Solidarités et Re-Découvertes - "un compositeur ukrainien à l'Opéra-Comique de Paris"
La guerre menée contre le territoire et l'identité de l'Ukraine engendre un regain d'intérêt et de soutien de la part des institutions culturelles et du public envers les artistes du grenier à blé de l'Europe qui nourrit aussi le vieux continent en culture artistique.
"Et tes chansons retombent Aux pianos des hôtels Pendant qu'Odessa s'endort sous le ciel" chantait Francis Cabrel dès 1985 dans la chanson Lisa. Hier soir, Odessa s'endormait dans le noir, ses centrales ayant été frappées par des "drones kamikazes" russes. Mais la lumière de la culture ukrainienne rayonne encore et davantage, portée par des artistes poussés sur les routes de l'exil et accueillis à bras ouverts par des salles solidaires (qui s'ouvrent aussi davantage au répertoire ukrainien du passé).
La Journée Mondiale de l'Opéra du 25 octobre en donnait ainsi, cette année, un exemple éloquent avec la résurrection en OperaVision mondial d'une œuvre emblématique : La Couronne d'Or composée en 1929 par Boris Liatochinski, victime de l'Empire Soviétique (notre article grand format avec la vidéo intégrale).
Ce jeudi 15 décembre à 20h, l'Opéra Comique de Paris accueillera au Foyer Favart un Concert de solidarité proposant de découvrir la musique de Fédir Yakymenko (Théodore Akimenko), compositeur qui fait le lien entre les pays, entre les styles et entre les métiers. En effet, Fédir Yakymenko est né en 1876 dans la banlieue de Kharkiv (l'une de ces villes désormais tristement célèbres), formé à Saint-Pétersbourg, avant de vivre ses 18 dernières années à Nice et Paris.
Ces liens entre les pays se retrouvent dans la manière dont il opère des liens entre les styles, du romantisme au modernisme en passant tout particulièrement par une empreinte impressionniste (notamment rattachée à Debussy), le tout en alliant pratique (au piano ou comme chef de chœur) et théorie (en musique mais aussi avec la Société astronomique de France).
Son œuvre largement méconnue dans ses pays et dans d'autres est notamment défendue par le chef Kyrylo Karabyts, qui a transmis les partitions de ce concert inédit, de la bibliothèque de Paris aux interprètes : le trio Lyatoshynsky (du nom justement du compositeur de La Couronne d'Or).
Ce concert réunira ainsi le Deuxième Trio pour piano de Lyatoshynsky avec des œuvres de Fédir Yakymenko créées en première mondiale : quatre préludes pour piano, trois pièces pour violon et piano, une valse mélancolique, ainsi que des romances pour alto et trio à cordes.
Le tarif du concert est en participation "libre à partir de 30 euros minimums reversés à The Kharkiv Charitable Community Foundation «TOLOKA» qui intervient auprès de la communauté artistique et culturelle de Kharkiv depuis 2016".
De quoi découvrir un compositeur comme récemment Valentin Silvestrov dont le portrait était publié dès le mois d'avril dernier sur Classique mais pas has been, article qui intégrait également la Playlist classique pour la paix en Ukraine, une paix culturelle gagnée à coups de marteaux sur le piano de Svetlana Andreeva, artiste (en exil) pour ses débuts à Paris le moins dernier salle Cortot.
L'Opéra Comique s'inscrit ainsi dans la lignée des institutions culturelles majeures apportant leur soutien à l'art et aux artistes ukrainiens : après entre autres l'Opéra Garnier, Radio France, Limoges, le Met changeant ses distributions, Madrid amodiant même une mise en scène.
"Un beau jour c'est certain tu t'envoleras Lisa, accrochée aux ailes Des oiseaux dissidents", concluait la chanson de Cabrel comme l'espoir d'un pays en paix.