Argument
Acte I
En 1730, les comédiens de la Comédie Française se préparent à entrer sur scène. Le régisseur, Michonnet, s'affaire pour répondre aux besoins de chacun : La Jouvenot, Poisson, La Dangeville et Quinault. Devant toutes les demandes urgentes, Michonnet perd la tête. Sa fidélité à ce poste si exigent ne tient qu'à son ambition de devenir sociétaire propriétaire. Le Prince de Bouillon et l'Abbé de Chazeuil font alors leur entrée et échangent des compliments avec les quatre comédiens (« Il Principe di Bouillon ... e l'Abate di Chazeuil »). Ils remarquent que la salle est pleine, ce qui s'explique aisément par la présence sur scène dans la même tragédie de deux comédiennes très populaires : La Duclos et Adrienne Lecouvreur.
Adriana fait alors son apparition, préparant son rôle en déclamant des vers. Devant les compliments de chacun, elle assure n'être qu'une humble servante de l'art (« Io son l'umile ancella »), dont le seul ami est le régisseur Michonnet. A ces mots, l'émotion gagne ce dernier. Alors que tout le monde vaque à ses derniers préparatifs, le Prince exige de l'Abbé qu'il intercepte un billet que La Duclos a écrit en hâte dans sa loge peu avant. Resté seul, Michonnet pense à Adriana, dont il est secrètement amoureux depuis cinq ans. Alors que celle-ci paraît, il tente de lui avouer son amour en lui disant envisager de se marier. Elle lui répond qu'elle l'envisage aussi, avec un Chevalier attaché au Comte de Saxe. Celui-ci, Maurizio, apparaît justement. Il déclare ardemment sa flamme. Alors qu'Adriana doit entrer sur scène, elle lui donne un bouquet de violettes et lui promet d'agir pour qu'il obtienne un avancement et lui assure qu'elle ne jouera que pour lui.
Le Prince et l'Abbé reviennent alors. L'Abbé a réussi à soudoyer une habilleuse afin d'obtenir le billet écrit par La Duclos, dont le Prince est l'amant. Ce billet, signé de Constance, le pseudonyme de La Duclos, donne rendez-vous chez cette dernière au destinataire du billet, dont la loge appartient à Maurizio, pour parler d'une haute affaire politique. Le Prince en déduit qu'une liaison unit les deux jeunes gens. Le Prince et l'Abbé ourdissent alors leur vengeance près des oreilles indiscrètes des comédiens : un banquet sera donné en l'honneur de la troupe, au cours duquel Maurizio sera appelé pour partir à la guerre. Les deux amants, se disant adieu, seront surpris et deviendront la risée du Tout-Paris.
De son côté, Michonnet observe la scène depuis les coulisses, ravi de la prestation d'Adriana, mais il est pris de jalousie devant les regards que celle-ci lance à Maurizio. Il court alors chercher un billet que La Jouvenot doit transmettre à Adriana. Arrive alors le Prince qui vient de recevoir le billet de La Duclos (celui qui avait entre temps été intercepté par le Prince). Le rendez-vous qui lui y est donné risquant de lui faire manquer le retour d'Adriana, il intercepte le billet destiné à Adriana et le modifie. Dans la salle, le public acclame Adriana.
Acte II
Chez La Duclos, la Princesse de Bouillon, frémissante, attend Maurizio qui arrive en retard au rendez-vous fixé dans le billet transmis durant la représentation à la Comédie Française. Jalouse, la Princesse le questionne et cherche à savoir qui lui a donné le bouquet de violette qu'il porte à la boutonnière. Il répond qu'il l'a apporté pour elle. Elle lui annonce alors avoir obtenu un avancement mais le met en garde contre les ennemis puissants qui s'accumulent autours de lui. Devant son projet de quitter le pays pour éviter quelque malheur, la Princesse se désespère de l'imaginer loin d'elle, puis comprend qu'il ne l'aime plus. Alors que sa rage grandit devant le refus de Maurizio de lui dévoiler le nom de son nouvel amour, elle doit se cacher pour n'être pas vue de son mari (le Prince) et de l'Abbé, qui arrivent.
Ceux-ci trouvent donc Maurizio seul et se moquent de lui : ils savent qu'il était avec La Duclos, mais ils n'en ont que faire, le Prince étant las de sa relation avec elle. Maurizio comprend le quiproquo. Arrive alors Adriana qui vient plaider la cause de Maurizio devant le Comte de Saxe. Elle découvre alors que ce dernier n'est autre que Maurizio lui-même. Seuls, les deux amants chantent leur amour (« Ma, dunque, è vero ? ») jusqu'à l'arrivée de Michonnet qui vient chercher La Duclos, avec qui il doit parler d'un rôle de manière urgente. L'Abbé indique que La Duclos est cachée dans la chambre. Michonnet va la trouver, malgré la tentative de Maurizio de l'en empêcher. En aparté, ce dernier jure à Adriana qu'il n'avait pas rendez-vous avec La Duclos, mais avec une femme dont son avenir dépend. Il lui fait jurer d'aider cette femme sans que personne ne la voie, elle comprise. Michonnet revient et assure que ce n'est pas La Duclos qui est dans la chambre, sans pour autant savoir qui y est.
