Etat civil
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- Compositeur
Biographie
Né en 1864, Richard Strauss baigne dès l'enfance dans la musique, son père Franz Strauss étant l'un des cornistes les plus importants de son temps, en poste à l'Opéra de Munich. En revanche, Richard Strauss n'a aucun lien de parenté avec Johann Strauss père et fils, qui se sont illustrés dans la valse et dans l'opérette viennoises. Le jeune Richard reçoit une éducation musicale autour des auteurs de musique instrumentale tels que Schumann, Mendelssohn, Brahms (son père détestait « la musique de l'avenir » de Liszt et de Wagner) et montre très tôt des aptitudes exceptionnelles pour le piano, le violon, la composition et la direction d'orchestre. Ses premières compositions apparaissent dans les années 1870 : à l'exception d'un nombre conséquent de Lieder, elles sont essentiellement instrumentales (plusieurs sonates pour piano, concertos pour cor et violon). Ce n'est qu'en 1883, au cours d'une session avec l'orchestre de Meiningen, que Strauss découvre la musique à programme symphonique par l'intermédiaire d'Alexandre Ritter et Hans von Bülow qui l'initient aux idées de Liszt et Wagner. Les premiers poèmes symphoniques voient le jour au cours des années 1880, pendant lesquelles le contrepoint orchestral hérité de Wagner se densifie et propulse la carrière de Strauss avec Don Juan (1889), Till l'Espiègle (1895), Ainsi parlait Zarathoustra (1896), Don Quichotte (1897) et Une vie de héros (1899). En parallèle, Strauss continue à écrire des Lieder et plus particulièrement pour soprano, au moment où il se marie avec la cantatrice Pauline de Ahna, mais ne parvient à s'imposer sur la scène lyrique avec le succès en demi-teinte de Guntram (1894).
La carrière lyrique de Strauss prend véritablement son essor avec Feuersnot (1901), Salomé (1905) puis Elektra (1909). Dans ces deux derniers ouvrages, l'esthétique expressionniste est à son apogée à travers deux figures féminines marquées par l'hystérie, prise au sein d'une écriture orchestrale complexe atteignant les limites de la tonalité. Que ce soit dans ses ouvrages symphoniques ou lyriques, Strauss ne perd pas de vue l'évolution de l'écriture orchestrale et publie une révision du Grand traité d'instrumentation et d'orchestration modernes de Berlioz en 1909. Le début de siècle correspond également à un tournant majeur dans l'œuvre de Strauss grâce à sa rencontre puis à sa collaboration avec Hugo von Hofmannsthal, commencée avec Elektra et poursuivie avec Le Chevalier à la rose (1911), Ariane à Naxos (1912), La Femme sans ombre (1919), Hélène d'Égypte (1928) et Arabella (1933). La relation entre le compositeur et le poète est à l'origine d'un renouvellement des conceptions dramaturgiques à une période où plusieurs courants littéraires cohabitent dans la Vienne du début du siècle mais également dans cette capitale berceau de la psychanalyse de Freud, de la veine expressionniste des « opéras noirs » comme Elektra jusqu'aux « opéras roses » plus légers que sont Le Chevalier à la rose et Ariane à Naxos. La relation étroite que Strauss et Hofmannsthal ont nouée pour donner naissance ensemble à ces six opéras n'a pas été sans conflits, puisque le poète avait refusé d'écrire le livret d'Intermezzo (1924). Son ascension phénoménale dans le milieu musical ne fait que croître, en particulier avec sa nomination au poste de Directeur musical de l'Opéra d'État de Vienne en 1919. Pendant cette période des trente premières années du début du siècle, marquée par le genre de l'opéra, Strauss n'abandonne pas pour autant le genre symphonique avec Une symphonie alpestre (1915) et la suite Le Bourgeois gentilhomme (1917), mais également le Lied, mettant en musique de poèmes de Goethe, Brentano, Geibel, ou inspirés de Shakespeare.
La mort de Hofmannsthal en 1929 ralentit la genèse d'Arabella (créé en 1933) et oblige Strauss à se tourner vers Stefan Zweig pour La Femme silencieuse (1935), puis Josef Gregor pour Jour de paix (1938) et Daphne (1938) et enfin Clemens Krauss pour Capriccio (1942), ses derniers opéras. Avec la montée du nazisme au pouvoir, les années 1930 sont une période trouble pour Strauss qui doit renoncer à collaborer officiellement avec Zweig (d'où les adaptations de Josef Gregor à partir des travaux de Zweig pour Jour de paix et Daphne) tout en composant pour des festivités officielles telles que l'Hymne pour les Jeux olympiques de Berlin (1936) ou la Musique de fête japonaise (1940). Au cours de sa dernière décennie, Strauss achève un opéra sur un projet de livret de Hofmannsthal (L'amour de Danae, création posthume en 1952) et revient aux genres instrumentaux de ses premières années avec un ultime Concerto pour cor (1942). Un ultime recueil de mélodies, rassemblées sous le nom de Quatre derniers Lieder, est créé en 1950 par Kristen Flagstad, véritable chant du cygne de ce compositeur qui s'est autant consacré aux genres symphonique que lyrique.