Vocabulaire français d'opéra - Baroque : Haute-contre et Taille
La voix de "haute-contre" est caractérisée par une tessiture haute (aiguë et soulevée) et un timbre lyrique, pour laquelle ont été écrits une infinité de rôles-titres à l'opéra baroque. Elle est souvent comparée à celle de contre-ténor, voix masculine équivalente de l'alto principalement, mais le chanteur haute contre est un ténor (voix masculine) certes aigu et allégé alors que le contre-ténor chante en voix de fausset (plus lié à la technique vocale "féminine"). "Haute-contre" est positionné en dessous du bas-dessus et il est au-dessus de la voix de "taille". Voici la "haute-contre" belge Reinoud van Mechelen, interprétant un air de Marc-Antoine Charpentier.
Dans cet opéra intitulé La descente d'Orphée aux enfers, l'air d'Orphée (troisième scène du deuxième acte) le situe aux enfers où le héros tiré des Métamorphoses d'Ovide chante une supplique envers l'Amour pour soulager ses peines.
ORPHÉE
Souviens-toy du larcin que tu fis a Ceres,
Souviens-toy que l'Amour, dans les yeux pleins d'attraits
De ton Epouse incomparable,
Choisit le plus beau de ses traits
Dont le coup sçeut percer ton cœur impénétrable.
C'est par ce coup heureux, dont ton cœur fut blessé,
C'est par ces yeux charmants d'ou le trait fut lancé
Que le fidelle Orphée a tes pieds te conjure
De soulager l'excez des peines qu'il endure ;
N'ont-ils plus les appas dont tu fus enchanté ?
La voix de "taille" (ténor) fut souvent considérée comme la plus naturelle qui soit, celle qui se rapproche de la voix humaine. Un des rôles importants est par exemple Thésée dans l'opéra homonyme de Lully. Une fameuse "taille" montante de notre époque est sans doute Emiliano Gonzalez-Toro, artiste suisse d'origine chilienne. Voici le monologue d'Irus du Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi qu'il interprète avec l'accompagnement de l'ensemble baroque Le Concert d'Astrée.
Ce monologue plaintif du servant Irus ouvre le troisième acte. Le glouton Irus, seul survivant du massacre des prétendants qui le nourrissaient, est à présent affamé (« O dolor, o martir che l’alma attrista »). Il s'agit d'un personnage comique, ridicule (parte ridicula) qui fait son adieu et à la fin de sa prestation se suicide, après des éclats de rire hystériques.