Argument
Première partie : la Conquête de Troie
Acte I
Les Troyens quittent leur citadelle et investissent les champs alentours, heureux de constater la fuite des Grecs et la mort d’Achilles, vaincu par Pâris. Avant de partir, les Grecs ont construit un cheval de bois colossal, qu’ils ont laissé en offrande (« Ha ! Ha ! Après dix ans passés dans nos murailles »). Parmi eux, seule Cassandre semble inquiète. Prise de visions, elle pressent que la fuite des grecs cache de grands malheurs, et que le Roi Priam perdra bientôt la vie. Mais le peuple et son amant Chorèbe la croient folle (« Les Grecs ont disparu !... mais quel dessein fatal »). Ce dernier paraît justement. Elle lui annonce que le temps n’est pas à un heureux mariage car ils mourront bientôt tout deux dans une citadelle de Troie à feu et à sang. Chorèbe la conjure de ne plus s’inquiéter. De son côté, Cassandre lui demande en vain de quitter la ville. Mais devant son entêtement, elle accepte leurs funestes noces (« Quand Troie éclate en transports jusqu’aux cieux »).
Les dignitaires troyens, suivis d’une foule populaire en liesse rendent hommage aux dieux qui ont délivré la cité (« Dieux protecteurs de la ville éternelle »). Arrive alors Andromaque, veuve du héros Hector, le frère de Cassandre tué au combat par Achilles. Elle est accompagnée de son fils Astyanax. L’enfant est béni par le Roi Priam et la Reine Hécube. Cassandre prédit à sa belle-sœur de nouveaux malheurs (« Andromaque et son fils ! »). Enée raconte alors comment le prêtre Laocoon, ayant cherché à prouver que le cheval de bois n’était qu’une perfidie grecque, a été dévoré par deux serpents ayant surgi des flots (« Du peuple et des soldats, ô roi ! »). Ce récit plonge tout le monde dans le désarroi et l’horreur (« Châtiment effroyable ! »). Le Roi Priam ordonne alors que le Cheval soit déplacé jusque devant le Palladium (statue de Pallas, qui confère à Troie son inexpugnabilité), afin de rendre hommage aux dieux (« Que la déesse nous protège »). Cassandre est désespérée de n’être pas parvenue à alerter son peuple (« Non, je ne verrai pas la déplorable fête »). Déjà le cortège se rend au Palladium. Cassandre l’observe entrant dans Troie, puis voit les Grecs surgir du Cheval, tenant leur proie (« De mes sens éperdus... est-ce une illusion ? »).
Acte II
Dans son palais, Enée se repose. Son fils Ascagne n’ose pas le réveiller. Lorsqu’il se réveille, le fantôme d’Hector lui apparaît. Ce dernier le presse de quitter Troie et de rejoindre l’Italie pour y fonder un nouvel empire, Rome (« Ô lumière de Troie !... Ô gloire des Troyens !»). Entre alors Panthée, représentant des dieux, qui annonce que Priam a perdu la vie, tué par les Grecs. Rejoint par son fils Ascagne et par Chorèbe, il tente de remobiliser ses troupes (« Quelle espérance encor est permise, Panthée ?»).
Dans le palais de Priam, des femmes prient Cybèle, déesse de la nature sauvage, de les protéger de l’outrage et de l’esclavage de l’armée grecque. Cassandre parait alors, annonçant que les troupes d’Enée marchent maintenant vers le Mont Ida avec le trésor des Troyens, afin de donner naissance à une nouvelle Troie, en Italie. Chorèbe ayant été tué, elle encourage les femmes à fuir le déshonneur en se donnant la mort. Les soldats grecs entrent alors dans le palais, constatant que le butin s’est envolé et que les femmes sont mortes (« Ah ! Puissante Cybèle, Déesse immortelle »).
