Vocabulaire allemand d'opéra : Tenor
Spieltenor : Nicolai Gedda
Il s'agit d'un ténor lyrique bouffe, à l'emploi théâtral. Il est proche du ténor lyrique par sa voix légère et expressive, les personnages qu'il joue étant principalement comiques.
Le ténor suédois Nicolai Gedda incarne ici Pedrillo dans L'Enlèvement au Sérail de Mozart avec l'air "Im Mohrenland gefangen war" (le dialogue avec Belmonte de la scène 2 dans l'acte III). Le valet de Belmonte, Pedrillo est capturé avec Konstanze et Blonde, et parvient à se faire engager comme gardien des jardins du pacha, afin de gagner une liberté de mouvement, et de pouvoir introduire son maître lorsque celui-ci viendra les libérer (ce dont il ne doute pas). À minuit, Pedrillo vient donner le signal du départ en chantant une sérénade ("Im Mohrenland gefangen war"), puis Belmonte le rejoint pour enlever Constance et Blonde. Comme pour Blonde, le traitement vocal dénote de son appartenance à l’univers populaire.
Charaktertenor : Franz Grundheber
Le ténor de caractère est un Zwischenfach (voix entre deux types limitrophes) à la voix puissante et au ton métallique. Il est indispensable qu'il possède de très bonnes qualités scéniques, outre son ambitus plus large que le ténor bouffe.
Franz Grundheber interprète le rôle de Monostatos de La Flûte enchantée, l'air de l'acte II "Alles fühlt der Liebe Freuden". Les trois dames d’honneur de la Reine de la Nuit cherchent à convaincre les Tamino et Papageno de les suivre. Tamino tient fermement sa promesse de silence mais Papageno ne peut s’empêcher de parler. Lorsque les prêtres reviennent, ils emmènent un Tamino victorieux et réprimandent la faiblesse de Papageno. Pendant ce temps, Monostatos rode autour de Pamina qui est endormie, se désespérant de ce que son physique disgracieux de Maure l’empêche d’être aimé. Alors qu’il s’apprête à embrasser Pamina, la Reine de la nuit apparaît, faisant fuir Monostatos ("Alles fühlt der Liebe Freuden").
Lyrischer Tenor : Alfredo Kraus ("Amour sacré de la patrie")
Le ténor lyrique est une voix agile, au timbre velouté et chaud (mais pas lourd), avec une large portée des notes dans son diapason. Ses rôles de prédilection sont Le Duc dans Rigoletto, David dans Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, Alfredo en La Traviata et bien d'autres.
Le ténor espagnol Alfredo Kraus interprète avec Jean-Philippe Lafont le duo de La Muette de Portici (duo de Masaniello et Pietro), le chant populaire et révolutionnaire "Amour sacré de la patrie". Cet air a même déclenché les émeutes à Bruxelles le 25 août 1830 (suite à une seule représentation de l'opéra à La Monnaie) qui ont mené à la Révolution belge et par conséquent, à la création du Royaume de Belgique.
Jugendlicher Heldentenor : Jonas Kaufmann
Toutes les catégories des voix "héroïques" conviennent habituellement aux héros d'opéras de Wagner. Le jeune ténor héroïque est une voix à grande puissance et dramatisme, avec un registre aigu développé.
Jonas Kaufmann est le plus célèbre ténor de ce type aujourd'hui. Ici, il incarne Siegmund dans La Walkyrie aux côtés d'Eva-Maria Westbroek en Sieglinde dans la partie finale du premier acte : il tire l'épée Nothung de l'arbre de frêne et dévoile son identité à Siegliende. Il est son frère et veut devenir son époux, pour que la lignée des Wälsung se perpétue à travers leur amour.
Heldentenor : Manfred Jung
Le "vrai" ténor héroïque est rare et peu de chanteurs s'affrontent aux rôles de cette catégorie. Son timbre est pleinement dramatique et aussi barytonnant, aux couleurs sombres et au très grand potentiel sonore, capable de surpasser les sommets dynamiques des grands orchestres qui l'accompagnent.
Un rôle emblématique est certainement Siegfried de l'opéra homonyme, avec en l'occurrence Manfred Jung dans le rôle-titre. Dans une grotte proche du Rhin, le Nibelung Mime, frère d’Alberich, essaie en vain d’assembler les morceaux de l’épée de Siegmund, Nothung, que le maître des dieux, Wotan, a brisé vingt ans auparavant. En effet, Mime a recueilli un jeune homme, Siegfried, dont la force permettrait de terrasser le géant Fafner, transformé en dragon grâce au heaume jadis forgé par Mime, et qui garde le trésor des Nibelungen (dont l’anneau magique volé à Alberich). Tandis que Siegfried forge l’épée de son père (à la fin du premier acte), Mime résout d’attendre que Fafner soit tué pour empoisonner Siegfried : il sauvera ainsi sa vie et s’appropriera le trésor du Niebelung ("Des Vaters Stahl fügt sich wohl mir").