Contes en série à l'Opéra - Épisode 5 : La Cenerentola de Rossini

Le 04/08/2023

Issus d’une tradition populaire orale, les contes représentent un matériau privilégié pour la création opératique : le potentiel tragique, merveilleux ou féérique contenu en leur sein en justifie la mise en spectacle. Dans cette série, nous vous présentons la mise en musique d’histoires qui ont probablement bercé votre enfance, par des compositeurs d’époques et d’esthétiques variées :

La Cenerentola est un opéra composé par Rossini en trois semaines à l’occasion d’une commande du Teatro Valle de Rome pour la saison de carnaval de 1817. Sur un livret de Jacopo Ferretti d’après le conte de Charles Perrault, l’œuvre est un Dramma giocoso (en français “drame joyeux”), un genre d’opéra italien burlesque du milieu du XVIIIe siècle qui se caractérise par son ton ironique, la légèreté des thématiques qu’il aborde et le dénouement heureux de ses intrigues.

De son nom complet Cendrillon, ou le triomphe de la Bonté (Cenerentola, ossia la Bontà in trionfo), l’œuvre reprend les éléments structurels du conte de Perrault dont il propose une version revisitée, célébrant les vertus d’Angelina (dite Cendrillon) et condamnant les apparences et la superficialité. L’opéra de Rossini transforme la marâtre en un père adoptif, Don Magnifico, qui privilégie ouvertement ses deux filles biologiques, Clorinda et Tisbe. Toute la famille traite Angelina comme une souillon et la surnomme Cendrillon. L’œuvre efface la dimension magique du conte au profit de la supercherie et de jeux de costumes (propres au caractère burlesque du Dramma giocoso) : ce n’est pas une bonne fée mais Alidoro, philosophe et tuteur du Prince Ramiro, qui amène Angelina au bal et lui fournit une parure (en particulier deux bracelets remplaçant les pantoufles de verre). Aussi, le Prince Ramiro se déguise-t-il en valet pour tester la bonté de ses prétendantes, renversant le conte de Perrault de manière significative.