Retour sur l'inauguration de la Seine Musicale
La Seine musicale, ancien site Renault de Boulogne Billancourt, a ouvert ses portes au grand public. Majestueux, posé en plein centre de l’Île Seguin tel un paquebot voguant sur la Seine, ce pôle culturel est flamboyant. L'acoustique ayant été confiée à Yasuhisa Toyota, c’est, comme qui dirait, Toyota chez Renault. Les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines ont construit et pensé cette merveille dans le respect du passé industriel et avec une dimension énorme : mille mètres carrés de panneaux solaires, un espace unique fait de bois de verre et de béton, des halls ouverts et spacieux. La Grande Salle compte quatre milles places et l’Auditorium mille cent places. C’est justement dans cet auditorium que la première fête est menée.
Animée et commentée par le comédien Nicolas Carpentier, casque de chantier à la main, cette soirée est placée sous le signe de la qualité et de l’originalité. Tout au long du concert, ses interventions sont remarquées. À la fois habile conteur et maniant l’humour à haute dose, il entraîne le public dans ce programme musical patchwork et dans ce site d’exception.
Laurence Equilbey (© Jean-Baptiste Millot)
Puis, entre l'Insula Orchestra de Laurence Equilbey, l'ensemble en résidence. D’un pas alerte et décidé, la chef de chœur, chef d’orchestre et directrice musicale se présente. Les premières notes de Mozart se font entendre (Die Gärtnerin aus Liebe, version allemande de la La fausse Jardinière). Sorte de vaudeville à la Feydeau, quiproquos, coups de théâtres et rebondissements y sont menés avec humour et passion par des interprètes d’un immense talent, Sandrine Piau en tête parfaitement soutenue par le ténor magnifique Stanislas de Barbeyrac, le baryton sonore Florian Semprey ainsi que la mezzo Anaïk Morel. À musique d’exception, chanteurs et chanteuses exceptionnels.
Anaïk Morel (© Vincent Pontet) |
Sans aucun conteste, c’est dans la scène de la Gorge aux loups de Carl Maria von Weber (Der Freischütz version Hector Berlioz) que les voix mâles se dévoilent. Puissants et timbrés, irisés de couleurs profondes et émouvantes, les organes chanteurs se font entendre jusqu’au fond de la salle majestueuse. Un grand moment de musique !
Stanislas de Barbeyrac (© Y. Priou) |
Florian Sempey (© Pierre Virly) |
C’est le talentueux pianiste Bertrand Chamayou qui clôt cet événement avec la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op. 80 de Ludwig van Beethoven. Artiste incontournable des grandes scènes musicales internationales, il était de toute évidence incontournable qu’il fasse l’immense honneur et bonheur de venir sur la « Seine Musicale ». Le final de cette fantaisie est éblouissant. Piano, orchestre et chœur (Accentus) sont de concert dans une harmonie riche, d’une extrême intensité et magistralement équilibrée par Beethoven. Une vraie réussite, une belle promesse pour la suite.