Lundi de Pâques - La Résurrection (Haendel)
Le Lundi de Pâques marque pour la religion chrétienne le premier jour après la résurection de Jésus Christ : le lendemain de la chasse aux oeufs de Pâques et de la Semaine Sainte.
Les musiciens comme tous les artistes et les penseurs se sont évidemment inspirés de la Liturgie, en particulier durant l'époque baroque où les compositeurs vivaient par (et parfois pour) l'Eglise. Des formes se sont ainsi façonnées pour porter la parole divine en musique, comme l'oratorio -forme initiée dans les oratoires en s'inspirant des opéras, avec la puissance lyrique mais sans mise en scène et au service du Testament.
Haendel (comme son contemporain de Bach) compose ainsi plus d'une trentaine d'oratorios, dont le fameux Messie. En ce jour de Pâques célébrant le repos et le début de l'après, voici sa résurrection :
notre comte-rendu de cet opus au Festival d'Ambronay
Haendel est alors parti d'Allemagne pour Rome afin de se former au plus près au génie musical italien, et d'y puiser toute sa passion. Il reçoit commande d'oeuvres religieuses (notamment cette Résurrection créée le dimanche de Pâques 8 avril 1708 au Palais Bonelli avec pas moins de 40 musiciens). L'oratorio, les oeuvres religieuses dans les Eglises mais aussi les Palais sont d'autant plus florissantes que l'opéra (païen) est interdit : le premier concert de cet opus osa laisser chanter une femme (la diva Durastanti), elle sera immédiatement congédiée pour céder la voix à un castrat.
La construction de cette résurrection est limpide comme le veut l'oratorio dans son message religieux : alternant récitatif/aria (Parole d'évangile et les émotions qui viennent émouvoir et convaincre comme au catéchisme). Les personnages sont aussi nets que des allégories :
Lucifer (personnage emblématique dans la liturgie et l'imagerie populaire, mais aussi dans cette partition où il incarne un des plus éloquents exemples de voix de basse), Marie-Madeleine (soprano), un ange (soprano), Saint Jean l'Apôtre (ténor) et Marie, femme de Cléophas (alto).
Il manque donc quelqu'un et non des moindres : mais cela permet de penser d'autant plus à Jésus qu'il n'est pas représenté alors qu'il est l'objet de tous, cela symbolise aussi sa présence dans l'absence (ressuscité, il est monté aux cieux)