À l’aube, le 1er opéra serbe pour son Centenaire
Pour fêter le centenaire de l’Opéra de Belgrade fondé en 1919, le Théâtre national (qui abrite l’Opéra, Ballet et le Drame) présente la nouvelle production du premier opéra serbe, Na Uranku (À l’aube) de Stanislav Binički. Actuellement fermé en raison de la propagation du virus COVID-19, le Théâtre national de Belgrade (qui fêtait ses 100 ans l’année dernière) diffuse ce soir à 21h une captation de cette production créée le 30 octobre 2019, avec une jeune et prometteuse distribution (les membres de l’Opéra Studio maison).
Argument :
Dans un village serbe de l’Empire ottoman, un amour naît entre les jeunes Stanka et Rade. La mère de Rade, Andja, croise le jeune couple et bénit leur union conjugale. Cependant, le maître du village, le turc Redžep (Redjep-agha) est follement épris de Stanka et compte à tout prix empêcher son mariage avec Rade. Il la retrouve et supplie d'obtenir sa main, mais elle refuse et s’enfuit sous les menaces de Redžep. Le lendemain, alors que tout le village se réunit pour fêter les noces, agha le turc apparaît soudain en annonçant que Rade est un fils illégitime, bâtard (« l’enfant du village entier »). Bien que la foule ait du mal à y croire, Andja avoue que son fils est bel et bien né d’une relation extra-conjugale, mais « né de l’amour et non pas du péché ». La fin tragique voit Rade, enragé, sortir son pistolet pour tuer la mère, qui meurt de douleur alors que Stanka est emportée par les hommes de Redžep.
Na uranku – À l’aube
Musique de Stanislav Binički
Livret : Branislav Nušić
Mise en scène : Ana Grigorović
Décors : Dunja Kostić
Costumes : Katarina Grčić Nikolić
Mouvement scénique : Miloš Kecman
Stanka : Evgenija Jeremić
Rade : Marko Živković
Andja : Dubravka Filipović
Redžep : Vuk Zekić
Mujezin : Mihailo Otašević
Un industriel : Hadži Nenad Maričić
Direction musicale : Stefan Zekić
Orchestre et Chœur du Théâtre national de Belgrade, avec les membres de l’Opéra Studio « Borislav Popović »
Chef du chœur : Djordje Stanković
L’œuvre créée en 1903 est le résultat d’une collaboration entre Stanislav Binički (compositeur, chef d’orchestre et musicien militaire) et l’écrivain Branislav Nušić, célèbre pour ses pièces satiriques vis-à-vis de la société serbe contemporaine. Trois ans plus tôt, ils créèrent Le lys et l’épicéa (Ljiljan i omorika), une tentative pour opérer la transition entre le genre musico-dramatique (« pièce avec du chant », komad s pevanjem) vers une pièce entièrement chantée, c’est-à-dire l’opéra. Na uranku (À l’aube) est écrit dans la veine des opéras véristes italiens alors en vogue (souvent donnés par deux), et ne dure qu’une heure, tout comme les œuvres célèbres de Pietro Mascagni (Cavalleria rusticana) et de Ruggero Leoncavallo (Pagliacci). La création eut lieu au Théâtre national de Belgrade, qui n’aura son ensemble d’Opéra qu’en 1919, notamment avec la participation des chanteurs et musiciens de l’émigration russe.