Argument
Acte I
Dans un parc de Saint-Pétersbourg, des enfants jouent sous les yeux attentifs de leurs gouvernantes (« Gori, gori, yasno »). Deux amis, Sourine et Tchekalinski, y discutent. Le premier raconte sa soirée de la veille, passée à jouer aux cartes. Il évoque l’étrange Hermann, un officier qui n’a fait que boire et regarder les autres jouer. Justement, ce dernier les rejoint, accompagné du Comte Tomski. Hermann leur révèle être éperdument amoureux d’une femme dont il ne connait pas le nom (« Ya imeni yeyo ne znaiou »). De famille noble, elle n’épousera de toute façon jamais un homme de sa condition, sans le sou. Autour d’eux, des promeneurs expriment leur plaisir de voir les beaux jours revenus (« Nakonetsto Bog poslal nam solniechny diènok »). Le Prince Eletski rejoint Hermann et ses compagnons. Il annonce ses prochaines noces et exprime sa félicité : ses mots raisonnent sombrement auprès d’Hermann (« Schastlivy Dien, tiébia »). Le Prince présente alors Lisa, sa fiancée, qui arrive avec sa grand-mère, la Comtesse. Hermann reconnait en Lisa sa bien-aimée, tandis que les deux femmes s’étonnent de retrouver là l’homme qui les observe de loin depuis quelques temps (« Mnè strachno ! On opyat peredo mnoï »). Aussitôt, la Comtesse se renseigne auprès de Tomski afin d’en savoir plus sur Hermann, puis elle quitte les lieux avec sa petite-fille et le Prince. Tomski raconte alors à ses amis que la Comtesse, autrefois, était joueuse. A Paris, l’un de ses amants lui révéla un secret en échange de ses faveurs : trois cartes permettant de gagner systématiquement. Mais un fantôme lui apparut, lui révélant qu’elle mourra de la main d’un homme qui essayera de lui arracher ce secret (« Grafinya mnogo let nazad v parije krasavitsei slyla »). L’orage éclate alors soudainement : le parc se vide (« Kak bystro groza nastoupila »). Seul sous la pluie, Hermann se promet de conquérir Lisa par n’importe quel moyen (« Polouchich smertelny oudar ty »).
Dans la chambre de Lisa, cette dernière chante un duo avec son amie Pauline (« Ouj, ouj vietcher... oblakov pomierknouli kraya »). Encouragée par leur groupe d’amies, Pauline entonne alors une romance (« Podrougi milie, podrougi milie »). Trouvant cet air austère, et voyant Lisa prise de mélancolie, Pauline enchaine avec une chanson plus gaie (« Nouka, svetik Machenka »). Mais elle est interrompue par la Gouvernante qui les sermonne et leur rappelle les règles de savoir-vivre (« Mesdemoiselles, chto zdes ou vas za choum ? »). Restée seule, Lisa s’avoue la raison de sa mélancolie : elle est amoureuse d’Hermann (« At kouda èti slyyozy, zachem oné ? »). Justement ce dernier paraît à sa fenêtre : il affirme venir faire ses adieux à Lisa, lui avouant son amour et sa volonté de mourir. Lisa ne peut retenir ses pleurs (« Ostanovites, oumalyaiou vas ! »). La Comtesse paraît alors, laissant tout juste le temps à Hermann de se cacher. Elle houspille sa petite-fille, la sommant de se coucher, puis s’en va. Hermann se remémore la prophétie du fantôme : il ne veut plus mourir. Refusant de partir, il pousse Lisa dans ses retranchements : celle-ci finit par lui avouer qu’elle aime aussi (« Kto strastno lioubia pridyot »).
