Zémire et Azor à l'Opéra Comique : Zémire
« Zémire est la cadette de Sander, ses sœurs sont Lisbé et Fatmé. Après avoir tout perdu au cours d'un voyage, Sander trouve refuge dans un château et cueille une rose dans le jardin de celui-ci pour Zémire. C'est alors qu'Azor (le prince changé en bête) se dévoile et demande une contrepartie pour cette faute : Sander devra lui donner une de ses filles.
Sander désespéré rentre, ne sachant que faire. Zémire avait demandé le cadeau le plus simple (Fatmé et Lisbé ayant demandé des rubans et des dentelles), mais c'est son souhait qui apporte le malheur. Lorsqu'elle apprend que son père veut retourner au château pour se sacrifier à sa place, elle s'y refuse et se rend au monstre en échange de la liberté de son père.
D'abord glacée d'effroi, elle se rend compte qu'il tremble plus qu'elle et ne cherche qu'à lui plaire. Sa laideur est sans doute le fruit d'un enchantement. Lorsqu'il lui permet de revoir sa famille et la rend libre, elle comprend qu'il l'aime véritablement car il mourra si elle ne revient pas. Elle retourne donc chez son père mais il ne comprend pas qu'elle puisse chérir un monstre. Elle lui montre l'anneau qu'Azor lui a donné. Si elle le garde, elle pourra continuer sa vie comme avant. Si elle le quitte, elle le sauve et lui prouve son amour.
Sander veut la forcer à rester mais elle craint pour la vie d'Azor. Elle réussit à quitter de force son père et retourne au château, craignant qu'il ne soit trop tard. Cherchant Azor désespérément, elle lui avoue qu'elle aime et rompt le charme qui le transformait en bête.
Zémire est la dernière de trois filles donc celle qui a le moins vécu mais elle est la plus altruiste. Quand elle apprend que son père risque sa vie pour elle, elle n'hésite pas une seconde pour se sacrifier à sa place (malgré les protestations d'Ali, le serviteur de Sander) et même si elle a peur au début, elle voit le bon chez Azor très rapidement. C'est une personne qui voit le bon chez les personnes qui l'entourent et qui se bat pour les gens qu'elle aime.
Le texte de cet opéra est en vers, ce qui est très intéressant pour la prosodie, pour les respirations. C'est la première fois que je fais un spectacle avec texte parlé et chant, donc j'ai dû trouver une manière de déclamer le texte qui ne me fatiguerai pas pour ensuite chanter. Aussi, dans la vie de tous les jours je parle très vite donc j'ai dû faire beaucoup d'efforts pour ralentir ma manière de parler, ce qui n'est pas du tout naturel pour moi, mais dès que je le fais, la noblesse du texte ressort tout de suite, ainsi que les rimes.
Zémire a des moments intimes : quand son père lui offre la rose, elle la reçoit avec solennité et tendresse, mais se montre ferme, dramatique et têtue envers Ali lorsqu'elle veut savoir ce qu'a son père. Ali lui montre le château et elle a tout de suite très peur, mais elle prend sur elle pour ne pas monter sa peur et le rassurer : elle est courageuse. Curieuse de voir plus loin que les apparences, elle laisse Azor s'expliquer et apprend à le connaître et compatit pour son sort.
Le dernier air "Azor, Azor !" est le moment où elle se rend vraiment compte qu'elle tient à lui. Dans la scène précédente avec son père, elle commence à s'en rendre compte mais là elle vient de revenir au château. Pensant qu'il est mort car elle n'est pas revenue à temps, elle se sent coupable et désespérée car il l'a rendue libre par amour sachant ce qui l'attendait. Elle comprend alors qu'elle l'aime mais qu'elle l'a aussi trahi et cela lui brise le cœur.
Les personnages de cet opéra sont drôles, dramatiques, attachants. Sander est tragique, il voit tout en noir et cela le rend très comique car il réagit toujours avec excès. Ali est très peureux et se retrouve souvent là où il ne faut pas. Les sœurs pleurent de ne pas avoir leurs cadeaux alors que leur père annonce qu'il sont ruinés. Tous les personnages pensent à eux-mêmes alors que Zémire pense aux autres et comment les aider.
Nous rions beaucoup pendant les répétitions à chercher la manière de dire une phrase : avec tel ou tel mot accentué cela change le sens. La démarche d'Azor en monstre, Ali qui court chercher des objets pour son maître, la relation Ali / Zemire avec leurs deux tempéraments… Et vraiment, le travail du texte est incroyable, l'accentuation de certains mots, prendre le temps. »
Retrouvez chaque jour un nouveau protagoniste dans un nouvel épisode de cette série, et rendez-vous Salle Favart du 23 juin au 1er juillet 2023 pour assister à cette production