Nino Rota "Il Cappello di Paglia di Firenze" à l'Auditorium de Bordeaux
C'est un public heureux qui est sorti hier de la première de Il Cappello di Paglia di Firenze de Nino Rota qui a été présenté, sous forme d'opéra de poche, à l'Auditorium de Bordeaux par le chœur de l'Opera de Bordeaux, dirigé par son chef, Salvatore Caputo.
Nino Rota est connu par le grand public surtout pour sa collaboration avec les grands noms du cinéma (Federico Fellini, Francis Ford Coppola, Luchino Visconti, etc.) et pour avoir signé des bandes sonores qui sont restées à jamais dans l'imaginaire collectif.
Mais Nino Rota est beaucoup plus que ça : c'est un compositeur qui a brillé aussi dans le répertoire classique.
Enfant prodige de la composition, il rentre à seulement 12 ans au Conservatoire de Milan. Il poursuit ses études avec deux grands compositeurs italiens du début du siècle : Alfredo Casella et Ildebrando Pizzetti.
Conseillé par un des plus célèbres chef d'orchestre de l'époque, le « maestro » Arturo Toscanini, Nino Rota part se perfectionner à Philadelphie, où il est admis dans la prestigieuse école Curtis Institute of Music.
Dans la production de Nino Rota, on trouve des Symphonies, des Ballets, des Opéras, des Concertos, de la musique orchestrale et vocale, de la musique de chambre et beaucoup de bandes sonores avec lesquelles il a gagné des innombrables prix (Golden Globe, Grammy Awards, Oscar pour Il Padrino, David di Donatello, etc.).
« Il Cappello di Paglia di Firenze », joyau de l'opéra italien après-guerre, est une œuvre pétillante, amusante et magistralement composée.
Elle est inspirée de la pièce de théâtre écrite en 1851 par Eugène Labiche.
C'est un vaudeville intrigant, où une succession d'événements déjantés mènent le protagoniste, Fadinard, à une folle course contre la montre, le jour de son mariage, pour trouver un chapeau en paille de Florence, car son cheval a mangé le chapeau d'une femme adultère…
Le reste de l'histoire à vous de la découvrir !
Concernant cette production, on ne peut que féliciter toute l'équipe ! Julien Duval, le metteur en scène, a su utiliser cet espace inconventionnel avec une conception très dynamique et onirique aidée par les décors d’Olivier Thomas et les costumes signés Aude Desigaux.
Très belle prestation des solistes et du chœur de l'opéra de Bordeaux.
Le protagoniste, Fadinard, est interprété par l'excellent ténor Daniele Maniscalchi, qui fait preuve d'une belle vocalité, riche en nuances et en sensibilité. Il anime le personnage avec beaucoup d'aisance, témoignant d'une grande présence scénique.
Très belle prestation de la basse Jean-Pascal Introvigne, voix chaude et puissante, qui interprète le rôle de Beaupertuis, le mari jaloux. Son interprétation est très drôle et efficace.
Rebecca Sørensen, la future épouse de Fadinard, et Maria Goso, Anaide, la femme adultère, brillent pour leur efficacité et pour la beauté de leur voix : cristalline et transparente la première et chaude et sensuelle la deuxième.
Très bien aussi Eugénie Danglade, qui interprète la « Baronne » avec beaucoup d’humour, et Héloïse Derache, la « modiste ».
Belle la voix de Loic Cassin, Nonancourt, qui rend très efficacement le rustre et aimant père de la mariée, et très drôle Jean-Philippe Fourcade dans le rôle du soldat-amant.
Bien Mitesh Khatri dans le rôle de l'oncle sourd.
Belle préstation du chœur qui a accompagné efficacement et avec vivacité les périples des protagonistes.
Très bien Tristan Chenevez qui nous a enchantés avec son talent de violoniste et d'acteur.
Dernier mot pour remercier Salvatore Caputo, le chef du chœur de l’Opéra de Bordeaux, non seulement pour sa direction impeccable, mais aussi pour cette belle initiative, pour sa ténacité à défendre la musique face à l’austérité des administrations et pour sa volonté d’amener la musique vers le public bordelais.
Ce beau spectacle, on aurait aimé le voir sur la scène de l'Opéra, accompagné par l'orchestre du Théâtre, mais on est quand même ravi d'y avoir assisté.
On espère qu'il y aura de plus en plus d'opéras mis en scène à l'Opéra de Bordeaux.
Vive la musique ! Vive l'Opéra !
RMA