Robert le Diable et la Princesse Isabelle à l’Opéra de Bordeaux
Isabelle, Princesse de Sicile, le personnage féminin principal de cet opéra dont Robert est amoureux, est confiée pour cette ouverture de saison lyrique girondine à Erin Morley.
La soprano américaine confirme combien le “scénario de l’œuvre est intense” imposant aux interprètes le défi que la voix “se déploie avec naturel dans les extrêmes vocaux pour exprimer les émotions du personnage. Le rôle d’Isabelle demande beaucoup de voix et à la voix. Il est typique, voire emblématique, de ce que le public du XIXe siècle attend d’une telle voix : elle doit être colorature, avoir de la puissance dans chaque registre, filer un legato homogène, un phrasé exquis et des pianissimi tourbillonnants."
Isabelle déploie notamment ces qualités dans l’air “En vain j’espère” (acte II, scène 1) et la cavatine “Robert, toi que j’aime” (IV, 2). Lisette Oropesa a notamment et récemment interprété “En vain j’espère” avec Michael Borowitz au piano pour le Gala du Met chacun chez soi :
Lisette Oropesa coupe la deuxième partie de l’air pour chanter sa part du duo de la scène suivante :
En vain j’espère Un sort prospère ; Douce chimère, Rêves d’amour, Avez fui sans retour. [...]
Ciel ! Que vois-je ? En croirais-je mes yeux.
Idole de ma vie, Viens, mon âme est attendrie !
Le malheur qui supplie A des droits sur mon cœur
Mon bonheur est extrême ! Viens, Robert, toi que j'aime !
Dans ce même gala distanciel, Erin Morley a pour sa part chanté "Chacun le sait", extrait de La Fille du Régiment (Donizetti)
Lisette Oropesa interprète également “Robert, toi que j’aime”, ici au Théâtre des Arts à l'Université de DC (Washington) avec Vlad Iftinca au piano en 2017. Cet air est plus précisément nommé "cavatine", un terme désignant une plus petite aria, censée être de transition et sans reprise ou ornement, mais qui prend ici de telles dimensions qu'elle permet de constater combien Meyerbeer agrandit le Grand Opéra :
Cette cavatine était également enregistrée en 2017 par Diana Damrau pour son album consacré au Grand Opéra (avec l'Orchestre de l'Opéra national de Lyon dirigé par Emmanuel Villaume). Marc Minkowski, qui dirigera cet opéra de Meyerbeer à l'Opéra National de Bordeaux pour sa dernière saison parle avec émotion de l'accompagnement dans cet air : "La harpe et le cor anglais dans l’air d’Isabelle font partie de ces effets d’une simplicité apparente déconcertante, mais tellement efficace et développée : représentant le miroir de la mélancolie et de la tristesse du personnage."
Robert, toi que j'aime Et qui reçus ma foi, Tu vois mon effroi : Grâce pour toi‐même, Et grâce pour moi !
Quoi ! ton cœur se dégage Des serments les plus doux ? Tu me rendis hommage, Je suis à tes genoux.
Robert, toi que j'aime Et qui reçus ma foi, Tu vois mon effroi : Grâce pour toi‐même, Et grâce pour moi !
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1- L'ouverture et l'orchestration
2- Robert le Diable
3- Princesse Isabelle
4- Bertram
5 - Alice
6- Raimbaut
7- Le Héraut d'Armes
8- Maître des Cérémonies
9- Chevalier et prêtre
10- Choeur