Argument
Acte I
Au XVIIIè siècle, dans une caserne de cuirassiers polonais, les soldats fêtent la fin de la guerre : chacun va retourner chez soi tout en restant prêt à revenir défendre les couleurs de la patrie. Parmi eux, deux frères, fils de Majordome, Stefan et Zbigniew, jurent même de rester célibataires afin de n’être pas retenus par une femme et des enfants en cas de nouveau conflit.
Au village des deux frères, une fête s’organise en l’honneur de leur retour. Les deux jeunes hommes arrivent, accompagnés de leur serviteur Maciej, et l’on partage avec eux le pain et le sel, comme le veut la coutume. Émus, les deux frères rendent hommage à l’antique maison, à la piété de ceux qui l’habitent et à leur défunte mère dont le souvenir les assaille. Ils se réjouissent à l’idée de la vie paisible qu’ils mèneront à présent, à travailler dur pour cultiver leurs terres, se promettant une nouvelle fois de ne pas laisser entrer une femme chez eux. Mais aussitôt cette règle énoncée, ils décident de l’enfreindre, ne pouvant refuser de laisser entrer leur tante, Veuve de l’Echanson (officier en charge de servir à boire aux personnalités de haut rang afin d’éviter toute tentative d’empoisonnement). Cette dernière est bien décidée à marier ses deux neveux aux filles du riche Trésorier de Skier. Mais les deux frères lui annoncent leur souhait de rester célibataires ayant pour seul projet de faire prospérer leurs biens. Ils souhaitent également se rendre à Kalinow voir l’Ecuyer Miecznik qui devait beaucoup d’argent à leur père et dont ils souhaitent recouvrer la créance. Ce dernier ayant été un proche ami de leur père, ils ne peuvent envisager d’autre solution que de s’y rendre en personnes. Leur tante s’y oppose, redoutant que ses neveux ne se laissent séduire par les deux ravissantes filles de ce dernier : elle prétexte que le manoir de cette personne est hanté et que les deux frères y laisseraient leur vie. Si les domestiques sont saisis d’effroi au récit de la Veuve, les deux frères, en bons soldats, se rient du danger.
Acte II
Chez Miecznik, les deux filles de l’Ecuyer, Hanna et Jadwiga, prennent part à la confection d’une tapisserie qui doit habiller la chapelle du village. Mais loin d’avoir le cœur à l’ouvrage, tout le monde pense aux hôtes attendus pour le soir, veille du Nouvel An. Les demoiselles décident de lire leur avenir en versant de la cire chaude dans de l’eau froide, au grand dam de Damazy dont la cour assidue laisse Hanna indifférente. Miecznik lui-même se prend au jeu, heureux de voir apparaître dans la cire deux chevaliers accompagnés de charrues. Il les espère déjà honnêtes, bons, pieux et courageux, prêts à prendre les armes pour leur patrie.
C’est alors que paraît la Veuve, toute heureuse d’être parvenue à devancer les deux frères. Elle explique à Miecznik et à ses filles que les deux frères ont juré de rester célibataires et insinue qu’ils sont craintifs et superstitieux : elle en veut pour preuve leur crainte que le manoir ne soit hanté. Elle peint ainsi tout le contraire de ce que l’Ecuyer voudrait trouver chez ses gendres. Hanna décide de leur jouer un tour.
Arrive alors un chasseur, Skoluba, persuadé d’avoir tué un sanglier. Mais ses amis mettent sa version en doute et l’accusent d’avoir raté sa cible : la bête aurait été tuée par un coup de feu tiré au même instant depuis le carrosse amenant les frères Stefan et Zbigniew. Skoluba enrage, craignant de ne pas pouvoir emporter sa prise. Les deux frères paraissent, accueillis avec solennité par Miecznik. Ils saluent les deux filles de l’Ecuyer tandis que leur serviteur Maciej, effrayé par les histoires de la Veuve, se dispute déjà le sanglier avec Skoluba. Tous les convives se dirigent alors vers la salle à manger.
