Les Divas Noires de Fabrice di Falco : Leontyne Price
Dans toute cette série, Fabrice di Falco nous rappelle combien ces chanteuses sont pour lui comme des membres de sa famille : “D’ailleurs, poursuit-il au sujet de Leontyne Price, j’avais une tante nommée Leontyne. Rien qu’en cela, c’était Tatie Leontyne. Elle était une grande Diva dans le noble sens du terme, comédienne et extrêmement intéressante dans son faciès : elle chantait avec son visage, ses yeux et son aura (rappelant combien la voix est le reflet de la personnalité). Elle est pour moi un peu comme cette pâtisserie l’Opéra. Elle est une vraie star, c’était la Maria Callas noire.
Maria Callas figure aussi bien entendu aux sommets pour moi, mais j'avais aussi envie de montrer que des femmes de couleurs et d'origines différentes ont pris la voie et la voix de l'opéra (pas seulement du jazz, du gospel, du blues ou de la musique traditionnelle). Cette voie de rigueur, de perfectionnement, de travail quotidien. D'ailleurs, j'ai commencé par écouter l'opéra sans voir d'autre image de chanteuse que celle de La Callas et je n'ai découvert qu'après qu'il y avait des chanteuses d'opéra autres que Callas, y compris des femmes noires.
Au-delà du français parfait (comme nous en parlions hier avec “Mon cœur s’ouvre à ta voix” de Samson et Dalila par Shirley Verrett), Leontyne Price (née en 1927) chante ainsi la gitane, très humble et très star à la fois, loin de toute image facile ou vulgaire.
Je la vois comme une prêtresse de l’amour, c’est la femme “Potomitan” comme on dit aux Antilles et en Afrique : la femme de caractère qui décide et dirige, elle est enracinée dans ses origines, sa rigueur d’éducation, presque portant le pantalon, un peu comme les femmes et mères juives et siciliennes (ce qui me rapproche aussi de mes racines du côté de mon père). Carmen décide de son avenir, même si elle le lit aussi dans les cartes, dans la magie : cela aussi résonne avec les Outre-Mer.
Pour ma part j’ai eu la chance de faire le rôle avec orchestre avec Marie Perbost en Micaëla, à l’Abbaye de Cluny et je me suis rendu compte qu’il fallait la voix de plusieurs femmes pour enchaîner les airs. C’est donc grâce à toutes ces femmes noires en moi que j’ai pu chanter le rôle. Cette Habanera est le premier morceau féminin que j’ai chanté.”
Parcourez l’histoire de l’opéra, des divas noires et de Fabrice di Falco avec les 10 épisodes de cette série :
1- “Ah mio cor” d’Alcina par Christiane Eda-Pierre
2- Ave Maria de Schubert par Marian Anderson
3- Lamento de Didon par Jessye Norman
4- Cinco Canciones negras par Barbara Hendricks
5- “Mon cœur s’ouvre à ta voix” de Samson et Dalila par Shirley Verrett
6- “Habanera” de Carmen par Leontyne Price
7- “Che farò senza Euridice”, Orfeo de Gluck par Grace Bumbry
8- “Si suoni la tromba / Mio tesoro” de Scarlatti par Kathleen Battle
9- “Elle a fui, la tourterelle”, Les Contes d'Hoffmann par Mattiwilda Dobbs
10- “Summertime” de Porgy & Bess par Ella Fitzgerald