Biographie
Andréa Guiot
Andréa Guiot est une soprano française née à Garons (dans le Gard) en 1928. Ses études au Conservatoire de Paris sont couronnées par des premiers prix de chant et d’opéra. Après des débuts scéniques à Vichy, puis à Strasbourg dans le rôle de Fata Morgana lors de la création française de L'Amour des trois oranges de Prokofiev, elle intègre en 1956 la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux (RTLN) regroupant alors sous une même entité le Palais Garnier et l’Opéra Comique. Elle paraît déjà salle Favart dans le rôle d’Antonia des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, avant d’y chanter Manon, Louise, Mimi, Butterfly, la Comtesse des Noces de Figaro, Micaela, Nedda, etc. À l’Opéra de Paris, elle débute dans le rôle de la Vierge Erigone du Martyre de Saint-Sébastien de Claude Debussy le 23 juin 1957, avant d’aborder Marguerite de Faust et Sainte Marguerite dans Jeanne d'Arc au bûcher d’Arthur Honegger.
Andréa Guiot triomphe dans le rôle de Micaela de Carmen au sein de la fastueuse production de l’ouvrage de Georges Bizet portée sur la scène du Palais Garnier par Raymond Rouleau le 10 novembre 1959 en présence du Président de la République, Charles de Gaulle. Il s’agit de la première représentation lyrique diffusée en direct à la télévision française. À ses côtés, de jeunes interprètes qui vont dûment s’imposer : Jane Rhodes (Carmen), Albert Lance (Don José), Robert Massard (Escamillo), Jane Berbié (Mercédès) avec Roberto Benzi à la baguette. Andréa Guiot sera ensuite Micaela sur toutes les scènes françaises, protagoniste de la 3000ème représentation parisienne de l’ouvrage à Paris en 1960.
Sous la direction musicale de Georges Prêtre, elle enregistre le rôle pour la firme EMI auprès de Maria Callas, Nicolaï Gedda et Robert Massard. Au Palais Garnier, elle interprète Elvire dans le Don Juan de Mozart, Marceline de Fidelio sous la baguette d’Hans Knappertsbusch ou La Princesse et La Chauve-Souris de L'enfant et les sortilèges de Maurice Ravel. En 1962 encore, elle incarne Mireille auprès d’Alain Vanzo pour la 1000ème de l’ouvrage Salle Favart.
Andréa Guiot se produit principalement en France, mais elle va participer en Madame Lidoine à la première au Carnegie Hall de New York des Dialogues des Carmélites (Poulenc), en janvier 1964 avec Denise Duval en Blanche de la Force, puis à Buenos Aires en mai 1965. Le mois de janvier 1968 est à marquer d’une pierre blanche au sein de sa carrière. Elle interprète une bouleversante Liu dans la Turandot de Puccini au Palais Garnier auprès de Birgit Nilsson et James King, au sein de la magnifique production signée Margarita Wallmann & Jacques Dupont, ce sous la direction musicale de Georges Prêtre. En mai 1970, elle ajoute à son répertoire Alice Ford du Falstaff de Verdi auprès des légendaires Tito Gobbi, Fedora Barbieri et Christiane Eda-Pierre, puis en 1972 après Toulouse, Teresa du Benvenuto Cellini d’Hector Berlioz auprès d’Alain Vanzo, José van Dam et Robert Massard.
Durant les années de direction de l’Opéra de Paris par Rolf Liebermann, à partir de 1973, Andréa Guiot interprète Mimi de La Bohème, une Fille Fleur de Parsifal, une Walkyrie tout en continuant à se produire activement en province. Cette grande voix spinto aux aigus radieux, au piani remarquables, parfaitement assise sur toute sa longueur, ne craignait certes pas de se produire dans les espaces découverts comme les Arènes de Cimiez à Nice pour un Don Giovanni réunissant rien moins que Teresa Stich-Randall, Gabriel Bacquier et José van Dam ou le Théâtre Antique d’Orange en Micaela auprès de Grace Bumbry en Carmen en 1962, Juliette l’année suivante, Mireille ensuite. Après un Don Carlos strasbourgeois, Andréa Guiot choisi de se retirer des scènes lyriques à l’âge 50 ans. Enseignante au Conservatoire de Paris, membre de nombreux jurys de concours de chant, elle se place dès lors au service des nouvelles générations d'artistes. Elle décède le 15 février 2021 à Nîmes, laissant de trop rares enregistrements, dont un récital publié dans la collection La Troupe de l’Opéra de Paris par la firme Malibran Music (airs extraits de Mireille, Carmen, Hérodiade, Sigurd, Turandot…).