Argument
Acte I
Dans un faubourg de Palerme, devant l’auberge de Danieli, un grand tumulte s’élève : les hommes de main du Gouverneur Friedrich, menés par Brighella, mettent à sac les débits de boisson et font des prisonniers, parmi lesquels Danieli, son aide Pontio Pilato et la belle Dorella. Le peuple, parmi lesquels trois amis, Luzio, Antonio et Angelo, tentent de les arrêter. Dorella promet à Luzio, son amant, qu’elle l’épousera s’il parvient à la libérer (« Ihr Galgenvögel, haltet ein »). Brighela lit le décret de Friedrich interdisant les plaisirs parmi lesquels l’amour, l’alcool et le carnaval. Les trois compères se moquent de lui, jusqu’à ce que soit apporté leur ami Claudio, condamné à mort pour un amour hors mariage avec la jeune Julia : il demande à Luzio d’aller réclamer l’aide de sa sœur, Isabella, qui a voué sa vie à la prière en tant que novice au couvent Sainte-Elisabeth (« Wen bringt man dort ? Seht hin ! »).
Au couvent, Isabella, la sœur de Claudio, console son amie Mariana qui a trouvé refuge dans la prière après avoir été rejetée par son mari qu’elle continue à aimer passionnément. Ce dernier n’est autre que le Gouverneur Friedrich, qui l’a secrètement épousée après son arrivée en Sicile (« Salve regina coeli ! Salve ! »). Paraît alors Luzio qui explique à Isabella les problèmes de son frère. Celle-ci accepte de le suivre, malgré l’ardeur amoureuse qui dévore le jeune homme (« Es ist ein Mann. Verweilt ! »).
Au tribunal, Brighella attend l’arrivée de Friedrich. Impatient, il décide de mener seul les premiers interrogatoires. Pontio Pilato, le serviteur de l’aubergiste Danieli, lui est amené. Prêt à le crucifier pour le nom qu’il porte, il le condamne finalement à l’exil pour avoir fait commerce d’alcool et avoir divorcé (« Wie lang er bleibt ! »). C’est alors au tour de Dorella de comparaître. Mais en quelques mots, la belle parvient à séduire son juge et obtient sa libération (« Aha ! Du bist's ! Nur näher 'ran »). Le peuple force alors l’entrée du bâtiment au moment où Friedrich paraît. Houspillant Brighella pour avoir outrepassé ses fonctions, il reprend la tête du tribunal. Antonio, l'ami de Luzio, lui présente alors une pétition demandant l’abolition du décret, mais le Gouverneur le dédaigne (« Macht auf, macht auf ! »). Le procès de Claudio démarre alors. Tandis que Friedrich se montre inflexible, Isabella parait et demande à lui parler. Une fois seuls, la novice plaide pour son frère et parvient à séduire le Gouverneur. Ce dernier lui propose de libérer son frère en échange de ses faveurs. Isabella décide d’utiliser la ruse pour prendre le Gouverneur à son propre piège et feint d’accepter sa proposition (« Ha, ihr seid Claudio ! Ich kenne euch »).
Acte II
Dans la prison, Claudio attend Isabella, fébrile. Cette dernière paraît, conduite par Pontio Pilato qui s’est mué en geôlier. Testant la piété de son frère, Isabella explique le marché proposé par Friedrich. A son grand bonheur, Claudio, enflammé, lui annonce préférer mourir que de compromettre l’honneur de sa sœur. Mais il revient aussitôt sur cette promesse et demande à Isabella de céder au Gouverneur (« Wo Isabella bleibt »). Furieuse, Isabella décide de le punir en lui laissant croire qu’elle ne le sauvera pas. Elle écrit à Friedrich pour lui proposer de la retrouver au Carnaval qu’il a lui-même interdit, l’obligeant ainsi à violer sa propre loi. Profitant des masques, elle entend s’y faire remplacer par Mariana, dévoilant ainsi aux yeux de tous l’hypocrisie du Gouverneur (« So sei's ! Für seinen feigen Wankelmut »). Elle confie sa lettre à Dorella et la charge de la distribuer. Arrive alors Luzio. Son nouvel amour pour Isabella lui ayant fait oublier ses serments à Dorella, cette dernière lui reproche son infidélité, bientôt rejointe par Isabella elle-même, qui teste ainsi la sincérité de ses sentiments. Cette dernière lui apprenant les intentions de Friedrich, Luzio déclare préférer mourir que d'accepter le déshonneur de celle qu’il aime. Isabella peine à cacher à quel point l’amour que lui porte Luzio la ravie (« Wie glücklich, schöne Isabella, bin ich »).
De son côté Friedrich attend avec fébrilité de recevoir la lettre par laquelle Isabella doit lui indiquer leur lieu de rendez-vous. Lorsqu’il la reçoit, il s’inquiète de devoir se déguiser. Il décide finalement d’accéder à la demande d’Isabella, mais refuse de libérer son frère. Il rédige l’acte de condamnation à mort de Claudio, prêt à subir lui-même le supplice avoir goûté au délice avec Isabella (« So spät, und noch kein Brief von Isabella »). Non loin, Dorella, qui était venue transmettre la lettre, propose à Brighella de le retrouver au Carnaval, à condition que ce dernier y vienne masqué.
Le soir venu, le peuple de Palerme se rassemble, déguisé (« So recht, ihr wackern jungen Leute ! »). Luzio les rejoint et leur chante une chanson de Carnaval (« Ihr junges Volk, macht euch heran »). Alors que Brighella approche, Luzio recommande à tous de se disperser. Isabella et Mariana arrivent alors sur les lieux. Cette dernière ne peut cacher son impatience (« Welch wunderbar' Erwarten »). Friedrich, déguisé, arrive également. Luzio l’ayant reconnu se joue de lui (« Hier soll sie sein »). Puis, alors que Friedrich rejoint Mariana, Dorella apparaît, réclamant des caresses à Luzio. Brighella, les apercevant, voit la jalousie s’emparer de lui, tandis qu’Isabella, qui les observe également, jubile en constatant la fidélité que lui voue Luzio (« Wohin so eilig ? Aus dem Weg ! »). Pontio Pilato communique à Isabella l’ordonnance de Friedrich qu’il a interceptée. Y découvrant un ordre d’exécution, elle ameute le peuple de Palerme, lui livrant Friedrich masqué, dans les bras de Mariana. Tandis que le Gouverneur réclame d’être jugé selon ses propres lois, l’assemblée s’accorde pour brûler plutôt la loi hypocrite. Brighella est à son tour découvert, masqué et dans les bras de Dorella. Claudio est libéré, tandis que sa sœur accepte d’épouser Luzio. Le peuple célèbre le nouveau règne du plaisir et de l’amour (« Signora Isabella, he ! »).