Comme ses collègues et comme ils nous le relatent dans notre article présentant les coulisses et les enjeux de cette nouvelle production versaillaise, Krystian Adam a découvert avec admiration cette œuvre, ses rôles et sa musique : « Pendant de longs mois j’ai lu les manuscrits, et nous puis avons reçu les partitions. Bien sûr ma partie est exigeante mais pas comme les arias de Roméo et Juliette avec leurs coloratures interprétés par les grands artistes de leurs temps, très difficiles. Il y a quelques semaines je chantais au Teatro Malibran à Venise. Maria Malibran, l’une des plus grandes interprètes de l’histoire, fit sa carrière aussi avec cet opéra, avec la magie de ces arias virtuoses.

En tant que père de Juliette, cet opéra est exigeant, sur le plan du chant mais aussi sur le jeu d’acteur. Le personnage est dans une situation très difficile dans cette histoire que tout le monde connaît. Du point de vue de ce père, sa fille est sur le point d’épouser Teobaldo, elle rencontre Roméo et tombe amoureuse : ce qui vient tout compliquer.

Dès son premier grand récitatif très dramatique ("Più dubitar mi fan questi suoi detti. O miei fieri sospetti" - Ces paroles de sa part [de Juliette] me font douter davantage. Ô mes fiers soupçons), il faut le montrer à la fois fâché contre sa fille (à cette époque, une promesse -a fortiori de mariage- faite à une famille était capitale) mais faire aussi comprendre qu’il comprend lui-même combien il veut aussi le meilleur pour sa fille.

Et tous ses récitatifs accompagnés ainsi que ses duos et ensembles conclusifs sont emplis d’énergie et de dramatisme : mon rôle est empli de densité et de puissance, du début à la fin. Je dois ainsi mettre dans ma voix et ma prestation tout ce drame intense et intime. 

Ce personnage doit l’exprimer avec intensité et sur un tempo allègre dans son aria “Là dai regni dell'ombre” (Là dans le royaume des ombres et de la mort, Tu t'approches de moi, ô vengeance). Ses arias traduisent sa lutte intérieure, terrible. Il voit cependant les grands problèmes et les guerres arriver. Il essaye alors de convaincre, de toute sa force de père et de chef de famille. Il passe son temps à lutter contre l’amour de sa fille, jusqu’à la mort, et quand il réalise qu’il l’a perdue pour toujours, il questionne alors ses actions, et se dit qu’il aurait dû faire les choses différemment pour elle. 

Au final, il se trouve déchiré, dans une lutte intestine entre deux visions de la famille et du devoir : le devoir envers sa famille et le devoir de famille. »

Notre article grand format présentant cette production à Versailles vous attend ici, et vous pouvez retrouver tous les épisodes de cette série d’Airs du Jour :
1. Roméo par Franco Fagioli
2. Juliette par Adèle Charvet
3. l'amour de Juliette et Roméo
4. la mort de Roméo et Juliette
5. Gilberto par Nicolò Balducci
6. Mathilde par Florie Valiquette
7. Everardo par Krystian Adam
8. Teobaldo par Valentino Buzza
9. Orchestre Royal
10. Chœur Royal