Argument
Durant la guerre, une Prostituée, Leocadia, accoste un Soldat, Franz, et lui propose de la suivre, gratuitement. Ce dernier hésite, mais finit par accepter. A peine leurs ébats terminés, le Soldat se rhabille pour rejoindre sa caserne, refusant tout dialogue. La Prostituée lui réclame alors en vain de l’argent.
Plus tard, le Soldat danse avec une Femme de chambre. Il peine à se souvenir de son nom : Mizzi. Franz emmène la jeune femme à l’écart, dans un coin sombre. Celle-ci, tout d’un coup parait effrayée. Alors que des mots d’amour raisonnent autour d’eux, le Soldat allonge la Femme de chambre dans l’herbe et la possède sans sentiment. Il se relève et retourne danser, avec une autre femme.
Dans la grande maison dans laquelle elle sert, la Femme de Chambre écrit une lettre à Franz : elle imagine la vie de rêve qu’ils mèneront ensemble un jour. Son maître, un Jeune monsieur nommé Alfred, lui donne des ordres erratiques. Il s’étonne que le Docteur Schuller ne lui ait pas rendu visite. Il se rapproche de la jeune femme et la complimente. Mizzi l’invite à la caresser : ils s’étreignent. Une torpeur se saisit d’eux, dont ils sont péniblement tirés par des coups de sonnette répétés. Le temps de se remettre sur pieds, plus personne n'est à la porte : ils ont probablement manqué la visite du Docteur Schuller.
Alfred, le Jeune monsieur, a rendez-vous dans un hôtel avec une Femme mariée, Emma, qui ne peut cacher son angoisse d’être découverte. Elle n’accorde que cinq minutes à son amant. Aussitôt leur amour consommé, Emma s’empresse de quitter les lieux pour se rendre chez sa sœur. Mais Alfred la retient : tous deux se remémorent leur rencontre, dans l’entreprise où ils travaillent tous deux, et qui est dirigée par le Mari d’Emma. Dépassant allègrement les cinq minutes prévues, ils replongent dans les bras l’un de l’autre. Tandis que la Femme mariée se prépare de nouveau à partir, le Jeune monsieur la retient pour cinq nouvelles minutes, puis cinq autres encore. Lorsqu’enfin elle part, elle promet de ne plus jamais le revoir, tout en convenant déjà avec lui d’un prochain rendez-vous.
Chez elle, la Femme mariée attend son Epoux, Gottfried. Ce dernier la rejoint tendrement. Elle lui reproche d’oublier souvent son amour. Ils devisent alors sur les vertus et les pièges du mariage. Elle lui demande de parler des femmes qu’il a aimées avant elle. Il lui recommande de ne pas fréquenter de femme qu’elle soupçonnerait d’adultère. Mais très vite, il avoue avoir eu lui-même une aventure, un jour, avec une femme aujourd’hui décédée. Mais il affirme à Emma n’avoir jamais aimé qu’elle. Les deux époux s’enlacent. Allongés, ils repensent à leur première nuit d’amour, à Venise, cinq ans plus tôt. L’Epoux s’endort doucement. Lui souhaitant bonne nuit, Emma l’appelle Alfred.
L’Epoux partage un verre de vin avec une Grisette, lui reprochant le nombre de ses amants. Cette dernière, déjà ivre, lui promet n’en avoir plus eu depuis six mois : un homme qui d’ailleurs lui ressemblait étrangement. Elle lui raconte sa vie, auprès de sa mère, ce qui charme Gottfried. Mais lorsque ce dernier révèle son prénom, la Grisette comprend qu’il est l’amant qui l’a abandonnée six mois plus tôt. Persuadé que personne n’entrera, il l’amène à lui et l’étreint. Elle ne réalise qu’alors qu’il est marié et que ses espoirs de véritable amour sont vains.
Un Auteur, du nom de Robert, déclare ses sentiments à la Grisette, mais celle-ci se refuse à lui. Son corset la gênant, elle le dessert. Robert le lui enlève plus franchement, tout en lui disant des mots doux. Elle se laisse alors aller entre ses bras. Se remettant à peine de l’extase, l’Auteur révèle le nom sous lequel il publie : Biebitz. Mais la Grisette n’a jamais entendu ce nom. Etonné, Robert lui promet de lui offrir une place pour une pièce de théâtre qu’il a écrite, disant être heureux de n’être aimé que pour ce qu’il est et non pour sa célébrité. Soudain, il lui dit adieu, lui donnant rendez-vous au théâtre bien qu’il ne soit pas Biebitz.
L’Auteur retrouve une Comédienne. Cette dernière lui confie que les lieux, calmes, seraient propices à l’écriture : il s’agit d’un lieu qu’elle a longtemps fréquenté auprès d'un compositeur qu'elle a beaucoup aimé. L’Auteur l’interrompt : il l’aime et ne veut pas entendre parler du compositeur. Après s’être isolée quelques instants, la Comédienne rappelle l’Auteur près d’elle. Ils s’étreignent avec passion et poésie. Pourtant, la Comédienne révèle que l’Auteur n’est qu’un caprice, son amour véritable étant voué au compositeur, qui n’aime malheureusement que les hommes. En retour, l’Auteur révèle qu’il n’a pas vu sa prestation de la veille, dans Tosca. Il s’en va.
Au téléphone, la Comédienne reproche à l’Auteur de l’avoir quittée. La conversation est interrompue par l’arrivée du Comte. Sans relâcher le combiné, elle raconte sa dépression au nouvel arrivant, affirmant être passée proche de la mort. Celui-ci loue son talent qui n’en a pas été atténué. Il raconte revenir de Hongrie où il était en garnison. L’ennui l’y a fait pointer la vanité de sa vie. La Comédienne lui offre de réaliser un souhait, quel qu’il soit. Le Comte affirme ne pas vouloir faire l’amour, cela le répugnant d’aussi bonne heure. Mais elle l’attire à elle et l’enjôle : ils se rejoignent dans un élan de tendresse. Puis ils se disent adieu, pour toujours. Aussitôt seule, la Comédienne reprend le combiné de téléphone.
Le Comte se réveille sur un lit dans une chambre inconnue. La femme allongée auprès de lui, endormie, lui paraît honnête. Mais il aurait voulu voir une autre femme à ses côtés. La femme, Leocadia, la Prostituée, s’éveille à son tour. Elle ne regrette pas d’avoir été rejetée par le Soldat Franz, avec qui elle aurait pu faire sa vie ! N’étant pas en forme, le Comte demande à repasser un jour prochain. La Prostituée lui apprend qu’elle a fourni sa prestation la veille, avant qu’il ne s’endorme. Il la paie et quitte les lieux.