Changement de tarifs à l'Opéra de Paris : ce qui va vraiment changer
Lors de la conférence de presse qui s'est déroulée la semaine dernière au Palais Garnier pour annoncer sa nouvelle saison, Stéphane Lissner a indiqué que l'Opéra de Paris se donnerait les moyens de s'ouvrir davantage au public. Attirer de nouveaux spectateurs, permettre à tous de pouvoir assister aux plus grandes représentations, voilà l'objectif du nouveau patron de l'Opéra de Paris. Qu'est-ce qui a vraiment changé ?
Deux nouvelles catégories de prix
Lissner a choisi de créer deux nouvelles catégories de prix à Bastille. Les nouvelles catégories 9 et 10 correspondent à présent aux catégories 7 et 8 : les tarifs restent de 15 euros pour la catégorie 9 et de 5 euros pour la catégorie 10. Jusque-là, pas de changement, donc.
Ancien plan de salle et anciennes catégories de l'Opéra Bastille
Cela signifie toutefois que les sept anciennes catégories de prix supérieures (Optima et catégories 1 à 6) ont été redécoupées en neuf nouvelles catégories. Forcément, certaines places voient leur prix augmenter lorsque d'autres deviennent plus accessibles. Pour mieux nous en rendre compte, nous avons comparé le prix maximum dont il faut s’acquitter cette saison pour voir la production de Rigoletto mise en scène par Claus Guth, et pour voir cette même production l’an prochain.
Ainsi, nous constatons que la catégorie Optima s’étend à quelques sièges supplémentaires, bénéficiant aujourd'hui du tarif de Catégorie 1. Une forte augmentation, donc pour ces places, mais qui restent toutefois peu nombreuses. Pour le reste, il coûtera 215 euros maximum en Optima pour cette production l’an prochain alors qu’elle peut atteindre 231 euros cette année (soit une baisse tarifaire de 7% entre les deux saisons).
De même, la catégorie 1 mange quelques places à la catégorie 2, mais son prix maximal baisse d'environ 5%. L'ancienne catégorie 2 est en revanche divisée entre les nouvelles catégories 2 et 3. Si les places les mieux placées seront vendues au même prix (176 euros), une partie du contingent bénéficiera de tarifs sensiblement plus faible (-9%).
Du coup, une partie de l'ancienne catégorie 3 a été reversée dans la nouvelle catégorie 4, avec, là encore, une baisse de tarif d'environ 10%. Les sièges restant en catégorie 3 subissent en revanche une hausse de 4%. L'ancienne catégorie 4 devient peu ou prou la nouvelle catégorie 5, avec une tarification constante entre les deux années. L'ancienne catégorie 5 se partage entre la nouvelle catégorie 5 (dans ce cas, l'augmentation est forte : +43% !) et les nouvelles catégories 6 (tarif équivalent) et 7 (baisse du prix de 29%). L'ancienne catégorie 6 se répartit entre les nouvelles catégories 7 (avec à la clé 41% d'augmentation de prix) et 8 (le prix est alors stable).
Nouveau plan de salle et nouvelles catégories de l'Opéra Bastille
Avec cette nouvelle grille tarifaire, l'Opéra de Paris prend donc acte de ses difficultés passées : les prix des catégories supérieures affichent globalement une baisse de prix, palliant un taux de remplissage insatisfaisant (pour certains spectacles du moins), tandis que les catégories inférieures, très rapidement complètes, compensent le manque-à-gagner par des augmentations de prix parfois conséquentes. L'offre y est cependant plus variée, les écarts de prix entre les différentes catégories étant à présent réduit.
Un prix spécifique pour les stars
L'autre grande différence avec la saison précédente, vient de la fluctuation des tarifs selon la distribution. Cette saison, le prix des places varie selon différents critères, comme le jour de la semaine. A partir de la rentrée, les prix grimperont surtout lorsque les plus grandes « stars » internationales seront attendues. Le prix des représentations de Lohengrin avec Jonas Kaufmann augmente ainsi de +7 à +42 euros par rapport à celles avec Stuart Skelton. Ce principe est encore accentué pour les Contes d'Hoffmann : les prix augmentent de +10 à +63 euros en plus entre une représentation avec et sans le célèbre ténor allemand. De même, toutes les représentations les plus chères de Tosca comptent Anja Harteros dans le rôle-titre. Pour autant, cette augmentation de prix n’est pas officiellement liée à la présence de ces stars. Et pour cause : celles-ci restent susceptibles d'annuler leur participation sans que les tarifs ne puissent être revus et sans que les places ne puissent être remboursées ou échangées. Les spectateurs qui attendaient Anna Netrebko la semaine dernière dans le Trouvère (finalement remplacée par Hui He) en savent quelque chose.
Là encore, cette tarification a pour but de niveler les réservations. Cette saison, par exemple, les dates sur lesquelles Jonas Kaufmann était attendu en Faust (dans la Damnation) ont été complètes en quelques heures, tandis que celles avec Bryan Hymel (qui est pourtant également un immense chanteur, comme il l'a montré cette semaine durant son récital au TCE) ont eu plus de difficultés à se remplir.
Forcément, cette nouvelle tarification créera des frustrations parmi les habitués des catégories inférieures. Mais en comprenant bien le nouveau fonctionnement (ce à quoi cet article souhaite participer !), il restera possible d'éviter toute augmentation de tarif. Et qui sait, cette évolution s'avérera peut être salutaire ? Rendez-vous l'an prochain pour un premier bilan !
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