DON PASQUALE : PREMIER OPERA ADAPTE EN LANGE DES SIGNES FRANÇAISE A MONTPELLIER !
Expérience inédite (1), troublante et intéressante à l’Opéra de Montpellier : le Don Pasquale de Valentin Schwarz est le premier opéra à être intégralement traduit en langue des signes, par des artistes présents sur le plateau, costumés, et prenant une part active à la mise en scène.
Le public de sourds et de malentendants a répondu présent à la première du Don Pasquale proposé par l’Opéra de Montpellier. Il n’y a pas vraiment lieu d’être surpris : outre le fait que les sourds et malentendants peuvent percevoir partiellement la musique (ne serait-ce que, pour certains d’entre eux, par les vibrations), l’opéra est aussi bien sûr un spectacle visuel, et dont le rythme très particulier est imposé par la musique : autant de composante auxquelles ce public peut tout à fait être sensible.
On pourrait s’étonner de la présence de deux « signeurs » sur scène, alors que les sourds et malentendants peuvent déjà suivre les paroles chantées par le biais des surtitres. Mais les signeurs ne font pas que traduire le texte, placés sur les côtés de la scène, comme on le voit parfois au théâtre : ce sont de véritables acteurs, costumés, qui jouent avec les chanteurs et signent « musicalement » les paroles, en rythme avec la musique. La performance de Katia Abbou et Vincent Bexiga n’en est que plus remarquable (ils devaient être épuisés à l’issue de la représentation !), et nombreuses ont été les mains à s’agiter au rideau final pour les remercier à la façon dont les sourds « applaudissent » traditionnellement.
Quel avenir pour ce type de représentations ? Au-delà de l’émotion qu’on éprouve à assister à cette sorte de « spectacle inclusif », plusieurs questions se posent : la démarche est-elle transférable à toute mise en scène ? Tous les metteurs en scène, tous les spectateurs sont -ils prêts à se prêter au jeu ? Un compromis semble pouvoir être trouvé : on pourrait par exemple réserver une soirée, au sein des représentations, au cours de laquelle le spectacle serait ainsi « signé ». Les spectateurs qui réserveraient leurs places sauraient très exactement à quoi s’attendre et accepteraient par principe que la mise-en-scène soit quelque peu modifiée pour la circonstance. Réserver une soirée au seul public de sourds et malentendants serait en revanche une erreur, en ceci que l’aspect « inclusif » de la soirée disparaîtrait complètement et que l’expérience perdrait ainsi la dimension humaine qui la rend si riche…
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(1) Ou presque ... Marie Vasconi me signale que l'opéra l' "Opéra Luette" de Marie Luce Nadal a été créé à partir de l'Orfeo de Monteverdi traduit en langue des signes par une comédienne sourde et muette, aux Abattoirs de Toulouse en Novembre 2018.