Acte II
Dans un palais de Saint-Pétersbourg, des convives fêtent leur hôte qui leur offre une somptueuse réception (« Radosno, veselo v den sei vmeste sbiraitesya drougi ! »). Tchekalinski, Sourine et Tomski se retrouvent à cette soirée et remarquent qu’Hermann reste mélancolique. De son côté, le Prince Eletski, également présent, confie ses craintes à Lisa : il l’aime profondément mais ressent une distance entre elle et lui (« Postoïte na odno mgounavenye ! »). Hermann parait, une lettre de Lisa à la main : cette dernière lui donne rendez-vous le soir même. Mais Hermann est obnubilé par les trois cartes, seules capables de lui apporter la richesse et la main de Lisa. Au point de sentir sa raison s’égarer (« Posle predstavleniya jdite »). Un opéra est alors donné pour les invités : un chœur de bergers entonne un air (« Pod teniiou goustoïou »). La pastorale qui s’ensuit met en scène les amours de trois personnages : Prilepa, Milovzor et Zlatogor (« Moï milenki droujok »). Dès le concert achevé, Hermann va rejoindre Lisa au rendez-vous fixé. Cette dernière lui confie une clé ouvrant une porte secrète donnant dans l’appartement de la Comtesse : il pourra ainsi rejoindre Lisa dans sa chambre où elle l’attendra (« Kto pylko i strastno lioubia ! »). Les convives saluent alors l’arrivée à la fête de la Tsarine Catherine (« Yeyo s velichestvo seïchas pojalovat izvolit »).
Plus tard, durant la nuit, Hermann pénètre dans la chambre de la Comtesse grâce à la clé confiée par Lisa. Il est décidé à obtenir le secret des trois cartes (« Vsyo tak, kak mnè ona skazala »). Soudain, Hermann se cache : la Comtesse entre, accompagnée de ses dames de compagnies qui chantent ses louanges (« Blagodetelnitsa nacha, kak izvolili goulyat ? »). Elle se remémore ses folles soirées d’antan, à Paris, puis chasse sa cour (« Akh, postyl mnè etot sviet ! »). Peu après, Hermann se découvre et lui demande de lui révéler le secret des trois cartes. Cependant, la Comtesse, prise d’effroi, s’effondre, sans vie (« Ne pougaïtes ! Radi Boga ne pougaïtes ! »). C’est alors que Lisa entre et constate la mort de sa grand-mère. Pensant qu’Hermann ne l’a séduite que pour obtenir le secret des trois cartes, elle le chasse (« Chto zdes za choum ? Ty, ty zdes ? »).
Acte III
Dans sa chambre, Hermann lit une lettre dans laquelle Lisa s’excuse de s’être emportée et lui fixe un nouveau rendez-vous. Tandis que les chants des funérailles de la Comtesse lui parviennent, il est pris de remord. Le spectre de la défunte lui apparaît alors et lui révèle le secret des trois cartes : il faut jouer le trois, le sept et l’as (« Gospodou moliousya ya »).
Sur le quai du Canal d’hiver, Lisa attend Herman, fébrile (« Ouch polnotch blizitsa »). Ce dernier arrive finalement. Après un délicieux moment de doux échanges, Hermann lui révèle connaître le secret des trois cartes. Malgré tout, Lisa accepte de lui pardonner son crime, mais ayant perdu la raison, Hermann, ne la reconnaissant plus, s’élance vers une salle de jeux. Lisa se jette alors dans le fleuve pour y trouver la mort (« Ty zdes, ty zdes, ty ne zlodei ! Ty zdes ! »).
Dans la salle de jeu, la fête bat son plein (« Boudem pit i veselitsya ! »). Tandis que le Prince Eletski paraît, espérant gagner au jeu ce qu’il a perdu en amour, Tomski est invité à chanter une chanson gaie (« Yeslib miliyé diévitsy »). Les joueurs, à leur tour, entonnent leur hymne (« Tak v nenasnye dni sobiralis oni chasto »). Hermann fait alors son entrée. Il mise une importante somme sur le trois et remporte la partie, laissant l’assistance stupéfaite (« Zdes chtoniboud ne tak ! »). Puis il double la mise sur le sept et l’emporte de nouveau. Vantant le jeu qui ressemble à la vie (« Chto nacha jizn ? Igra ! »), il parie alors sur l’as : le Prince Eletski accepte le défi. Mais au lieu de l’as attendu, c’est une dame de pique qui est tirée : y voyant la Comtesse, Hermann se porte un coup de revolver. Dans un dernier souffle, il implore la pardon du Prince. Le spectre miséricordieux de Lisa lui apparaît au moment de rendre l’âme (« Idyot yecho ? Niet, polouchi ! »).