Argument
Acte I
Depuis le salon du château de Barbe-Bleue, les cris de la foule se font entendre. Se pressant autour du carrosse d’Ariane, la nouvelle épouse du châtelain, les villageois cherchent en vain à l’alerter sur le sort fatal qui l’attend : les cinq premières femmes de Barbe-Bleue sont mortes dans des conditions mystérieuses (« A mort ! à mort ! »). Ariane et sa Nourrice entrent dans la pièce. Cette dernière cherche également à prévenir sa maîtresse du danger qui les guette, et la presse de fuir. Mais Ariane est convaincue que les cinq premières femmes ne sont pas mortes et est décidée à percer le mystère les entourant. Barbe-Bleue lui a confié sept clés : six d’argent qu’elle peut utiliser, et une en or dont l'usage est en revanche interdit. Seule cette dernière paraît intéressante à Ariane (« Où sommes-nous ? Ecoutez, on murmure »).
Mais espérant trouver des trésors derrière les portes, la nourrice se saisit des clés d’argent et entreprend d’ouvrir la première porte : un amoncellement gigantesque d’améthystes s’écoule alors de la salle (« Quelle clef ouvrira la première ? »). Ravies, les deux femmes se précipitent sur la deuxième porte, qui découvre une montagne de saphirs. Ouvertes tour à tour, la troisième salle renferme des perles et la quatrième des émeraudes. La cinquième regorge de rubis, dont la couleur rouge sang effraye la Nourrice. C’est donc avec appréhension qu’elle ouvre la dernière porte autorisée : les yeux des deux femmes sont éblouis par les reflets de milliers de diamants précieux (« Ouvre la seconde porte »). Ariane se laisse subjuguer par la beauté de ce trésor (« O mes clairs diamants ! »). Derrière l’amoncellement de diamants se dévoile la septième porte, la porte dorée et interdite. Malgré les craintes de la Nourrice qui se cache, Ariane insère la clef d’or dans la serrure dorée (« Mais que vois-je, Nourrice ? »). Les voix des cinq précédentes femmes de Barbe-Bleue se font entendre depuis les profondeurs, chantant leur errance (« Les cinq filles d'Orlamonde »). Barbe-Bleue apparaît alors, déçu de voir qu’Ariane a cédé elle aussi. Il cherche à l’emmener avec lui mais la jeune femme se débat. La Nourrice ouvre alors la porte du château et des paysans furieux entrent pour délivrer Ariane des mains de son bourreau. Mais celle-ci exonère son mari (« Vous aussi... Moi surtout »).
Acte II
Ariane et sa Nourrice descendent dans les sous-sols du château et y découvrent les cinq précédentes femmes de Barbe-Bleue, vivantes mais captives. Mais ces dernières, apeurées, fuient Ariane qui leur offre pourtant son aide (« Ecoutez ! La porte se referme »). L’une d’elle, Sélysette, s’approche finalement. Ariane les interroge tour à tour, leur promettant la délivrance. Petit à petit, Ygraine, Mélisande, Bellangère et Alladine se dévoilent à elle (« Ah ! Je vous ai trouvées ! »). Mais soudain, l’humidité de la grotte éteint la lampe d’Ariane, plongeant de nouveau les femmes dans les ténèbres. Ariane, apercevant une lueur, cherche à en déterminer l’origine et découvre une gigantesque porte fermée par des verrous. Malgré la terreur des autres femmes qui imaginent les flots de l’autre côté, Ariane l’ouvre et dévoile un accès vers l’extérieur (« Où êtes-vous ? Ici, prenez ma main »). Les jeunes femmes s’extasient en redécouvrant le monde (« Je vois la mer ! Et moi je vois le ciel ! »).
Acte III
Dans la salle principale du château, les jeunes se parent des bijoux que renferment les différentes pièces adjacentes. Leur fuite a en effet été interrompue par des sortilèges qui ont levé les ponts et élevé le niveau des eaux. Malgré tout, Ariane reste convaincue que l’heure de leur liberté est proche (« Nous n'avons pu sortir du château »). Mais soudain, la Nourrice annonce le retour du maître des lieux. Mais les paysans l’attendent, prêts à se révolter. En effet, ces derniers mettent les gardes en déroute et capturent Barbe-Bleue, puis se dirigent vers le château (« Il revient ! Il est là ! »). Les paysans l’apportent aux six femmes afin qu’elles puissent se venger. Mais aussitôt, les épouses de Barbe-Bleue se précipitent pour soigner ses blessures. Ariane lui défait ses liens, puis se dirige vers la porte avec sa Nourrice (« Madame?... On peut entrer?... »). Se tournant tour à tour vers chacune des autres femmes, elle leur propose de fuir avec elle. Mais toutes refusent, préférant rester auprès de Barbe-Bleue (« Ariane !... Ariane !... Où vas-tu ? »).