L'herbe verte
C'est d'abord dans un caractère musical paisible que Germont tente de consoler son fils, en lui rappelant les paysages de sa maison : la mer et le sol de Provence, l'ardent soleil natal. « Dans la douleur même, souviens-toi que là-bas tu fus heureux, Et que là-bas seulement tu trouveras la paix » : c'est ainsi que le père demande à son fils de revenir chez lui en lui promettant l'apaisement, quand il aura oublié Violetta qui l'a détourné de tous ces éléments lumineux du Sud. Verdi joue sur une alternance entre couleurs mineures et majeures en évoquant tantôt le bonheur passé, tantôt la douleur présente. Douleur du fils, certes, mais qui est un peu occultée pour mettre davantage l'accent sur celle du père, à partir de la deuxième partie qui reprend intégralement la musique de la première (« Ah ! Il tuo vecchio genitor »).
La suavité du registre de baryton et les exclamations solennelles exprimées dans chaque partie (une première fois, « Dieu m'a guidé ! », puis une deuxième « Dieu m'a exaucé ! ») érigent en véritable mission paternelle le discours de Germont et montrent sa force persuasive ainsi que son assurance. Germont veut avant tout rappeler son fils à la raison : pour ce bourgeois de province, il est hors de question de laisser son fils aux mains d'une courtisane comme Violetta. En plus de dévoiler le personnage du père dans La Traviata, cet air de Germont fait partie des plus belles pages du répertoire de baryton par le grand lyrisme que Verdi met en œuvre.
L'extrait du jour est interprété par Dmitri Hvorostovsky
Violetta, l'héroïne de l'opéra (dont le titre signifie « La dévoyée »), vit une idylle avec Alfredo mais le père du jeune homme entend bien interrompre cette relation qui entacherait l'honneur de sa famille. Après avoir obtenu de Violetta la séparation, Giorgio Germont arrête Alfredo qui tente de la rejoindre après avoir lu la lettre de rupture.
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Retrouvez le précédent air de notre série sur les parents mal inspirés :
10 - Paternel, mais presque : Rigoletto