Wozzeck à Monte-Carlo : l’Orchestre
Tous les précédents épisodes de cette série vous ont présenté les personnages de cet opéra par leurs interprètes, et à la question de savoir si l'orchestre de Wozzeck est un personnage, le chef Kazuki Yamada, Directeur Artistique et Musical de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo nous le présente d’emblée ainsi : “L’orchestre contribue pleinement au dessin des personnages et va devenir lui-même un personnage dialoguant avec les autres. Le son de l'orchestre dans cette partition est unique, et il en va de même pour l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo qui a un son français avec de l'italien, qui a du caractère avec un grand sérieux et ne cesse de s'améliorer (tout en ayant un grand potentiel).
L'orchestre vient ainsi déployer le sens, l'objet de cette partition, la signification, les motifs voulus par Berg pour ce drame. La musique de Berg est moderne, mais son travail est très clair notamment dans l'expression des émotions des personnages. Il n'y a pas des leitmotiv (motifs musicaux accompagnent des personnages) comme chez Wagner, mais les idées de la partition sont très connectées, par le génie de Berg. Retrouver ces connexions est très enthousiasmant, c'est aussi ce qui fait de l'orchestre un personnage dans ce drame. Il doit notamment présenter et soutenir les différents caractères de la partition : non pas seulement la violence (qui est assez évidente) mais aussi la grande beauté. Certains chefs n'ont jamais dans leur carrière la chance de diriger cette partition. C'est la première fois que je dirige Wozzeck, pour la première fois que Wozzeck est joué à Monte-Carlo : c'est un défi unique pour une partition qui demande la réunion de l'esprit, du cœur et du corps."
Cette richesse et ces contrastes musicaux ont fondé le travail de Michel Fau sur sa mise en scène (et donc les personnages) : "Dans le Wozzeck de Berg, il y a de la musique savante, populaire, de bastringue même, presque folklorique ou totalement tragique, éthérée ou sarcastique. C'est tout ce mélange qui me plaît, le tragique et le grotesque, qui sont présents ici dans le texte et dans la musique. La voix est aussi magnifique chez Berg : avec par moment du très beau chant presque mélodieux, et à d'autres moments une grande trivialité presque parlée et même un peu sale. Cette rencontre est sublime : il ne faut surtout pas lutter mais se laisser porter par la partition."
Le mélange et la rencontre s’annoncent d’autant plus intense entre cette œuvre et le lieu unique qu’est la Salle Garnier, “très brillante, dorée, riche alors que Wozzeck est à l'opposé, une histoire de pauvre, admet Kazuki Yamada. Mais la réunion des opposés est très intéressante, c'est ce qui fait la magie de l'opéra. Je suis impatient de travailler cette richesse de la diversité et d'en travailler l'alchimie.” “Je suis très fier qu'il s'agisse de la création à Monte-Carlo, poursuit Michel Fau, dans ce lieu magique de surcroît. La Salle Garnier a aussi une dimension intime, formidable pour cette œuvre. Je connais aussi la ville, où j'ai beaucoup joué au Théâtre Princesse Grace, j'ai aussi joué George Dandin dans un lieu plus grand. Le public est charmant.”
Rendez-vous est pris les 25, 27 et 29 mars 2022 pour l'entrée de Wozzeck au répertoire de l'Opéra de Monte-Carlo.
Pour naviguer parmi les Airs du Jour de cette série, cliquez sur les liens ci-dessous :
1. Wozzeck
2. L'Enfant
3. Le Tambour-Major
4. Le Capitaine et le Médecin
5. Andres
6. Marie et Margret
7. Les deux ouvriers
8. Le Fou
9. Le Chœur
10. L’Orchestre