Argument
Acte I
Dans une auberge de campagne, la Tenancière présente sa chambre à un Chevalier, Ruprecht. A peine installé, ce dernier entend des cris provenant de la chambre adjacente : Ruprecht se précipite afin de lui porter secours. Seule, une jeune femme, Renata, se bat contre d’invisibles ennemis. Ruprecht récite une prière qui permet à la jeune femme de retrouver son calme (« Zdes’, gospodin rytsar’. Eto lutchshaja komnata »).
L’appelant par son nom sans qu’il se soit présenté, Renata entreprend de narrer son histoire à Ruprecht. Un ange de feu, Madiel, lui est apparu lorsqu’elle avait huit ans, venant ensuite la visiter régulièrement. Il lui annonça un jour qu’elle était destinée à la sainteté : guérissant des malades, elle mena alors une vie ascète. Ayant développé un amour sans réserve pour Madiel, elle s’offrit à lui charnellement lorsqu’elle eut seize ans. Cela contraria Madiel qui disparut et ne revint jamais. Pourtant, il lui promit en songe de revenir la voir sous une forme humaine. Plus tard, elle le reconnu dans un Comte, Heinrich, avec qui elle vécut une liaison passionnée. Ce dernier, pourtant, n’admit jamais être Madiel. Un jour, il disparut à son tour. Depuis, de terribles visions la harcelèrent, tandis qu’elle entreprit de parcourir le monde pour le retrouver (« Mne bylo vosem’ let »).
La Tenancière, alertée par le bruit, paraît et raconte qu’après avoir connu Renata, le Comte Heinrich s’est adonné à de sombres occupations, comme l’alchimie ou la magie. Curieux, Ruprecht décide de rester près de Renata afin de la conquérir. Mais lorsqu’il cherche à l’enlacer, elle se débat et le repousse sans ménagement. Puis, se calmant, elle lui demande de partir avec elle jusqu’à Cologne où elle pressent qu’elle retrouvera Heinrich (« Ejo slova tak stanny, a vid tak nevinen »). La Tenancière revient alors, proposant les services d’une Voyante : à peine cette dernière a-t-elle débuté sa divination qu’elle se jette sur Renata, voyant du sang partout. Ruprecht emmène Renata hors de l’hôtel (« Ne zakhotjat li potchtennye »).
Acte II
A Cologne, dans une chambre, Renata est plongée dans un ouvrage de magie. Ruprecht se plaint de la vie qu’ils mènent là. Un libraire, Jakob Glock, leur apporte de nouveaux livres traitant de magie noire. Ruprecht cherche une nouvelle fois à s’accaparer la tendresse de Renata, mais celle-ci le repousse avec mépris, fidèle à son divin ange (« …iz trjokh magitcheskikh krugov »). Soudain, des coups sont frappés au mur : Renata reconnait l’œuvre des démons qui la poursuivent. Ruprecht parvient à dialoguer avec ces démons qui indiquent que le Comte Heinrich s’approche et s’apprête à entrer dans leur chambre. Exaltée, Renata chasse Ruprecht. Mais le Comte Heinrich ne paraissant pas, Renata s’effondre en pleurs. Ruprecht lui promet de percer les secrets de la magie noire afin de l’aider : à cet instant apparaît soudainement le libraire Glock, qui l’invite à venir rencontrer le mage Agrippa de Nettesheim (« Slyshish’ li ty stuk ? »).
Dans le cabinet d’Agrippa de Nettesheim, Ruprecht cherche à obtenir des informations sur la magie noire. Mais le mage refuse de répondre, prétendant n’y rien connaître. Pourtant, des squelettes que Ruprecht ne peut pas voir s'animent et le traitent de menteur (« Magister doctissile, vy velikij mag »).
Acte III
Devant la maison du Comte Heinrich, Renata pleure, suppliant ce dernier de rouvrir la porte : alors qu’elle l’avait retrouvé, le Comte l’a chassée, lui reprochant d’avoir ruiné ses plus beaux rêves. Brisée et humiliée, elle supplie Ruprecht de le provoquer en duel et de le tuer, lui promettant qu’elle sera alors à lui. Tandis que Ruprecht entre chez Heinrich pour exécuter la volonté de Renata, cette dernière supplie Madiel de lui accorder son pardon pour l’avoir confondu avec Heinrich et s’être donnée à lui. A la fenêtre, Heinrich lui apparaît, ressemblant à un ange de feu. Ruprecht le provoque en duel. Lorsque le Chevalier ressort, Renata est de nouveau persuadée qu’Heinrich n’est autre que Madiel : elle demande à Ruprecht de conserver la vie d’Heinrich, dû-t-il en périr lui-même (« Gentikh, vernis’, vernis’, vernis’ »).
Près du Rhin, Ruprecht gît, gravement blessé. Renata paraît : le témoin du Chevalier lors du duel, Matveï, lui raconte le combat et part chercher un médecin. Renata, vaincue par la force de l’amour de Ruprecht, qui a bravé la mort pour elle, dit l’aimer à son tour et promet de se cloîtrer s’il devait mourir. Mais Ruprecht souffre de délires, se croyant attaqué par des Peaux-Rouges. Matveï revient avec le médecin qui se montre confiant (« Milostivaja dama, on opasno ranen »).
Acte IV
Devant la maison où ils résident, Renata et Ruprecht se disputent : la jeune femme refuse de se laisser tenter par le Chevalier convalescent, et décide de rentrer dans les ordres (« Renata, molju tebja »). Tandis qu’elle s’enfuit, deux hommes s’attablent à la taverne donnant sur la place : Méphistophélès subit une remontrance du Docteur Faust pour avoir terrorisé le serveur qui tardait à les servir. Sous les yeux étonnés de Ruprecht, Méphistophélès, affamé et impatient, dévore finalement le serveur. A la demande de l’aubergiste, il le fait toutefois reparaître dans une poubelle, entier et en vie. Puis, se moquant de la tristesse de Ruprecht, il lui offre de l’égayer, en échange de quoi le Chevalier leur fera découvrir la ville (« Baraniny ! Vina i baraniny »).
Acte V
Dans un couvent, Renata, allongée au sol les bras en croix, est interrogée par la Mère Supérieure : elle dit repousser les esprits maléfiques (« Sestra Renata, verish’ li ty v zlykh dukhov »). L’Inquisiteur paraît alors pour procéder à un exorcisme. Il interroge à son tour Renata qui assure que ses visions l’incitent à une vie chaste et ne peuvent donc provenir du Malin. Tandis que quelques sœurs s’agitent, prises de visions, l’Inquisiteur prononce l’exorcisme. Mais un nombre croissant de religieuses sont prises d’hystérie. Certaines se roulent au sol dans des convulsions, désignant Renata comme complice du démon. Celle-ci réfute avoir pactisé avec le diable. Elle est d’ailleurs défendue par un petit groupe de sœurs. Mais soudain, elle se voit elle-même possédée et prise de convulsions. Tandis que Méphistophélès apparaît, des sœurs prêtent allégeance à Belzébuth. Méphistophélès montre Renata à Ruprecht, mais le retient par la force lorsqu’il cherche à lui porter secours. Renata et les religieuses se jettent sur l’Inquisiteur, l’accusant d’être lui-même un serviteur du diable. Mais la Garde intervient et repousse les sœurs. L’Inquisiteur condamne Renata au bûcher et ordonne qu’elle soit immédiatement conduite au supplice (« Vozljublennye brat’ja i sjostry »).