Etat civil
Biographie
Peter Schreier naît le 29 juillet 1935 à Gauernitz. Son père y est chantre et organiste de la ville et lui enseigne la musique. La famille vit près de Dresde, très riche cité culturelle et artistique dont Peter Schreier rejoint le fameux chœur de garçons de l'église Sainte-Croix (Dresdner Kreuzchor, fondé au XIVe siècle). Enfant, il chante soprano puis rapidement alto soliste. C'est déjà pour lui l'occasion d'effectuer des tournées et des enregistrements, mais également de faire ses "débuts" à l'opéra en garçon dans La Flûte enchantée dès 1944. Lorsqu'à la fin de l'adolescence il fait sa mue, il devient ténor, tessiture dont il sera l'un des meilleurs représentant au XXe siècle. Les deux piliers de son répertoire seront les deux fondations absolues de l'art musical Germanique : le Lieder et l'Oratorio (traditions populaire et religieuse), mais c'est d'abord l'Opéra qui propulse sa carrière.
Le ténor rejoint le Chœur de la Radio de Leipzig en 1954, complète sa formation en chant ainsi qu'en direction de chœur et d'orchestre pendant deux années, le tout pour faire son retour lyrique dans sa ville en rejoignant la troupe à l'Opéra d'État de Dresde en 1959. Ses débuts professionnels y ont lieu en août de cette année, en tant que Premier prisonnier dans Fidelio de Beethoven. Sa position lui offre de nouvelles tournées internationales (jusqu'en Inde et au Mali) et notamment à l'Opéra d'État de Berlin qu'il rejoint ensuite (en 1963) comme premier ténor lyrique. Peter Schreier étant né et s'étant formé en Allemagne de l'Est, l'artiste s'épanouit donc en RDA (République Démocratique Allemande durant la division du pays après-guerre) et chante côté Oriental du rideau de fer. Mais sa renommée lui ouvre également les portes de l'Ouest dans les plus prestigieuses institutions : Festival de Bayreuth (en 1963), Opéra d’État de Vienne (1966), la même année que ses débuts à Londres : au Théâtre Sadler’s Wells en Ferrando (Così fan tutte). Une prestation à ce point acclamée que lorsque Fritz Wunderlich décède, c'est Peter Schreier qui est appelé pour le remplacer en Tamino (La Flûte enchantée) dans le prestigieux Festival de Salzbourg (où il débute ainsi en 1967, avant d'y revenir pendant 25 ans, comme chanteur puis chef). Il confirme sa réputation de Mozartien dans ce même rôle, grâce auquel il franchit l'Atlantique pour débuter au Metropolitan Opera House de New York (1968). Le succès international se poursuit et lui ouvre la même année les portes de la prestigieuse Scala de Milan, toujours pour Mozart avec le rôle d'Idamante (dans Idoménée, roi de Crète). L'année suivante, il franchit de nouveau l'Atlantique pour débuter en Amérique du Sud, en Tamino encore, au Théâtre Colón de Buenos Aires (1969). Trois ans plus tard, sa renommée et sa formation lui permettent de débuter en tant que chef d'orchestre avec la Staatskapelle de Berlin, il guidera notamment les Orchestres Philharmoniques de New York et de Vienne.
Si sa carrière rayonne et se diffuse avec l'art lyrique, c'est dans l'intimité du Lied qu'il sculpte son héritage. Son répertoire va de Mozart à Mahler, du classique au post-romantique donc, mais surtout au cœur du Romantisme avec des versions de référence pour Schubert et Schumann. Dès 1970, Peter Schreier revient dans une autre Institution de Dresde : cette fois en tant que chef d'orchestre, à la Staatskapelle de Dresde (fondée par le prince-électeur de Saxe Maurice le 22 novembre 1548). Il dirige Haydn, Mozart mais surtout Bach dont il chante l'Évangéliste (également pour les plus grands chefs).
En l'An 2000, il fait ses adieux au monde lyrique sur la scène de l'Opéra d'État de Berlin, encore et toujours dans le rôle de Tamino (qu'il interprète pour la 136ème fois). Bouclant la boucle c'est en dirigeant Bach (l'Oratorio de Noël) tout en chantant l'Évangéliste qu'il met fin à sa carrière en 2005. Il se retire près de Dresde (toujours) où il s'éteint 2019 années jour pour jour après la naissance de Jésus qu'il aura si souvent chantée.