Les Pêcheurs de Perles : une mise en scène de qualité et une Leïla parfaite !
Les Pêcheurs de Perles - Saint-Céré le 04/08/2019
Très belle réalisation
C’est toujours un bonheur de retrouver cet opéra, la musique est tellement belle…
Le défi pour le metteur en scène est de trouver l’idée qui fera oublier la fadeur du livret et dans cet exercice, Eric Perez s’en est très bien sorti. Acceptons donc sa vision d’un amour consommé entre Nadir et Zurga, car si la chose peut paraître choquante, à la lecture du texte du livret, il est tout à fait possible de se laisser emporter par cette idée.
Avec un décor unique, les artistes paraissent sortir d’un livre racontant une histoire fantastique, les jeux de lumières et les images projetées sur un fond blanc donnent un aspect visuel très homogène et l’idée que nous assistons à un rêve est très compréhensible. Un grand bravo donc pour cette très belle réalisation.
Serenad Uyar remporte la mise haut la main
Au niveau des solistes, nous noterons l’écrasante domination de Serenad Uyar, qui surmonte sans problème une acoustique lourde et sèche pour les chanteurs et un orchestre souvent trop fort. Sa voix puissante et sa technique vocale sans failles lui permettent tour à tour de prendre le dessus sur ses partenaires et l’orchestre, puis dans la foulée, faire des pianissimi de toutes beautés démontrant ainsi une musicalité exceptionnelle. Sa Leïla apparaît donc à la fois forte et fragile, c’est beau et touchant, sa compréhension de la musique Française est totale et sa prononciation dans notre langue est plus que remarquable.
Mark van Arsdale en Nadir dispose d’un timbre de voix très particulier. C’est exactement ce type de voix que l’on attend dans ce rôle. S’il manque un peu de puissance lorsqu’il monte dans une tessiture plus aigüe, sa grande maitrise lui permet de surmonter avec brio ce rôle extrêmement difficile vocalement. C’est parfait au niveau du style et scéniquement, son air est particulièrement bien réussi, la diction est un peu lourde et peu compréhensible, mais ce n’est pas ce qu’on retient de cette belle performance.
Paul Jadach est un Zurga convaincant, plus au niveau scénique que vocalement. En effet, si son jeu de scène est complètement en osmose avec ses partenaires, il ne possède pas le timbre du rôle et sa technique vocale ne lui permet pas d’être homogène sur toute la tessiture. Soulignons une diction très compréhensible malgré un fort accent tout à fait pardonnable.
Pour terminer sur les solistes, Jean-Loup Pagesy campe un Nourabad de qualité. Quelle belle voix… et quelle présence scénique ! Il est dommage que le rôle ne soit pas plus présent, nous aurions aimé le voir et l’entendre plus. Un grand bravo à lui aussi.
L’orchestre dirigé par Gaspard Brécourt est trop souvent sur une seule couleur et l’harmonie joue beaucoup trop fort. Il faudrait peut-être en parler au chef, qui par ailleurs fait du très bon travail et aimerait certainement mieux servir les artistes sur scène.
Bravo également aux choeurs qui ont fait preuve d’une belle énergie vocale et scénique.
Pour conclure donc une très belle soirée de qualité, cette production sera reprise à Clermont-Ferrand en octobre prochain, allez-y… vous ne serez pas déçu.
Jacques Sarant
Photo : © Sabine Hayman