Poétique Boite à joujoux de Debussy pour quatuor de clarinettes au Festival d’Ambronay
Si le Centre culturel de rencontre d’Ambronay est spécialisé dans les musiques anciennes, le Jeune public n’en est pas en reste et plusieurs spectacles spécialement adaptés pour les familles sont proposés lors des week-ends qui rythment son festival. Ce dimanche matin, les plus jeunes ont eu droit à une adaptation poétique de la charmante Boîte à joujoux de Claude Debussy.
Si on ne les rencontre pas beaucoup lors des grands concerts dans la belle abbatiale d’Ambronay, les jeunes enfants se montrent déjà impatients à l’entrée de la salle polyvalente d’Ambronay pour un spectacle spécialement conçu pour eux. Grâce au travail d’arrangement de Philippe Leloup, l’Ensemble None Quartet, quatuor de clarinettes, collaborent avec la comédienne Yoanna Marilleaud et la marionnettiste Marine Garcia Garnier pour interpréter le « ballet pour enfants » La Boîte à joujoux de Claude Debussy.
Le décor est minimaliste : le quatuor entoure la comédienne-récitante à l’imposante robe. Quelques guirlandes de lumières colorées et un croissant de lune doré agrémente l’espace. Car toute l’action se porte autour de cette robe d’où surgissent des marionnettes. Bien que la musique soit arrangée pour clarinettes et que le texte soit récité – et non dansé ou mimé, le respect de l’œuvre originale reste patent et appréciable. Comme le voulait initialement Debussy, ce sont des marionnettes qui sont les interprètes. Les moments de plaisanterie sont évidents tout en ayant un soupçon de poésie, pour le plus grand amusement des plus jeunes, comme de ceux qui les accompagnent.
Bien que souvent simple accompagnateurs et illustrateurs de l’intrigue entre ses deux marionnettes rivales, Polichinelle et le Soldat, qui se disputent l’amour de la belle Poupée, deux des clarinettistes interagissent parfois directement avec la récitante, jusque danser la joyeuse polka finale. Les sons chauds et homogènes des clarinettes apportent une couleur nouvelle et tendre à l’œuvre de Debussy, notamment après la blessure du Soldat. Sous la direction de Magali Parmentier Grillard, depuis sa clarinette piccolo, l’Ensemble None Quartet se montre constamment attentif et précis.
La comédienne-récitante Yoanna Marilleaud maîtrise parfaitement sa prosodie, permettant à chacun de bien la comprendre sans que le rythme du spectacle n’en pâtisse. Elle joue parfois de ses différents timbres de voix pour endosser brièvement d’autres rôles avec malice. La marionnettiste et metteuse en scène Marine Garcia Garnier, cachée sous la robe de la comédienne, ne voit peut-être pas mais elle sait exactement ce qu’elle fait, maniant avec dextérité les peluches ou les deux héros de chiffon. Si les adultes pourraient regretter que ceux-ci ne soient pas plus beaux, on comprend bien que ce sont des références évidentes aux doudous qui, bien qu’extrêmement précieux, ne sont jamais de très beaux objets.
Le spectacle de ce dimanche est un tout petit peu plus long que l’œuvre originale, durant environ 45 minutes au lieu de 30 minutes. C’est peut-être le seul bémol de cet arrangement, souffrant d’un petit moment de longueur au bout de la 30ème minute, justement lorsque l’attention des plus jeunes commence à se perdre. Cela n’empêche en rien les petits spectateurs de ressortir avec un grand sourire et l’idée que, si l’on leur joue un peu de musique, leurs doudous se réveilleront cette nuit pour vivre leurs propres aventures !