Le chef d’orchestre et claveciniste William Christie naît le 19 décembre 1944 à Buffalo dans l’État de New York. Ses parents, architectes de métier sont de fins mélomanes : il apprend le piano et le chant. Ils l’emmènent régulièrement en voyage en Europe, ce qui le familiarise avec la culture du vieux continent. Sa grand-mère lui offre par ailleurs son premier contact avec le baroque français en lui achetant un disque d’œuvres pour orgue de Couperin. Il intègre Harvard pour étudier l’histoire de l’art en 1962. Il part ensuite étudier le clavecin à Yale de 1966 à 1970. Après Yale, il donne des leçons de musique à Dartmouth. Son contrat n’étant pas renouvelé au bout d’un an, il n’est plus exempté d’être conscrit au Vietnam. Étant en profond désaccord avec ce conflit, il se réfugie en France en 1971.

Très vite, il joue dans l’ensemble Five Centuries, qui partage sa passion pour la musique baroque, mais affectionne les compositeurs contemporains tels que Ligeti ou Berio, qui intéressent très peu Christie. En 1976, il passe donc au Concerto Vocale de René Jacobs, totalement dédié à la musique ancienne. À partir de 1977, il devient professeur de musique ancienne au Conservatoire de Paris. Il crée son propre ensemble en 1979, nommé Les Arts Florissants en hommage à l’œuvre éponyme de Marc-Antoine Charpentier, qui est également sa première création lyrique. Le répertoire baroque est alors considéré comme totalement désuet, et n’est jouée que sur des instruments modernes, ce qui en dénature l’esprit. Les Arts Florissants utilisent donc des instruments d’époque, tout en réalisant un vaste travail de recherche pour restaurer des œuvres oubliées. L’Américain relance le baroque français (Lully, Couperin, Rameau, Charpentier), quoiqu’il ne néglige pas d’autres compositeurs tels que Monteverdi, Haendel, Purcell, et même Mozart.

Il fait ses débuts à la salle Favart, alors associée à l’Opéra de Paris en 1984, avec Hippolyte et Aricie de Rameau. C’est d’ailleurs à l’Opéra Comique que les Arts Florissants remportent leur premier succès de taille en 1987, avec une production d’Atys de Lully. Le Festival d’Aix-en-Provence est également une scène importante pour le développement des Arts Florissants : ils y font leurs débuts en 1991 avec Castor et Pollux de Rameau. Parmi les productions importantes des Arts Florissants figurent Médée de Cherubini à l’Opéra national du Rhin en 1993, Le Roi Arthur de Purcell au Châtelet en 1995, année où il obtient la nationalité française. L’une des premières productions des Arts Florissants en dehors de France a lieu au Festival de Glyndebourne, dans une mise en scène par Peter Sellars de l’oratorio Theodora de Haendel en 1996. Alcina de Haendel et Les Indes galantes de Rameau sont présentés au Palais Garnier en 1999. Trois ans plus tard, en 2002, une production du Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi au Festival d’Aix-en-Provence remporte un immense succès. La même année, William Christie est le premier chef invité à diriger l’Orchestre Philharmonique de Berlin, et fonde son école de chant, Le Jardin des Voix.

Plus de trente ans après la fondation des Arts Florissants, le baroque français est désormais repassé au répertoire. En 2010, ce français d’adoption fait ses débuts au Met dans Cosi fan tutte de Mozart. En 2014, il dirige Platée au Théâtre de la Vienne. Puis, il conduit Theodora (Haendel) au Théâtre des Champs-Elysées en 2015, puis effectue une tournée avec la pièce de Molière mise en musique par Lully, Monsieur de Pouceaugnac, qui l'emmène notamment à Versailles, Aix, Madrid et Genève. Le Festival de Glyndebourne l'accueille en 2017 pour diriger Hipermestra de Cavalli. Il se rend ensuite à Londres pour Israël en Égypte de Haendel en version concert. En 2018, il dirige Jephtha (Haendel) avec ses Arts Florissants à Bastille puis mène Ariodante de Haendel à l'Opéra de Vienne, au Liceu et au Théâtre royal de Madrid, puis Semele à Zurich. Il dirige également la mise en scène par Carsen de The Beggar’s Opera (Gay) aux Bouffes du Nord, qu’il fait ensuite tourner dans de nombreuses maisons. En 2019, il entame nouvelle tournée, cette fois avec une version concert de La Fausse jardinière. 

Durant la saison 2020/2021, William Christie sera de retour à l’Opéra Royal de Versailles au mois de novembre pour diriger à nouveau The Beggar’s Opera. Il dirigera ensuite Platée au Théâtre de la Vienne en décembre puis au Liceu de Barcelone en février. Enfin, Versailles l'accueillera de nouveau en juin pour un Magnificat de Bach.