Moïse

Tessiture

Baryton

Description du personnage

Prophète, frère d'Aaron

Analyse du personnage

Élu par Dieu, Moïse devient le réceptacle de la parole divine dans la scène du buisson ardent, mais il sent déjà qu'il ne peut accomplir la mission qui lui est assignée. Sa force réside dans la pensée, et non dans le Verbe : ainsi, le rôle de Moïse est en grande partie parlé, dans une écriture Sprechgesang que Schönberg a déjà employée dans d'autres œuvres (les Gurrelieder de 1900-1913, mais surtout dans son cycle de mélodies du Pierrot lunaire de 1912). A une seule exception, Moïse chante dans la scène 2 de l'acte I, sur la phrase « Reinige deine Denken, lös es von Wertlosem, weihe es Wahrem » (« Purifie ta pensée, détache-la de la futilité »), pour convaincre son frère en employant le même mode de communication que lui, à savoir le chant. Lorsqu'il est face aux hébreux, ce n'est pas lui qui accomplit les miracles et Moïse est souvent en retrait, comme l'indique le compositeur dans de nombreuses didascalies, ce qui n'empêche pas le peuple de l'acclamer à travers son frère Aaron (« Si Aaron est le serviteur de ce Moïse, et Moïse le serviteur de son dieu, par le bâton que son dieu lui a donné, Moïse est plus grand qu'Aaron, et ce doit être un dieu puissant capable de faire plier les forts ! »). Mais à l'acte II, la situation se retourne quand Moïse, ayant enfin reçu les Tables de la loi, retrouve un peuple hébreu en pleine orgie : sa colère fait disparaître le Veau d'or (par sa parole, son seul prodige dans l'opéra). Il casse alors les tables lorsqu'Aaron lui fait remarquer qu'elles sont elles aussi des images. Moïse se consacre entièrement à son idée (« J'aime mon idée et je vis pour elle ! ») qu'il veut pure, préservée de toute icone, mais c'est sur le constat de son échec (« Ô verbe, verbe qui me manques ! ») que la musique de l'opéra s'achève. À l'acte III, Moïse se rend à la prison d'Aaron, et énonce avec sagesse que les paroles adressées au peuple sont forcément amenées à être interprétées et donc trahies. Puis il s'adresse au peuple pour qu'il ne reproduise plus les mêmes erreurs que son frère lorsqu'ils poursuivront leur but, c'est-à-dire « se battre pour l'idée de Dieu ».