divertissement : l’opera buffa, reflet de la société des Lumières. A travers des formes improvisées, du comique de situation, des livrets légers et parodiques et des jeux de pantomime, l’opéra-bouffe renoue avec les origines de la Commedia dell’arte. Alors qu’en Italie, Carlo Goldoni devient maître en la matière, en France, Beaumarchais triomphe et en Autriche, on applaudit les œuvres comiques de Mozart et Haydn.
Cecilia Bartoli dans Nina, ou La folle par amour de Paisiello en 2002 © Suzanne Schwiertz
En lien avec la saison XVIIIe du Musée du Louvre, le cycle opéra filmé débutera le vendredi 1er avril avec une projection des Fêtes vénitiennes de Campra, œuvre qui marqua le début du genre et dont la production de William Christie et Robert Carsen fut enregistrée en 2014. Pour cet opéra comique, éloge de l’hédonisme inspirée de la Commedia dell’arte, un casting de haut vol s’est réuni avec, entre autres, Emmanuelle de Negri, Elodie Fonnard et Rachel Redmond. Le lendemain, samedi 2 avril, place à Nina, ou La folle par amour de Paisiello chanté par le talentueux duo Cecilia Bartoli et Jonas Kaufmann, dans une mise en scène de Cesare Lievi datant de 2002. A l’époque où les Lumières commencent à s’intéresser de près à la folie et à ses causes sociales, Paisiello compose un opéra à succès qui inspirera le romantisme de Donizetti et Bellini qui useront régulièrement de ce trouble psychologique comme force dramatique. Le dimanche 3 avril, Les Noces de Figaro de Mozart seront présentées à l’Auditorium du Louvre. Servie par José van Dam, Frederica von Stade et Gundula Janowitz, dans la mythique mise en scène de Giorgio Strehler de 1980, cette œuvre est l’essence même de l’opéra-bouffe puisqu’elle regroupe le talent de Mozart, da Ponte et Beaumarchais. L’esprit des Lumières s’y retrouve autant par l’esprit et le côté politique de l’intrigue que par le traitement du sentiment et du désir amoureux.
Filippo Morace (Don Pietro), Laura Cherici (Vannella) et Rosa Bove (Cardella) dans Le frère amoureux de Pergolèse en 2008 © Foto Binci
L’après-midi du samedi 14 mai, le public pourra assister à une comédie matrimoniale avec Il matrimonio segreto de Cimarosa. Reflet de la relative libération des mœurs au temps des Lumières, cet opéra clôt la grande vogue de l’opéra comique napolitain et ouvre la voie à Rossini. La production de Michael Hampe en 2008 regroupe un casting talentueux composé de Carlos Feller, Georgine Resick et Barbara Daniels. Puis, le soir de ce samedi, sera présenté Le Frère amoureux, premier opéra de Pergolèse sur l’histoire conjugale de deux familles, l’une napolitaine et populaire, l’autre romaine et élitiste. En 2011, le metteur en scène Willy Landin a transposé cette œuvre chantée par Nicola Alaimo, Elena Belfiore et Patrizia Biccire dans l’Italie des sixties. Enfin, Le Monde de la lune, œuvre de Haydn basée sur un livret de Goldoni, viendra clôturer ce cycle d’opéra filmé au Louvre avec la mise en scène de Tobias Moretti datant de 2010. L’intrigue mêlant impostures amoureuse et scientifique était alors servie par Dietrich Henschel et Vivica Génaux, sous la baguette du regretté Nikolaus Harnoncourt.
Le monde de la lune de Haydn en 2010, au Théâtre de Vienne © Arthaus
INFOS PRATIQUES :
Dates :
Vendredi 1er avril à 19h : Les Fêtes vénitiennes de Campra
Samedi 2 avril à 19h : Nina, ou La folle par amour de Paisiello
Dimanche 3 avril à 15h : Les Noces de Figaro de Mozart
Samedi 14 mai à 15h : Le Mariage secret de Cimarosa
Samedi 14 mai à 19h : Le Frère amoureux de Pergolèse
Dimanche 15 mai à 15h : Le Monde de la lune de Haydn
Lieu :
à l’Auditorium du Louvre
accès par la pyramide du Louvre et les galeries du Carrousel
Tarifs :
Un billet permet l'accès à toutes les séances d'une journée.
Tarif plein : 15€
Tarif réduit -26 ans : 6 €