Restée seule, Adriana propose à la Princesse de couvrir sa fuite et de lui donner la clef d'une porte dérobée. La Princesse demande qui elle doit remercier, jalouse devant la confiance accordée par Maurizio à cette femme (« Aprite! ... Apritemi, signora ... »). Elle révèle l'amour qu'elle porte à Maurisio et enrage en entendant Adriana jurer que c'est elle-même qui est aimé de Comte de Saxe. Elle fuit tout de même, juste à temps pour éviter le retour du Comte, sans que les deux femmes n'aient découvert leur visage.
Acte III
Le Prince de Bouillon donne une fête dans son palais. Alors que l'Abbé s'affaire pour préparer la réception, la Princesse rumine sa jalousie. Arrive alors Adriana, au bras de Michonnet. La Princesse la reconnait immédiatement, au son de sa voix, comme l'amante de Maurizio (« Io son confusa ... »). Afin d'en avoir le cœur net, elle annonce que Maurizio a été blessé au cours d'un duel. Devant l'émotion provoquée chez Adriana, elle comprend qu'elle ne s'est pas trompée. Maurizio arrive justement. Il demande à la Princesse un entretien après la réception. Adriana, qui l'observe avec jalousie devine alors que la Princesse est la dame qu'elle a aidé plus tôt. Pressé par l'assemblée, Maurizio raconte alors ses exploits guerriers.
Une troupe investit alors un petit théâtre et interprète pour les invités, un chant narrant l'histoire du berger Pâris, qui dut désigner le vainqueur de la pomme d'or offerte par la Discorde à la plus belle des déesses. La Princesse et Adriana se querellent alors, chacune insinuant que l'autre pourrait avoir une liaison avec Maurizio. La Princesse exhibe le bouquet de violette donné par Adriana, et cette dernière sort un bracelet oublié par la Princesse lors de sa fuite de la demeure de La Duclos. Le Prince le reconnait comme étant à sa femme. La princesse réclame une tirade d'Adriana, qui refuse celle d'Ariane abandonnée, mais accepte de déclamer la récrimination de Phèdre, dans laquelle celle-ci s'accuse d'adultère. Devant l'outrage ainsi constitué, la Princesse jure de se venger.
Acte IV
Chez Adriana, Michonnet regarde l'actrice dormir, méditant sur l'amour malheureux qui les anime tous deux. Il rédige une lettre qu'il tend à la femme de chambre, qualifiant l'écrit de remède aux maux d'Adriana. Lorsque celle-ci se réveille, elle se morfond, prise de jalousie vis-à-vis de la Princesse. Michonnet lui donne alors uneDes comédiens viennent alors lui remonter le moral en lui souhaitant son anniversaire. Pour l'occasion, Michonnet lui a d'ailleurs acheté un collier de grande valeur. Alors que les comédiens lui annoncent que La Duclos a quitté le Prince, un coffret lui est apporté de la part de Maurizio. Celui-ci contient le bouquet de violettes offert plus tôt à Maurizio. Les fleurs sont fanées. Leur vue glace les os d'Adriana, qui y voit un outrage de Maurizio qui ne l'aime plus. Elle prend les fleurs et leur adresse un doux reproche (« Poveri fiori »). Michonnet lui avoue alors avoir fait appeler Maurizio, qui doit être en chemin. Justement, sa voix retentit.
Maurizio arrive alors et tente d'expliquer la situation à Adriana qui reste inflexible jusqu'à ce qu'il lui propose de l'épouser. Les deux amants se projettent alors dans un doux rêve d'amour (« No, la mia fronte, che pensier non muta »). Mais soudain, Adriana défaille. Elle attribue sa faiblesse à la joie, puis au bouquet de violettes. Maurizio, surpris, indique n'être pas celui qui le lui a envoyé. Adriana délire et ne reconnait plus son amant. Michonnet accoure et comprend aussitôt que le bouquet est empoisonné et qu'il a été envoyé par la Princesse. Les deux hommes amoureux se lamentent au chevet de la comédienne, qui dans un dernier souffle, appelle au secours, refusant de mourir alors qu'elle vient de recevoir la preuve de l'amour de Maurizio. Elle expire pourtant.