Les Oiseaux à l’Opéra du Rhin : le Rossignol
“Je n'arrive pas à comprendre qu'un opéra à ce point magnifique puisse être oublié et n'ai jamais été donné en France” s’étonne d’emblée Marie-Ève Munger qui chantera le Rossignol dans cette production. “Quand j'écoutais cet opéra dans la voiture, mon fils de cinq ans s'est exclamé : ‘Oh maman, ça je trouve ça beau !’”
Les Oiseaux ont pour particularité de s’exprimer par des vocalises et des paroles, traduisant la beauté de leur chant naturel mais aussi leurs pensées dans cette histoire fantastique. Or, le Rossignol a ici les plus grandes vocalises de tous les oiseaux, et son interprète explique combien l’expression y est en jeu : “Les vocalises, ce ne sont jamais seulement des vocalises : le Rossignol est un oiseau donc il faut bien des vocalises, mais elles disent toujours quelque chose. Le plus important est de trouver l'intention, le sous-texte, même et justement dans ce personnage de cet opéra qui semble avoir bien moins d'enjeu dramatique que les Juliette, Gilda, Lakmé et de leurs longs parcours dont j'ai l'habitude. Mais c'est le même parcours pour interpréter ce rossignol : travailler la partition et y voir ses raisons dramatiques profondes, ses motivations pour chaque phrase et chaque note, d'où elle vient, où elle va, quel est son cheminement, le texte et le sous-texte. Autant de possibilités qui se décident grâce à la partition et avec le chef, le metteur en scène et les collègues.”
L'Orchestre Symphonique de Caroline du Nord et la soprano Louise Toppin dirigés par Tonu Kalam interprètent ici le début de cet opéra : le Prélude et Prologue avec le Rossignol qui entre en vocalisant et chantant du texte. “La vocalise est son point de départ, sa langue maternelle est "ah", c'est là qu'elle s'exprime le plus puis elle se met à parler pour communiquer", explique Marie-Ève Munger.
“Dans toute cette histoire, Les Oiseaux suivent le mouvement dramatique avec simplicité. Ils ne sont pas tellement guidés par l'espoir (qui est incarné par l'humain Bonespoir) ou par l’ambition d’égaler les dieux, projet qui finalement s’effondre. Mais ce parcours les transforme néanmoins. À la fin de l'histoire, le Rossignol se demande même comment il pourra redevenir lui-même et vivre dans ce monde après avoir tant vécu et changé : car il a été profondément bouleversé.
Le rôle me plaît vocalement et me convient beaucoup (alors qu'il est difficile avec ses vocalises complexes comme ses harmonies), mais la voix flotte avec ses grandes lignes conduites.”
De grandes lignes vocales et un bouleversement profond qui se joue à un moment-clé, pour ce personnage et pour cet opéra : dans le grand duo entre le Rossignol et Bonespoir, qui a marqué profondément les deux interprètes qui incarneront ces rôles, mais aussi les autres, les chefs et le metteur en scène : nous consacrons donc notre prochain épisode à ce duo.
Retrouvez Les Oiseaux de Walter Braunfels en création française à l'Opéra National du Rhin, du 19 au 30 janvier 2022 à Strasbourg, les 20 et 22 février à Mulhouse.
Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- Bonespoir
2- Fidèlami
3- Le chœur
4- Le Roitelet
5- Le Rossignol
6- Rossignol & Bonespoir
7- La Huppe
8- Prométhée
9- L’Aigle et Zeus
10- Deux baguette