Le Tribut de Zamora à Saint-Etienne : 6. Hadjar et le Roi par Mikhail Timoshenko
Le roi d'Oviedo annonce le tirage au sort du nom de "Vingt jeunes filles, ce jour même" qui seront livrées au camp vainqueur (depuis la défaite des chrétiens à la bataille de Zamora ils doivent livrer aux arabes cent vierges chaque année).
Le Roi doit déployer son autorité avec une voix portant et projetée sur des notes tenues (il fait fermer l’église et taire la cloche, et lire son édit par l’alcade) mais face au peuple qui commence à se révolter contre l’ennemi, ce roi en appelle ensuite à sa sagesse... et met en avant sa propre vieillesse en implorant (d'accepter "Un sacrifice encore"), le tout dans une voix toujours projetée d'accents, qui plonge vers le grave, entraînant une marche funèbre du chœur.
Dans le livre-disque publié par le Palazzetto Bru Zane, le Roi était chanté par Jérôme Boutillier, qui à Saint-Etienne sera Ben-Saïd. Hadjar, le frère de l’ennemi Ben-Saïd était confié à Boris Pinkhasovich. À Saint-Etienne, le Roi et Hadjar (donc appartenant à deux camps ennemis) seront incarnés par Mikhail Timoshenko, qui souligne justement les différences entre les personnages :
« J'ai la chance d'interpréter deux rôles : Le roi des Asturies et son contraire, le frère de Ben-Saïd - Hadjar. Pourquoi je les considère en opposition dans cet opéra ? Le Roi est un homme politique, assumant la responsabilité de décisions complexes et difficiles, défendant sa partie même si ses choix ne sont ni humains ni honorables. À l'inverse, Hadjar est un homme de foi et d'honnêteté. Créer un contraste marqué entre ces deux personnages représente un défi inspirant pour moi.
La complexité d'un personnage demeure la pierre angulaire du succès sur la scène de l'opéra. C'est également ce qui nourrit mon admiration pour ce genre. Comment et où trouver l'équilibre parfait entre les deux piliers du théâtre - la musique et le jeu ? Dans les décors ? Les paroles ? Les mots ? Les mélodies ? C'est cette complexité que nous devons embrasser pour créer une représentation inoubliable.
Comme sur une table royale débordant de délices, "Le Tribut de Zamora" est un véritable festin de mélodies et d'harmonies. Il est vraiment difficile de distinguer une pièce particulière. Actuellement, en raison de notre récital avec ma partenaire dans la musique et dans la vie, la pianiste Elitsa Desseva à Linz, je suis plongé dans l'univers des danses. La danse grecque et l'espagnole du troisième acte m'inspirent énormément, tout comme nos mélodies dansantes de l'amour et de la mort. L'élégance voluptueuse des passages de la danse grecque, soutenue par la douceur antique de la harpe, et l'explosion de passion rythmique de l'Espagne, sont captivantes. Je ne peux qu'imaginer le plaisir que cela apportera au public de Saint-Étienne. »
Dans ce Grand Opéra qui enchaîne des scènes de genres (riches et diverses) pour camper un univers et les passions des protagonistes, ces danses mènent dans un tout autre registre, vers une prière amoureuse de Ben-Saïd envers Xaïma, puis la scène où Hajdar dévoile, à son frère Ben-Saïd, qu’il a été sauvé par nul autre que Manoël (le fiancé de Xaïma) :
« Le Tribut de Zamora est une révélation pour moi, j'attends avec impatience le début de notre production au Théâtre de Saint-Étienne » conclut Mikhail Timoshenko.
Rendez-vous chaque jour pour un nouvel épisode de cette série où les artistes vous présentent Le Tribut de Zamora par leurs personnages, et réservez vos places pour Saint-Etienne ces 3 et 5 mai 2024 à cette adresse.
1. Xaïma par Chloé Jacob
2. Hermosa par Élodie Hache
3. Iglésia, l’esclave par Clémence Barrabé
4. Manoël par Léo Vermot-Desroches
5. Ben-Saïd par Jérôme Boutillier
6. Hadjar et le Roi par Mikhail Timoshenko
7. l’alcade Mayor et le Cadi par Kaëlig Boché
8. le metteur en scène Gilles Rico
9. le Chœur par Laurent Touche
10. l'Orchestre par Hervé Niquet