Deuxième partie : les Troyens à Carthage
Acte III
A Carthage, dans le palais de Didon, la cour chante la gloire de sa Reine (« De Carthage les cieux semblent bénir la fête ! »). Celle-ci se félicite de la gloire naissante de la nouvelle citée (« Nous avons vu finir sept ans à peine »). Elle confie à sa sœur, Anna, le bonheur qu’elle ressent malgré son refus d’aimer à nouveau, depuis la mort de son époux. Sa sœur lui prédit toutefois que cet état changera bientôt (« Les chants joyeux, l’aspect de cette noble fête »). Didon accède à la demande formulée par Ascagne et Panthée et reçoit les Troyens que la mer a jetés sur ses rives (« Errante sur les mers »). Le Ministre Narbal annonce alors que Carthage est attaquée par des troupes numides, alors que les armes manquent. Enée paraît, annonçant que les Troyens combattront aux côtés des Carthaginois : s’apprêtant à partir en bataille, il confie son fils Ascagne à la Reine Didon (finale, « J’ose à peine annoncer la terrible nouvelle ! »).
Acte IV
Les Tyriens chassent dans une forêt, lorsqu’une tempête éclate. Didon et Enée se réfugient dans une grotte jusqu’à ce que la pluie cesse.
Au palais, Anna peine à comprendre l’inquiétude de Narbal, qui persiste malgré leur victoire sur les Numides. Celui-ci regrette en effet l’absence fréquente de Didon, qui ne quitte plus Enée, tandis qu’Anna se réjouit d’un prochain mariage qui fera du héros leur roi (« De quels revers menaces-tu Carthage »). La Reine assiste alors à un divertissement dont elle se lasse rapidement. Elle demande à son barde Iopas de chanter un poème. Ce dernier s’exécute (« Ô blonde Cérès »). Mais Didon l’interrompt également. Énée lui conte alors comment Andromaque a fini par épouser Pyrrhus, le fils d’Achille (qui a pourtant tué au combat Hector dont elle est veuve) : cet exemple trouble la Reine qui y voit une excuse pour épouser Enée (« Tout conspire, à vaincre mes remords »). Énée emmène la Reine se promener (« Nuit splendide et charmante »). Les deux amants goûtent un tendre moment d’ivresse amoureuse (« Nuit d’ivresse et d’extase infinie ! »). Mercure apparaît alors pour rappeler à Enée le but de son voyage : l’Italie.
Acte V
Dans le port, un jeune matelot phrygien, Hylas, pense à son pays (« Vallon sonore, Où dès l’aurore »). Panthée prépare le départ des Troyens pour l’Italie : Enée ne peut en effet se soustraire plus longtemps aux volontés divines (« Préparez tout, il faut partir enfin »). Des soldats regrettent déjà les doux temps passés à Carthage (« Par Bacchus ! ils sont fous avec leur Italie »). Mais Enée est pris d’une hésitation, après avoir vu la mort passer sur le visage de Didon lorsqu’il lui a annoncé son départ (« Inutiles regrets !... je dois quitter Carthage »). Les fantômes de Priam, Chorèbe, Hector et Cassandre lui apparaissent alors pour lui rappeler son devoir (« De la sombre demeure, Messager menaçant »). Enée, dès lors, se résout au départ (« Debout, Troyens, éveillez-vous, alerte ! »). Didon, comprenant qu’elle ne le retiendra pas, le maudit et le chasse (« Errante sur tes pas, Sous la foudre qui gronde »).
Didon, désespérée, demande à Anna et Narbal d’implorer Enée de rester quelques jours de plus, mais elle apprend que les navires ont déjà quitté le port. Folle de rage, elle crie vengeance (« Va, ma sœur, l’implorer»). Ayant demandé à rester seule, elle se résout à mourir (« Je vais mourir... »). Elle dit alors adieu à son royaume qu’elle chérit (« Adieu, fière cité »).
Les prêtres de Pluton, ainsi qu’Anna et Narbal, se présentent devant un bûcher élevé pour un sacrifice dédié au dieu des enfers. Les biens laissés par les Troyens doivent en effet y être brûlés (« Dieux de l’oubli, dieux du Ténare »). Didon observe la procession, prédisant qu’un vengeur naîtra sur ses cendres : Annibal. Se saisissant de l’épée d’Enée apportée au bûcher, elle s’en frappe (« Pluton... semble m’être propice »). Mourante, elle a alors la vision de Carthage détruit devant la Rome immortelle. Le peuple laisse éclater sa fureur, premier cri de guerre punique (« Haine éternelle à la race d’Énée ! »).