Come Sorrow : Brexin musical
Deal, No-Deal, Backstop, Customs Union ? Come Sorrow !
À l'heure où la seule certitude du Brexit est qu'il continue de déchirer une Europe tellement fragile, un disque nous rappelle les sublimes et légendaires vertus, du Brexin : littéralement.
Sait-on vraiment combien l'Angleterre est présente et belle en France ? Sait-on qu'il y existe un théâtre élisabéthain en hommage au légendaire théâtre du Globe de Shakespeare ? Ce théâtre inauguré en 2016 à Condette (Pas-de-Calais) est rattaché au château d'Hardelot, qui abrite depuis 2009 le centre culturel de l'Entente Cordiale (une expression qui fêtera ses deux siècles dans 10 ans : deux siècles d'amitiés franco-britannique, so precious). Le Centre et le Château hébergent également le Midsummer Festival qui fête ses 10 ans cette année au Théâtre.
Pour toutes ces raisons, pour cette actualité qui résonne si gravement avec cette histoire, mais aussi pour son acoustique boisée (à l'image du théâtre de Shakespeare, bien entendu),
l'ensemble “Près de votre oreille” fondé un an avant ce Théâtre d'Hardelot n'aurait pu trouver meilleur endroit pour graver la mélancolie de la musique Élisabéthaine dans leur premier album : Come Sorrow.
La période Élisabéthaine (de la Reine d'Angleterre Élisabeth Ire, 1558-1603) est Shakespearienne mais aussi musicale et mélancolique, incarnée par trois compositeurs au programme de ce disque : Robert Jones (dont Shakespeare cite d'ailleurs la chanson Farewell, Dear Love dans la comédie La Nuit des rois), John Dowland et Tobias Hume. Les deux premiers sont également luthistes, le troisième est violiste : deux instruments qui se combinent avec deux voix pour former l'effectif de cet album, parce qu'il est l'effectif de Come sorrow - composé par Robert Jones.
"Come Sorrow" , oxymore sublime et emblème du génie britannique, appelant, désirant la tristesse mélancolique : tels sont les premiers mots de l’album, portés par un oxymore vocal et instrumental. La profonde et noble voix basse de Nicolas Brooymans, le mezzo rayonnant d'Anaïs Bertrand auxquels répondent, avec lesquels dialoguent en consort la douce fondation grave feutrée de la viole (Robin Pharo) sous les arpèges au luth de Thibaut Roussel.
Come Sorrow épanouit, apaise et appelle le chagrin, comme une piste de l'album appelle l'autre, dans une mélancolie constamment émouvante (elle sourd, toujours, par un feulement d'archet ou de plectre, un grave caverneux ou un aigu flûté, y compris pour les guillerettes Frog Galliard, Fie Fie, Souldiers Song, Tobacco).
Jusqu'au sublime Flow my teares de Dowland connu en version luth-voix (notamment remis au goût du jour par Sting en 2006) ici à quatre voix... avant une piste bonus en Crépuscule.
Nouveau théâtre élisabéthain d'Hardelot par Andrew Todd #architecture #teamarchi #hardelot #andrewtodd pic.twitter.com/DKpEY0tRiG
— Martin Argyroglo (@argyroglo) 20" class="redactor-linkify-object">https://twitter.com/argyroglo/... juin 2016
Retrouvez notre compte-rendu de ce programme en concert à Grévin l'année dernière et retrouvez-le à l'Athénée ce lundi 1er avril 2019