Vocabulaire français d'opéra : Falcon
Pour commencer cette série, nous introduisons les voix nommées par antonomase (un nom propre devient un nom commun, ici un célèbre chanteur ou une célèbre chanteuse devient une typologie de voix). Le premier de nos exemples est la "Falcon", une voix de soprano dramatique en hommage à Cornélie Falcon (1812-1897), la créatrice des rôles de Rachel dans La Juive de Jacques-Fromental Halévy ou encore Valentine dans Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer. Sa carrière ne dura que six ans, de 1834 jusqu'à 1840 lorsqu'elle perdit sa voix, mais elle est inscrite dans la légende.
La Falcon de notre temps est sans doute la soprano américaine Jessye Norman, dont nous présentons la lamentation de Didon pour Didon et Enée de Purcell. Par ailleurs, sa voix puissante et dramatique convient aussi aux héroïnes wagnériennes, qu'elle illustre dans l'autre extrait ("La mort d'Isolde").
Cet air qui clôture l'opéra Tristan et Isolde est une véritable apothéose. Isolde qui souhaite mourir avec son bien aimé Tristan (qui a déjà trépassé après le combat avec Melot), afin qu'ils soient réunis dans l'autre-monde. Les deux personnages, d'abord ennemis (Isolde est la captive de Tristan qui l'amène au roi Marke) ils deviennent amants après avoir ingurgité le philtre d'amour.
Dans le troisième acte de Didon et Enée, Enée prépare avec ses marins les navires pour le départ, suivant le conseil de Mercure. Les créatures maléfiques de la Magicienne envahissent les bateaux afin d'assaillir Enée en pleine mer (« See the flags and streamers curling »). Pendant ce temps, Enée vient dire adieu à Didon. Celle-ci lui reproche amèrement sa trahison. Enée décide alors de braver les ordres de Jupiter et de rester. Mais, offensée qu'il ait songé à la quitter, Didon le chasse. Un chœur de courtisans regrette que les grands esprits refusent les remèdes qu'ils chérissent pourtant. Demandant à Belinda de se souvenir d'elle mais pas de ses fautes, Didon se donne alors la mort (« When I am laid in earth »).