Acte III
Le chasseur Skoluba présente à Maciej (le serviteur des deux frères) la chambre où il doit dormir, seul. Il s’agit d’une grande chambre glacée décorée par une horloge et quelques tableaux anciens. Skobula, voyant son rival de la chasse au sanglier effrayé, lui explique que l’horloge, bien qu’elle ne soit plus remontée depuis un siècle, s’anime d’elle-même lorsqu’un étranger dort dans la chambre, tout comme les portraits des aïeuls accrochés au mur. Laissé seul, il aperçoit en effet les portraits, qui ne sont autre qu’Hanna et Jadwiga, se mouvoir et voit la panique le gagner. Il exprime alors ses craintes à ses maîtres qui le rejoignent. Mais ceux-ci se moquent de lui. Stefan lui offre de dormir à sa place dans la chambre, tandis que Maciej dormira aux côtés de Zbigniew.
Resté seul, Stefan voit ses sentiments pour Hanna l’envahir, tandis que le son de l’horloge qui s’anime inexplicablement lui rappelle les temps anciens où son père lui chantait la même mélodie. Ne parvenant pas à dormir, il quitte sa chambre et rencontre son frère, lui aussi éveillé. Ce dernier lui confie penser à Jadwiga. Les deux frères se réjouissent de ne pas ressentir de sentiment pour la même sœur. Ils réaffirment pourtant, sans conviction, leur souhait de rester célibataires. Les deux sœurs, cachées dans les tableaux, unissent leur voix aux leurs. Réveillé par les voix émanant des tableaux, Maciej est chargé par ses maîtres de faire le guet pendant qu’ils inspecteront les lieux pour découvrir qui cherche à leur jouer un tour. A peine ses maîtres partis, Maciej entend le fantôme de l’horloge lui parler. Il s’agit en fait de Damazy, cherchant à faire fuir ses rivaux qu’il pense poltrons. Apeuré, Maciej ferme l’horloge afin que le fantôme ne puisse pas en sortir. Damazy se retrouve coincé. Lorsque Stefan et Zbigniew reviennent, ils cherchent à confondre Damazy. Tentant le tout pour le tout, ce dernier leur explique observer la maison depuis l’horloge et avoir découvert que la construction du manoir a jadis été financée par les revenus d’une trahison. Craignant de perdre leur honneur, les deux frères décident de quitter au plus vite les lieux.
Acte IV
Restée seule, Hanna déplore le vœu de célibat des deux frères : les femmes polonaises prêtes à tous les sacrifices pour la patrie ne retiennent pas leur mari ou leurs fils au moment de partir au combat, mais veillent au contraire à ce qu’ils reviennent avec les honneurs militaires. Damazy lui annonce le départ imminent des deux frères. L’Ecuyer Miecznik en est d’ailleurs furieux : le prétendant décide de quitter les lieux le temps que les frères s’en aillent et que la situation se calme.
Bien que Stefan et Zbigniew ne veuillent pas expliquer la raison de leur départ à l’Ecuyer, Maciej révèle l’histoire racontée par Damazy, afin que ses maîtres ne soient pas accusés d’être lâches et de fuir les fantômes. C’est alors qu’un traîneau transportant musiciens, chanteurs et danseurs déguisés s’approche du manoir pour rendre hommage à l’Ecuyer. Parmi eux se trouve Damazy qui se voit bientôt démasqué et obligé d’avouer ses mensonges. Stefan et Zbigniew demandent les mains des deux sœurs à leur père. Avant d’accepter cette demande, l’Ecuyer raconte la raison pour laquelle le manoir a obtenu la réputation d’être hanté : son grand-père avait neuf filles, toutes plus belles les unes que les autres. Lasses de les voir attirer tous les galants hommes des environs, leurs rivales firent courir cette légende. Les deux couples à présent formés n'espèrent plus que donner la vie à de valeureux enfants qui serviront leur patrie.