En Bref
A savoir sur cette production
Avant-dernier ouvrage de Haendel et seul de ses oratorios fondé sur un sujet chrétien,Theodora est, au-delà d’une page testamentaire, un sublime plaidoyer pour la tolérance. En 1749, le musicien est âgé de 64 ans. Ses succès dans l’opera seria sont déjà loin et, depuis dix ans, il s’est tourné vers la forme oratorio. Avec une intensité dramatique digne des plus grandes tragédies, l’œuvre exalte le martyre au début de notre ère d’une chaste chrétienne persécutée par les romains. Même l’amour de Dydime, jeune centurion converti, ne pourra la sauver. Tout au long de l’ouvrage, Theodora aimera, souffrira et mourra avec une sincérité bouleversante. Haendel lui-même tenait Theodora pour son oratorio préféré. Il lui réserva d’ailleurs quelques-unes de ses plus belles pages (l’air « With Darkness deep » de la martyre, ceux d’Irène ou encore le duo final de l’acte III). Sa partition est grandiose et toujours soucieuse de caractérisation psychologique de ses personnages. Toutes les couleurs et nuances musicales y sont convoquées pour exalter la vertu et la foi. Aux chœurs, ici stupéfiants d’émotion, le compositeur fait tour à tour alterner de majestueuses pages illustrant la violence des romains face à la compassion des chrétiens.
Pour servir ce chef-d’œuvre crépusculaire, sont réunis le metteur en scène britannique Stephen Langridge et le chef William Christie, fin connaisseur du corpus haendélien (il avait d’ailleurs triomphé dans Theodora pour ses débuts à Glyndebourne il y a une vingtaine d’années dans une production alors signée Peter Sellars). Ce drame de la tolérance sera interprété par une distribution de haut vol et rompue à ce répertoire, notamment la jeune Katherine Watson dans le rôle-titre, Stéphanie d’Oustrac dans celui de la fidèle Irène et Philippe Jaroussky en romain converti qui fera tout pour sauver Theodora. En vain.