Argument
Acte I
Dans les années 1820, le Condamné, dans son cachot, ne peut s’extraire de la pensée terrifiante de sa mort prochaine. En 2000, une Condamnée vient d’apprendre sa condamnation à la peine capitale et voit sa manière de décrypter le monde changer radicalement dans la seconde (« Autrefois j’étais un homme »).
Le Condamné cherche en vain à relativiser le poids de sa mort prochaine. La Condamnée devise sur l’héritage qu’elle laissera au monde. Tous deux décident d’écrire afin de témoigner de la souffrance psychologique endurée (« Condamné. Eh bien, pourquoi non ? »). Mais ils voient leur volonté d’éviter que leur sort ne s'applique à d’autres heurter leur propre réalité : pourquoi éviter à autrui ce que l’on ne peut empêcher pour soi « Que ce que j’écris ici ») ?
Le Condamné pense à sa mère, sa femme et sa fille, trois innocentes auxquels il ne laissera rien, son héritage couvrant à peine les frais de guillotine laissés à sa charge. La Condamnée, elle, laisse une petite fille (« Je viens de faire mon testament »). Ils observent les inscriptions laissées sur les murs par leurs sanglants prédécesseurs (« Huit pieds carré »).
Le geôlier emmène le Condamné voir les préparatifs du transfert de forçats pour Toulon : devant les souffrances présentes et futures des malheureux, il pense y préférer la mort (« C’est jour de fête dans la prison ? »). La Condamnée, elle, regrette de n’avoir pas saisi l’opportunité de s’évader. A présent, l’espoir a fui les deux condamnés, qui ne peuvent espérer de grâce (« Une idée à me rendre folle »).
La Condamnée reçoit la visite du directeur de la prison, qui lui offre le choix de son dernier repas. Puis, un prêtre l’accompagne dans sa dernière prière (« Bonjour. Excusez-moi de vous déranger »). Le Condamné reçoit de son côté la visite d’un huissier lui annonçant l’exécution de sa condamnation le jour même : le Condamné voudrait fuir mais reste impuissant (« Monsieur, je suis huissier »). L’espoir ayant fui la Condamnée, le calme regagne son esprit (« Je suis calme maintenant »). Les deux condamnés sont emmenés pour marcher vers la mort (« Monsieur, je vous attend »).
Acte II
Quelques heures avant l’exécution, le Condamné est conduit à la Conciergerie. Il y partage un cachot avec un "friauche" (condamné à mort pourvu en cassation), qui lui vole sa redingote. Un combat s’engage, vite interrompu par les geôliers qui emmènent l’impudent (« Qui êtes-vous ? Drôle de demande »). De même, la Condamnée a été transférée vers le couloir de la mort. Elle pense alors à sa fille qu’elle ne reverra pas (« Me voici transférée »).
Depuis le soupirail de son cachot, le Condamné observe les préparatifs et le rassemblement de la foule joyeuse venue assister à son exécution. Devant l’imminence de son supplice, il regrette finalement les galères (« Est-il bien vrai que c’est moi qui vais mourir »). L’aumônier de la prison est introduit, mais le Condamné le rejette, désirant en vain être visité par un prêtre capable d’empathie dont il épousera le dieu, et non par un homme froid vivant des confessions de condamnés (« Mon fils, croyez-vous en Dieu ? »). La Condamnée repense à sa jeunesse brisée. Le prêtre revient, lui proposant d’écrire une lettre d’adieu à sa fille (« Qu’une prison est quelque chose d’infâme »).
Les gardes viennent chercher les deux condamnés. Ces derniers supplient que quelques minutes de plus leur soient accordées, espérant toujours qu’une grâce leur parviendra au dernier moment. Mais, sous les yeux de la foule, ils sont tous deux exécutés (« Il est temps »).