Robert le Diable présenté par Robert le Diable : de l'hédonisme à l'héroïsme
Robert, est (selon la légende) le fils du Diable et d'une humaine. Son parcours est celui de la rédemption, l'éloignant de sa conduite criminelle, le menant au pardon et jusqu'à l'amour. Le ténor américain John Osborn, qui incarnera Robert le Diable à Bordeaux insiste d’abord sur l’importance de l’œuvre et du compositeur (qui s’accordera avec l’importance de son rôle) : “Meyerbeer a bâti avec Robert le Diable un nouveau chef-d'œuvre aux dimensions épiques qui contient tous les éléments du Grand Opéra Français. Certains morceaux sont (même) comiques, légers et rapides avec des phrases enjouées et loquaces, d’autres longs et dramatiques, avec de nombreux récitatifs accompagnés et des mélodies solennelles qui s’apparentent à des hymnes. Et bien sûr, il y a également de merveilleux ballets.”
Il poursuit sur son personnage :"Le rôle de Robert est très long et stimulant. La partition parcourt toute la gamme de la voix de ténor, jusqu'aux extrêmes, aussi bien dans les graves que les aigus. Il s’agira à Bordeaux de ma prise de rôle et, plus je l'étudie et plus je l’apprends, plus je suis enthousiasmé par ses traits et dimensions vocaux et dramatiques. J'ai donc hâte de gravir ces altitudes incroyables, aussi bien dans la légèreté que les styles héroïques. Cela devrait être un immense spectacle !”
Son collègue compatriote Bryan Hymel chante ici “O fortune! à ton caprice” au Royal Opera House de Londres dans la mise en scène de Laurent Pelly en 2012. Ce passage de l’acte I, scène 7 est une “Sicilienne” (du nom du rythme de trois notes qui se répète dans tout cet air), son dynamisme et les échos du chœur illustrent la vie dissolue de Robert. La grande palette vocale qui est une constante dans toute l’œuvre prend des sens différents et montre justement l'évolution, vers l'héroïsme mais en partant ici de l'hédonisme.
Ô fortune ! à ton caprice, Viens, je livre mon destin ;
À mes désirs sois propice, Et viens diriger ma main.
L’or est une chimère, Sachons nous en servir
Le vrai bien sur la terre N’est-il pas le plaisir ?
Warren Mok interprète ensuite, acte IV, scène 2, la scène et cavatine "Du magique rameau qui s'abaisse sur eux" - "Ah qu'elle est belle !" dans une version remarquée au Festival della Valle d'Itria à Martina Franca sous la direction de Renato Palumbo en 2000, la même année lors de laquelle Marc Minkowski dirigeait cet opéra pour la première fois, à Berlin (voir notre épisode d'hier en cliquant en bas de cette page).
Lors de la bacchanale avec les nonnes perdues, Robert cueille un rameau magique, qui endort ici tout le château d’Isabelle, dont il admire la beauté :
Du magique rameau qui s'abaisse sur eux L'invincible pouvoir vient de fermer leurs yeux
Ta voix, fière beauté, ne peut être entendue De ces lieux où me guide un ascendant fatal. Dussé-je te ravir, menaçante, éperdue, Tu me suivras loin d'un rival.
Mais non, tu vas céder !... Approchons...
Ah ! Qu'elle est belle ! Ce paisible sommeil, le calme de ses sens... Prête un charme plus doux à ses traits innocents. Hâtons-nous, il le faut... Isabelle !... Isabelle ! Pour toi je romps le charme où sont plongés leurs sens.
John Osborn, qui incarnera Robert le Diable à Bordeaux chante ici un autre opéra de Meyerbeer : Les Huguenots (duo final avec Rachel Willis-Sørensen à Genève en 2020)
Pour naviguer parmi les Airs du jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1- L'ouverture et l'orchestration
2- Robert le Diable
3- Princesse Isabelle
4- Bertram
5 - Alice
6- Raimbaut
7- Le Héraut d'Armes