Décès à 102 ans de Hans Pischner, grande figure de l'art en Allemagne
Comme claveciniste, Pischner est invité dans les salles de concert les plus prestigieuses au monde pendant des décennies. Il y brille par un jeu virtuose qui s'appuie sur une recherche musicologique fouillée, aux côtés notamment de son ami le violoniste légendaire David Oistrakh. Son répertoire de prédilection se compose des œuvres de Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel, mais aussi de création contemporaine.
Hans Pischner acquiert une réputation mondiale en tant que Directeur de l'Opéra d'État de Berlin de 1963 à 1984, faisant de son orchestre, la Staatskapelle de Berlin, l'un des plus reconnus à l’international. Pischner a su déceler le talent de jeunes solistes tels que Peter Schreier, Theo Adam, Anna Tomova-Sintow ou Siegfried Vogel et contribué à les transformer en stars internationales de l'opéra. Combattant les résistances culturelles en Allemagne de l'Est, il est à l'origine de créations lyriques, notamment les opéras de Paul Dessau (aux côtés de la femme de ce compositeur, la chorégraphe et directrice de théâtre Ruth Berghaus) : Lancelot (1969), Einstein (1974), ainsi que Léonce et Léna (1979). Diplomate habile et expert musical reconnu, Hans Pischner sait à la fois réfuter des doctrines de l'Est et des influences occidentales. Tout au long de sa direction dans la capitale allemande, il travaille en étroite collaboration avec son voisin et néanmoins chef d'orchestre, l'expérimenté Otmar Suitner, reconnu sur les plus grandes scènes internationales.
Hans Pischner (à gauche) accueille Franz Konwitschny de retour de sa tournée japonaise en 1961 à l'aéroport de Berlin (© Bundesarchiv)
Hans Pischner devient une personnalité de tout premier plan dans la culture allemande : Chef du Département de musique (1954-1956), puis sous-ministre de la Culture (1956-1963) sous Johannes R. Becher, Alexander Abusch puis Hans Bentzien, avant d'être nommé vice-président de l'Académie des Arts de la RDA entre 1970 et 1978 et président de la Nouvelle Société Bach de Leipzig (1975-1990). Il multiplie les prix est-allemands et soviétiques, jusqu'à obtenir l'Étoile d'or de l'Amitié des Peuples et l'Ordre de Karl Marx. Également auteur, ses livres abordent aussi bien la notation allemande et l'harmonie de Jean-Philippe Rameau que la musique en Chine ou les liens de la musique avec la révolution et l'utopie.
Hans Pischner avec les écrivains Tran Dinh Van et Kurt Stern (© Bundesarchiv)