Huelgas à la Cathédrale de Bruxelles
Au programme, une quinzaine de chants médiévaux sont proposés, du XIIe siècle jusqu’au médiéval tardif (pré-Renaissance). Durant l'ère médiévale, ces compositeurs choisis s'adonnant à la création musicale au service de l'Église, ils offrent ainsi des compositions sacrées destinées à la vénération de Dieu. Ces innombrables œuvres religieuses sont dépourvues de toute attribution (car l'ajout d'une telle mention aurait été perçue comme une manifestation de vanité excessive). Au service des maîtres anonymes, l’ensemble Hulegas fait preuve d’une humilité égale, la concentration étant tenue, dirigée vers l’austérité du grand lieu. C’est pourtant avec des compositeurs de renom tels que Nicolas Gombert, Claude Le Jeune, Johannes Ciconia, Pierre de Manchicourt et bien d'autres qu’ils ont contribué à révéler au public par des recherches approfondies de Paul van Nevel, que cet ensemble fondé par lui dans les années 1970 a depuis réussi à s’imposer dans sa qualité d’interprétation mais également dans son rapport historique aux opus du passé.
Le public installé en deux parties (blocs) qui se font face, l’ensemble prend place au centre de la Travée, pour un concert d’une heure, partagé entre des formats de motets, virelai (strophe-refrain), chansons populaires et sections de messe. Les douze chanteurs sont partagés entre voix féminines, ténors et contre-ténors, barytons et basses. Le nombre des chanteurs varie, certaines compositions réclamant une formation complète, comme pour la Missa pro defunctis donnée même en première mondiale (la partition est conservée à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich). D'autres formations sont plus intimes, comme la formation exclusivement féminine pour un motet à 4 et même à 3 avec Inviolata integra et casta, ou Dont vient cela, originellement pour 8 voix.
Rejoignant solennellement le chœur de la Travée, les musiciens laissent place au silence, attendant que le bruit des sirènes de la ville se dissipe avant le début de chaque morceau. La voix des chanteurs marque une souplesse, dont les ondes circulatoires résonnent avec les échos de la Cathédrale. L’ensemble est tenu, vibratoire, précis et organique. Les voix masculines sont modelées et cuivrées, tenues en une assise profonde, tandis que les aigus de voix de ténor se mêlent aux aigus des voix féminines, pleines de rondeurs, amples et riches.
Ovationné par le public belge, l’ensemble disparaît, là encore avec humilité et comme vers l’anonymat, presque avare des remerciements du public convaincu d’avoir assisté à un moment précieux.