Argument
Acte I
Eurydice, accompagnée de son père Endymion, consulte un augure afin de connaître le sort réservé par les dieux à son mariage, prévu avec Orphée, le fils du Soleil. Déjà la jeune fiancée éteint les doutes de son père et de sa nourrice (« Comment ce cœur sublime »). Hélas, les augures s’avèrent terribles (« Mauvais présages, envolez-vous »). Dans les bras de son père et de sa nourrice, Eurydice décide de ne pas tenir compte de cet avertissement (« Celui qui offre son cœur embrasé »). Orphée paraît : les deux fiancés se promettent un bonheur éternel malgré les mauvais présages, confiants dans la force de leur amour (« Quelle douceur que l’assurance de deux cœurs aimants »). Le père d’Eurydice bénit leur amour (« Ma douce fille, quelle musique »).
Le jeune Aristeo, fils de Bacchus, éperdument amoureux d’Eurydice, ne peut cacher sa détresse devant l’imminence du mariage de son amante (« Que ne pleure ni ne soupire »). Satire tente en vain de le réconforter, pointant la vanité de la jalousie (« Jalousie, sale bête indiscrète »). Trois grâces annoncent alors l’arrivée de Vénus et d’Amour (« A l’apparition d’Amour et de Vénus »). Les deux dieux reprochent à Aristeo de rejeter la faute de son amour sur eux (« Qui se meurt dans d’affreux tourments »). Vénus annonce à Aristeo que le destin est tracé et qu’il est impossible d’empêcher le mariage d’Orphée et Eurydice : le jeune homme n’attend dès lors plus que la mort (« Que fais-tu avec moi ? »). S’il ne peut plus disposer du corps de sa bien-aimée, Vénus l’encourage à conquérir son âme. Afin de l’aider dans cette entreprise, elle l’accompagnera sous les traits d’une vieille femme rusée. La déesse lui promet qu’Eurydice sera à lui ou bien à personne. Aristeo exulte (« Belle déesse, chaque dieu s’éprend de ta beauté »).
Sur les lieux du mariage, les convives acclament les nouveaux époux (« Avec l’or le plus brillant »). Momus (le dieu de la raillerie) impose alors sa présence, chantant un air grinçant (« La femme est une chose »). Les deux nouveaux époux échangent leurs vœux (« Si Amour fait en sorte »). Sous le charme, les convives conjurent les dieux de leur éviter l’adversité promise (« Ô ciel, pitié, miséricorde ! »).
Acte II
Sous son apparence de vielle femme, Vénus, bien décidée à se venger du Soleil (qui avait révélé à Vulcain ses amours avec Mars) accompagne Aristeo, feignant de s’intéresser à lui (« Espoir, pour le dire comme il en est »). Eurydice paraît, confiant à sa nourrice que les sombres présages sont déjà perceptibles. Vénus lui conseille alors de changer de mari, afin de conjurer les augures (« Amants, si vous ne souhaitez pas souffrir ») : Eurydice s’y refuse catégoriquement (« Mon bien aimé, je trouverais le tourment »). Toutes les manipulations destinées à la faire plier restant vaines (« La beauté est fugace et faible »), Satire propose à Aristeo d’enlever la jeune femme pour la lui livrer (« Amour, malgré toi je serai un amant »).
Alors que les bergers chantent au loin (« Doux berger qui démontre »), Orphée redoute que les mauvais présages ne se réalisent et apportent les pleurs. Mais Eurydice le réconforte, confiante dans l’avenir et dans la protection d’Amour (« Dans les champs de l’air »). Tandis qu’Eurydice cherche le repos au milieu d’une prairie (« Dormez, beaux yeux, dormez »), des dryades l’invitent à danser (« Au pouvoir d’Amour qui ne succombera »). Satire lui envoie alors un serpent qui lui injecte son venin. Mais lorsqu’Aristeo se présente pour lui apporter le remède, Eurydice refuse son aide impure et expire avant qu’Orphée n’ait pu la rejoindre. Le monde et le Soleil pleurent Eurydice (« Ah, pleurez, versez des larmes »).
Acte III
Seul, Orphée pleure sa bien-aimée (« Où allez-vous, messagères »). Il invoque les Parques (divinités de la destinée humaine) qui n’ont pas le pouvoir de ramener Eurydice à la vie. Mais elles lui conseillent d’aller lui-même la chercher aux enfers, et offrent de lui en indiquer le chemin (« Plus le fil que nous avons filé »). De son côté, Aristeo, au désespoir, réclame aux dieux que la mort vienne le cueillir. Mais le spectre d’Eurydice lui apparaît, le condamnant à vivre rongé par le remord. Satire et Momus, regrettant de voir la mélancolie s’emparer du monde depuis la mort d’Eurydice (« Va donc, mélancolie »), retrouvent alors Aristeo, gagné par la folie (« Votre splendeur, ô yeux sereins »).
Aux enfers, le passeur du Styx, Charon, parlemente avec le dieu des enfers, Pluton, afin de laisser Orphée pénétrer le royaume d’en bas. L’amante du dieu, Proserpine, prenant également la défense du fils du Soleil, Pluton accepte d’entendre Orphée. Ce dernier, accompagné de sa lyre envoûtante, parvient à l’attendrir (« Moi qui ai été abandonné »). Pluton accepte dès lors de rendre Eurydice à Orphée, à condition que ce dernier ne se retourne pas avant d’avoir retrouvé le royaume des mortels. Les deux époux se retrouvent ainsi, prêts à quitter les enfers (« Je ne saurais vivre une autre existence »). Cette inhabituelle allégresse est célébrée par des danses (« Vive Pluton, notre roi »).
Charon regrette qu’Orphée ne soit pas parvenu à respecter la consigne de Pluton : s’étant retourné avant de quitté les enfers, il a irrémédiablement perdu son épouse. Voyant les portes des enfers se fermer devant lui et l'empêcher de rejoindre son épouse, Orphée décide d’y pénétrer comme n’importe quel mortel : en perdant la vie (« Abandonnez l’enfer, ô peines »).